communiqua à T yfon, par une lettre, les obfervations
qu il avoit faites fur le mâle. Les autres Auteurs , &
fur-tout les Nom en dateurs ont ici, comme par-tout
ailleurs, multiplié les êtres fans néceffité , & ils font
tombés dans plulieurs erreurs que nous ne pouvons
nous dilpenfer de relever.
Notre farigue, ou li l’on veut l’opolTum de, T yfon,
eft le même animal que le grand philandre oriental de
Seba, vol. 1, pag. p l. x x x i x ; l’on n’en fauroit
douter, puifque de tous les animaux dont Seba donne
les figures & auxquels il applique le nom de Philandre ,
d ’OpojJum ou de Carigueya, celui-ci eft le feul qui ait
les deux caraélères de la bourfe fous le ventre & des
pouces de derrière fans ongles. D e même l’on ne peut
douter que notre langue, qui eft le même que le grand
philandre oriental de Seba, ne foit un animal naturel
aux climats chauds du nouveau monde , car les deux
farigues que nous avons au Cabinet du Roi nous font
venus d’Amérique ; celui que Tyfon a difiequé lui avoit
été envoyé de Virginie. M. de Chanvallon, Correlpon-
dant de l’Académie des Sciences à la Martinique, qui
nous a donné un jeune iârigue, a reconnu les deux
autres pour des vrais farigues ou opoflums de l’Amérique.
Tous les Voyageurs s’accordent à dire que cet
animal fe trouve au Brefil, à la Nouvelle-Efpagne, à la
Virginie, aux Antilles, &c. & aucun ne dît en avoir vû
aux Indes orientales; ainfi Seba s’eft trompé larfqu’il l’a
appelé Philandre oriental, puifqu’on ne le trouve que,
du S a r i g u e ou Opossum. 285
dans les Indes occidentales ; il dit que ce philandre lui
a été envoyé d’Amboine fous le nom de Coes-coes avec
d’autres curiofités , mais il convient en même temps
qu’il avoit été apporté à Amboine d ’autres pays plus
éloignés“. Cela feul fuffiroit pour rendre fufpecte la
dénomination de philandre oriental, car il eft très-poffïble
que les Voyageurs aient tranfporté cet animal fingulier
de l’Amérique aux Indes orientales, mais rien ne prouve
qu’il foit naturel au climat d’A m boine, & le paflàge
même de Seba , que nous venons de citer, femble
indiquer le contraire. La fource de cette erreur de fait,
& même celle du nom Coes-coes, fe trouve dans Pifon,
qui d itb qu’aux Indes orientales, mais à Amboine feulement
, on trouve un animal femblable au farigue du
Brefil, & qu’on lui donne le nom de Cous-cous: Pifon
ne cite fur cela ni autorité ni garants ; il ferait bien
étrange, fi le fait étoit vrai, que Pifon afiurant pofitive-
ment que cet animal ne fe trouve qu a Amboine dans
toutes les Indes1 orientales, Seba dit au contraire que
celui qui lui a été envoyé d’Amboine n en étoit pas
natif, mais y avoit été apporté de pays plus éloignés.
“ Philander maximus orientalis fcemina. Inter alla r'ariora & hocci
animal nobis ex Amboinâ miffum e jl, fub nomme Coes-coes , eb quidem
delatum E X O R I S r e m O T I O R I B U S . Seba, vol. I , page 64.
t In Indiis orientalibus, I D Q U E SO LUM, QU A N T Ù M h a c t e n u s
C O N S T A T , I N A m b o i n â fimilts bejlia frequens, ad felis magnitu-
dinem accedens ; mattata ab incolis corneditur, f i rite præparetur, nam
aliàsfcetet. Nomen W Cous-cous inditum. Pifon, H ijl. natur. BrafiL
psg. 323.