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François Pyrard 1 en ont parlé plus précifément , &
Oliger Jacobeusb en a donné une courte defcription
avec la figure ; enfin l’on en trouve des defcriptions de
des figures bien faites dans Seba & dans Edwards,
iefquelles s’accordent avec les nôtres.
L e s rouffettes font des animaux carnaftiers, voraces
& qui mangent de tout ; car lorfque la chair ou le poif-
fon leur manque , elles fe nourri fient de végétaux & de
fruits de toute e fp è c e c ; elles boivent le fuc des palmiers,
des arbres; que lui-même en avoit pris une dans cet état, & que
l’ayant attachée avec des clous à une muraille , elle rongea les clous &
les arrondit avec lès dents comme fi on les eût limés ; il dit.auffi que
fon muleau reffembioit à celui d’un renard.
’ On voit dans i’ille de Saint-Laurent & aux Maldives des chauve-
fouris plus grolïès que des corbeaux. Voyage de Pyrard. Paris, 1 6 1y,
tome I , pages y S & i y 2. — Les chauve-fouris voient en plein jour
dans le Malabar ; elles font groflès comme dès chats, & on les mangé
fins répugnance. Extrait de la Relation des Adijjions du Tranguebar.
Bibliothèque raiforinée, tome X X X I I , page 194.
1 II y a deux de ces chauve-fouris dans le Muféum regium Hafftiiæ,
1 6y 6, pag. 12 , Tab. y , fig . y . Il dit que chacune de ces chàuvë-
louris étoierit grandes 'domme un gros Corbeau ; qu’elles aVOient, dé
la tête en bas, un pied de longueur ; que le membre génital aVoit deux
pouces de long: & il ajoute , d’après Linfcot, que les Indiens les
mangent & les trouvent aulfi bonnes qüe dés perdrix.
c Aux ifies Manilles on voit fur les arbres unè infinité de grandes
chauve-fouris qdi pendent attachées les unes aux autres fur les arbres,
& qüi 'prennent leur vol à l’entrée de la nuit pour aller chercher leur
nourriture 'dans des bois fort "éloignés : ' elles 'volent quelquefois en fi
grand nombre & fi fèlïéés qu’elles' ohlcurcilîènt l’air de leuis grandes niles,
de la Roussette, de la R o u cette, ère. 63
& il eft aifé de les enivrer & de les prendre en mettant
à portée de leur retraite des vafes remplis d’eau de
palmier ou de quelqu’autre liqueur fermentée; elles s’attachent
de fe fùfpendent aux arbres avec leurs ongles ;
elles vont ordinairement en troupe, & plus la nuit que
le jour ; elles fuient les lieux trop fréquentés de demeurent
dans des déferts, fur-tout dans les ifles inhabitées.
Elles fe portent au coït avec ardeur ; le foxe dans
le mâle eft très-apparent; la verge n’eft point engagée
dans un fourreau comme celle des quadrupèdes, elle
eft hors du corps à peu près comme dans l’homme de
le finge * ; le fexe des femelles eft auftî fort apparent
elles n’ont que deux mamelles placées fur la poitrine,
& ne produifent qu’en petit nom bre, mais plus d’une
fois par an. La chair de ces animaux, fur-tout lorfqu’ils
font jeunes, n’eft pas mauvaife à manger, les Indiens la
•trouvent bonne, & ils en comparent le goût à celui de
la perdrix ou du lapin.
qui ont quelquefois fix palmes détendue : elfes lèvent diieemer., dans J’é-
pailîèur des bois , les arbres dont les fruits font mûrs ; elles les dévorent
pendant toute la nuit avec un bruit qui le fiit entendre de deux milles,.
& vers le jour .elles .retournent vers leurs retraites. Les Indiens qui
voient manger leurs meilleurs fruits par ues animaux leur font la guerre,
non Seulement . pour lè venger , mais pour fe nourrir de leur chair à
laquelle ils prétendent trouvêr le goût du lapin. Hijloire générale des
Voyages, par A l. l’Abbé Prevojl, tome X , page y 8y .
* In hoc animali uterque fexus dignofeebatur : nam eorum dliquot qui mihi
tonjpeâi faut fat\s longum exertumque penem habebant quales fere fimia-
rum ejt. Carol. Clufii. Exotic. Rapbelingiæ, 1605, tom. I I , pag. 5)4,.