io H i s t o i r e Na t u r e l l e
affomment ou prennent tous ceux qui n’ont pas eu le
temps de gagner les galeries foûterraines qu’ils fe font
pratiquées & qui leur fervent de derniers retranchemens
o ù on les fuit e n c o r e , car leur peau eft précieufe &
leur chair n’eft pas mauvaife à manger. Ceux qui échappent
à la main du C h a ffe u r , quittent leur habitation à
peu près dans ce temp s ; ils font errans pendant l ’é té ,
mais toujours deux à d e u x , car c eft le temps des
amours : ils vivent d’herbes & fe nourrilfent largement
des produirions nouvelles que leur offre la furface de
la terre ; la membrane adipeufe s’é ten d , s’augmente, fe
remplit par la fur-abondance de cette bonne nourriture ;
les follicule s fe ren ou ve llent, fe rempliffent auffi ; les
parties de la génération fe dérident , fe gonflent; &
c ’efl alors que ces animaux prennent une odeur de
mufe fi forte qu’elle n’efl pas fiipportable ; cette odeur
fe fait fentir de loin , & quoique fuave * pour les
* Le rat mufque' de [’Amérique fêptentrionale eft un peu plus gros
& un peu plus long que le rat d’eau de France ; ïon élément eft l’eau,
Jnais il ne laifîê pas d’aller quelquefois à terre : il a la queue plate,
elle eft de huit ou dix pouces de long, de la largeur d’un doigt,
couverte de petites écailles noires; la peauroufïè, couleur de-minime-
brun , le poil en eft fort fin, allez long : il porte des -rognons proche
les tefticules qui ont l’odeur de mule très-agréable, & n’eft point incommode
à tous ceux à qui le mule donne des incommodités. Si on
les tue l’hiver, pendant que la peau eft bonne pour fourrer, les rognons
ne Tentent rien ; au printemps ils commencent à prendre leur lenteur qui
dure jufqu’à l’automne...........Pour la chair elle n’a point le goût de
mule, elle eft excellente à manger. Defcription de l ’Amérique fepten-
trlondle, par Denys. Paris, 1 6 7 2 , tome I I , page 2 y S, — Les rats
DE L 'O N D A T RA du D E SM A N . i l
Eu ro p éen s, elle déplaît fi fort aux Sauvages qu’ils ont
appelé puante une rivière fur les bords de laquelle habitent
en grand nombre ces rats mufqués qu’ils appellent
aufîi Rats puants.
Ils produifent une fois par an, & cinq ou fix petits à la
fois ; îa durée de la geflation n’efl pas longue , puifqu’ils
n’entrent en amour qu’au commencement de l ’é t é , &
que les petits font déjà grands au mois d ’octobre lorfqu’il
faut fuivre leurs père & mère dans la cabane qu’ ils conf-
truifent de nouveau tous les ans ; car on a remarque
qu’ils ne reviennent point à leurs anciennes habitations.
Leur voix eft une efpèce de gémiffement que les
Chaffeurs imitent pour les piper & pour les Lire approcher
: leurs dents de devant font fi fortes <Sc fi propres
à ronger, que quand on enferme un de ces animaux
dans une caiffe de bois d u r , il y fait en très - peu de
temps un trou affez grand pour en fortir ; & c ’eft encore
une de ces facultés naturelles qu’ il a commune avec le
caftor, que nous n avons pû garder enfermé qu’en doublant
de fe r -blan c la porte de fà loge. L ’ondatra ne
nage ni auffi vite ni auffi lo n g - tem p s que le caftor; il
va plus fouvent à terre, il ne court pas bien & marche
mulqués de Canada répandent une odeur admirable ; la civette & la
gazelle n’exhalent rien de fi fort ni de fi doux. Voyage de la Hontan.
L a Haye, 1 70 6", tome I , page p y . — Les Sauvages de l’Amérique
n’aiment point l’odeur que répand le rat mulqué, ils lui ont même
donné le nom de Puant tant cette odeur leur déplaît. Alémoircs de.
' Académie royale des Sciences, année 1 7 2 y , page 327 .
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