jour : ils font bien plus petits lorfqu’iis naiffent ; certains
Voyageurs difent qu’ils ne font pas plus gros que des mouches
au moment de leur naiflânce *,«c’efl-à-dire, quand ils
fortent de la matrice pour entrer dans la poche & s’attacher
aux mamelles. Ce fait n’efl pas aufli exagéré qu’on pourrait
l’imaginer, car nous avons vu nous-m êm es, dans un
animal dont l’efpèce efl voifine de celle du fàrigue, des
petits attachés à la mamelle qui n’étoient pas plus gros
que des fèves, & l’on peut préfumer avec beaucoup de
vrai-femblançe, que dans ces animaux la matrice n’efl,
pour ainfi dire, que le lieu de la conception, de la formation
& du premier développement du foetus, dont
l’exclufion étant plus précoce que dans les autres quadrupèdes,
l’accroiffement s’achève dans la bourfe où ils
entrent, au moment de leur naifiànce prématurée. Per-
fonne n’a obfervé la durée de la geflation de ces animaux,
movebantur ; quilîbet catulus duos digitos erat longus, & c. Marcgrave,
H iß. Braß pag. 2 2 2 . — Ifs ont un tac fous le ventre dans lequel ifs
portent leurs petits, qui font parfois fix ou tèpt d’une ventrée. Defcfipt,
du nouveau monde, par de La'ét, page 4 S j ,
* La femelle du Poflum a un double ventre, ou piuftôt mie membrane
pendante qui fui couvre tout le ventre, fans y être attachée, & dont
<5n plut regarder l’intérieur forfqu'eife a une fois porté des petits. Au
derrière de cette membrane if y a une ouverture où l’on peut paflèr
ia main, fi 011 ne f’a pas groflè. C ’eft ici où les petits fè retirent, foit
pour éviter quelque danger, foit pour teter ou pour dormir. Ifs vivent
de cette manière jufqu’à ce qu’ils foient en état de chercher pâture d eux-:
mêmes....... J ’ai vû moi-même de ces petits attachés à fa tétine forfqu’ifs
n’étoient pas plus gros qu’une mouche, & qui ne s’en détachoient qu’après
avoir atteint la grolleur d’une fouris. H iß. de la Virginie, page 2 2 Q.
<jue
du Sar igu e ou Opossum. 303
que nous préfumons être beaucoup plus courte que dans
les autres; & comme c’efl un exemple fmguiier dans la
Nature que cette exclufion précoce, nous exhortons
ceux qui font à portée de voir des farigues vivans dans
leur pays natal, de tâcher de favoir combien les femelles
portent de temps, & combien de temps encore après la
naiffance les petits refient attachés à la mamelle avant
que de s’en féparer ; cette obfervation, curieufe par elle-
même, pourrait devenir utile, en nous indiquant peut-
être quelque moyen de conferver la vie aux enfans venus
avant le terme.
Les petits farigues refient donc attachés & comme
collés aux mamelles de la mère pendant le premier âge
& jufqu’à ce qu’ils aient pris affez de force & d’accroif-
fement pour fe mouvoir aifément. C e fait n’efl pas
douteux, il n’efl pas même particulier à cette feule
efpèce; puifque nous avons vû, comme je viens de le
dire, des petits ainfi attachés aux mamelles dans une
autre efpèce, que nous appellerons la Marmofe, & de
laquelle nous parlerons bien - tôt. O r cette femelle
marmofe n’a pas, comme la femelle farigue, une poche
fous le ventre où les petits puiffent fe cacher; ce n’efl
donc pas de la commodité ou du fecours que la poche
prête aux petits que dépend uniquement l’effet de la
longue adhérence aux mamelles, non plus que celui de
leur accroiffement dans cette fituation immobile: je fais
cette remarque afin de prévenir les conjectures que l’on
pourrait faire fur l’ufage.de la poche,.en la regardant
Tome X. Q q