en procurer un feul individu, mais on peut voir dans
Seba la figure & la defcription de cet animal, dont le
nez efi fi extraordinaire que je-fuis très-étonné que les
Voyageurs ne l’aient pas remarqué & ne fe- Voient point
écriés fur cette difformité qui faute aux yeux', & de laquelle
cependant ils n’ont fait aucune mention. Il fe pourrait
donc que l’animal étrange , dont Sçba nous a donné la
figure;, ne fût pas celui que nous indiquons ici fous le
nom de vampire f c’efi-à-dire, celui qui fuce le fàng il
fe pourroit aüffi que cette figure de Seba fût infidèle ou
chargée , & enfin il fe pourroit que ce nez; difforme fût
une monfiruofité ou une variété accidentelle, quoiqu’il y
ait des exemples de ces difformités confiantes dans quelques
autres efpèces de chauye-fouris » le temps éclaircira
ces obfcurités & fîxèra nos incertitudes.
A l’egard de Ja roufietlc & de la rougette:, .elles font
toutes deux au Cabinet du Roi, & elles font venues de
l’ifle de Bourbon ; ces deux [ efpèces ne fe trouvent
que dans l’ancien! continent & fié font nulle ‘part auffi
nombre.ufe$,en Afrique#: eq Afie, que celle du.vampire
l ’eft en Amérique.. Ces animaux font plus grands, plus
forts & peut-être plus médians que le vampire ; mais
c ’eft à force ouverte, en plein jour aufii-hien que la nuit
qu’ils font leur dégât ; ils tuent les volailles & les petits
animaux , ils fe jettent même fur les hommes, les infiil-
tent & les bleffent au vifâge par des morfures cruelles ;
& aucun Voyageur ne dit qu’ils fucent le fàng des
hommes & des animaux endormis-
Les Anciens connoiffoient imparfaitement ces quadrupèdes
ailés, qui font des efpèces de monftres, & il efi
vrai-femblable que c’eft d’après ces modèles bizarres de la
Nature que leur imagination a deffiné les harpies. Les ailes,
les dents , les griffes; la cruauté, la voracité, la faleté;.
tous les attributs difformes, toutes les facultés nuifibles
des harpies conviennent affez à, nos rouffettes. H érodote
a paraît les avoir indiquées lorfqu’il a dit qu’il y
avoit de grandes chauve-fouris qui incommodoieni
beaucoup les hommes qui alloient recueillir la cafle autour
des marais de l’Afie; qu’ils étoient obligés de fe
couvrir de cuir le corps & lé vifàge pour fe garantir
de leurs morfures dangereufes. Strabon h, parle de très-
grandes chauve-fouris dans la Méfopotamie , dont la
chair efi bonne à manger. Parmi les modernes A lbert,
Ifidore, Scaliger ont fait mention, mais vaguement, de
ces grandes chauve-fouris. Linfcot, Nicolas Mathias0,
î Herodot. Lib. III. Nota. Il eft fmgulier que Pline, qui nous a-
tranfmis comme vrais tant, de faits apocriphes & même merveilleux,
accule ici Hérodote de menlbnge , & dilë que ce fait des chauve-
fouris, qui fe jettent fur les hommes,, n’efl: qu’un conte de la vieille
& fàbuleufe antiquité- .
U In Alefopotamiâ inter Euphratrs eonverfiqnes, ejl maxima vefpertilio-
mm multitudo, qvi longe majores funt quam in coeteris locis. Capiuntur ,■
Ù“ in efum condimtur. Strabo, lib-XVI.
* Nicolas Mathias, dans Ion voyage imprimé à Vilùrgbourg, en,
Suédois, dit., page 1 2 3 , que ces grandes chauve-fouris, volent en
troupe pendant la nuit, qu’elles boivent du fuc des palmiers en fi
grande quantité, qu’elles s’enivrent , & tombent comme mortes au pied,
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