8 H i s t o i r e N a t u r e l l e
les parties de la génération fe renouvellent & s’oblitèrent
chaque année à peu près comme les laitances des poif-
fons & comme les vailfeaux féminaux du calmar dont
nous avons décrit les changemens, l ’anéantiffement Sc
la reproduction * : ce fo n t- là de ces nuances par le f-
quelles la Nature rapproche fecrettement les êtres qui
nousparoiflfent les plus éloigné s, de ces exemples rares,
d e ces mfiances folitaires qu’il ne faut jamais perdre de
v u e , parce qu’elles tiennent au fyllème général de l ’or-
ganifation des ê tre s , & qu elles en réunifient les points
les plus éloignés. Mais ce n’eft point ici le lieu de
nous étendre fur les conféquences générales qu’on peut
tirer de ces faits finguliers, non plus que furies rapports
immédiats qu’ils ont avec notre théorie de la génération;
un efprit attentif les fentira d ’a van c e , & nous aurons
b ie n - tô t occalion de les préfenter avec plus davantage
en les réunifiant à la malle totale O des autres faits
qui y font relatifs.
C om m e l ’ondatra efi du mêmè pays que le caftor,
que comme lui il habite fur les eaux, qu’il efi; en petit
à peu près de la même figure, de la même couleur &
du même p o il, on les a fouvent comparés l’un à l ’autre;
on affiire même qu’au premier coup d ’oeil on prendroit
tin vieux ondatra pour un caftor qui n ’auroit qu’un mois
d ’âge ; ils diffèrent cependant allez par la forme de la-
queue pour qu’on ne puilfe s’y méprendre ; elle efi
ovale & plate horizontalement dans le caftor; elle eft
* Voyez le volume II de cette Hfti. Natur. page 2 2 3 & fuiv.^
trè$?
D E L ’ O NDA TRA d u D e s m a n . 9
très-alongée & plate verticalement dans l ’ondatra : au relie
ces animaux fe relfemblent allez par le naturel & l’ inftinél;
les ondatras, comme les callors, vivent en fociété pendant
l ’hiver ; ils font des petites cabanes d ’environ
deux pieds Sc demi de diamètre, & quelquefois plus
grandes, o ù ils fe réunifient plufieurs familles enfemble;
ce n’eft p oin t, comme les marmottes, pour y dormir
pendant cinq ou fix mois , c ’eft feulement pour le
mettre à l’abri de la rigueur de l ’air : ces cabanes font
rondes & couvertes d ’un dôme d ’un pied d ’épaifleur;
des h e rb e s , des joncs entrelacés Si mêlés avec de la
terre grade qu’ils paîtrilfent avec les p ie d s , font leurs
matériaux. Leur conftruétion eft impénétrable à l ’eau du
c i e l , Si ils pratiquent des gradins en dedans pour n’être
pas gagnés par l’inondation de celle de la terre; cette
cabane, qui leur fert de retraite, eft couverte pendant
l ’hiver de plufieurs pieds de glaces & de neiges fans
qu’ils en foient incommodés. Ils ne font pas de pro -
vilions pour vivre comme les c a llo r s , mais ils creufent
des puits & des elpèces de boyaux au deflous & à l ’entour
de leur demeure pour chercher 'd e l ’eau & des
racines ; ils paffent ainli l ’hiver fort triftement quoi-
qu’en foc iété, car ce n’eft pas la làifon de leurs amours:
ils font privés pendant tout ce temps de la lumière du
c ie lja u lfi lorfque l’haleine du printemps commence à
diffoudre les neiges & à découvrir les fommets de leurs
habitations , les Chafleurs en ouvrent le dôme , les
pffùfquent brufquement de la lumière du jour l Sc,
Tome B