1 2 H i s t o i r e N a t u r e l l e
encore plus mal en fe berçant à peu près comme une
oye. Sa peau conferve une odeur de mufc qui fait qu’on
ne s’en fert pas volontiers pour fourrure, mais on emploie
le fécond poil ou duvet dans la fabrique des
chapeaux.
C e s animaux font peu iârou ch e s, & en les prenant
petits on peut les apprivoifer aifément; ils font même
très -jo lis lorfqu’ils font jeunes ; leur queue longue âc
prefque n u e , qui rend leur figure delàgréabie, eft fort
courte dans le premier âge : ils jouent innocemment &
aufti leftement que des petits chats ; ils ne mordent
point * , & on les nourriroit aifément fi leur odeur n’é-
toit point incommode. 1/ondatra & le defman font au
refte les feuls animaux des pays feptentrionaux qui
donnent du parfum ; car l ’odeur du cajloreum eft très-
delàgréable, & ce n’cft que dans les climats chauds
qu’ on trouve les animaux qui ' fourniffent le vrai m u fc ,
la civette & les autres parfums.
L e defman ou rat mufqué de M o fco vie nous offri-
roit peut-être des fingularités remarquables & analogues
* Les rats mufqués de Canada, que les Hurons appellent Ondatfra,
paillent l’herbe fai terre & le blanc des joncs autour des lacs & des
rivières ; il y a plaifir à les voir manger & faire leurs petits tours quand
ils font jeunes. J’en avois un très-joli; je le nourrifîois du blanc des
joncs & d’une certaine herbe fèmblable au chien-dent : je fai-fois de ce
petit animal tout ce que je voulois, fans qu’il me mordît' aucunement,
auffi rfy font-ils pas lüjets. Voyage de SagardTheodat. Paris, i 6y 2 ,
pages y 2 2 Ù“ y 2 y . N o t a . Que la plante dont M. Sarrafîn dit que
le rat mufqué fè nourrit le plus volontiers eft le Calarms aromatkus.
d e l ’O n d a t r a j f d u D e s m a n . 13
à celles de l ’ondatra, mais il ne paroît pas qu’aucun
Naturalifte ait été à portée de l ’examiner vivant, ni de
le diflcquer ; nous ne pouvons parler nous-mêmes que
de fa forme extérieure, celui qui eft au Cabinet du Roi
ayant été envoyé de Lapponie dans un état de def-
sèchement qui n’a pas permis d ’en faire la diflcétion ;
je n ’ajouterai donc à ce que j’en ai déjà dit que le feu!
regret de n’en pas favoir davantage.