s.6 H i s t o i r e N a t u r e l l e ^ c.
robnfte & le plus redoutable des trois ; le pécari quoi-
qu’aflez féroce eft plus foible, plus pefant & plus mal armé;
ces grandes dents tranchantes qu’on appelle défenfcs, font
beaucoup plus courtes que dans le fanglier; à craint le
froid & ne pourrait fubfifter fans abri dans notre climat
tempéré, comme notre fanglier ne peut lui-même fubfifter.
dans les climats trop froids : ils n’ont pû ni l ’un ni l ’autre
paffer d ’un continent à l’autre par les terres du Nord ;
ainli l ’on ne doit pas regarder le pécari comme un
cochon d ’Europe dégénéré ou dénaturé fous le climat
d ’Am é r iq u e , mais comme un animal propre & particulier
aux terres méridionales de ce nouveau continent.
Ray & plufieurs autres Auteurs ont prétendu que la
liqueur du p é c a r i, qui fointe par l’ouverture du d o s ,
eft une efpèce de m u fc , un parfum agréable, même ai*
fortir du corps de l’animal ; que cette odeur agréable fo
fait même fontir d ’affez loin, & parfume les endroits o u
il paflè & les lieux qu’il habite. J ’avoue que nous avons,
éprouvé mille fois tout le contraire; l ’odeur de cette
liqueur, au fortir du corps de 1 animal , eft fi defà-
gréable que nous ne pouvions la fontir, ni la faire re cueillir
fins un extrême dégoût; il fomble feulement
qu’elle devienne moins fétide en fo defifechant a 1 a ir ,,
mais, jamais elle ne prend l’odeur fuave du rrmfo ni le
parfum de la civette, & les Naturaliftes auraient parlé plus,
jufte s’ils, l ’euffent comparée à celle du Caftoreum,.
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D E SC R I P T I O N
D U P E C A R I .
K jE Pécari (pl. i l i ) relfemble beaucoup aux cochons par la
forme du corps, & même par la conformation des parties extérieures
qui caraéférilênt ces animaux & qui les font diftinguer
des autres; il a la tête greffe, le mufeau alongé & terminé par
un groin de cochon, le cou gros & court, le corps épais, les
jambes courtes & le pied fourchu. Le pécari, qui a fervi de
fojet pour cette defcription , était plus petit que les cochons
domeftiques & prelque aufli grand qu’un cochon de Siam de
médiocre grandeur : il relfembloit même plus à ceux de cette
race qu a ceux de la race domeftique ; il n’y avoit point d’enfoncement
fur le bas du front ; les oreilles étaient petites &
droites. Les défenfes du deflbus ne fortoient pas au dehors des
lèvres, elles formoient feulement une convexité de chaque côté
dans la lèvre fupérieure à l’endroit des défenfes du deffus : cet
animal n’a point de queue.
Mais le caractère le plus particulier au pécari & le plus
extraordinaire eft un orifice afièz grand, placé au deffus de la
croupe (p l IV , où le pécari eft vu par-derrière pour faire
paraître cet orifice) ; lorfque l’on comprimoit les environs de fes
bords, il en fortoit une liqueur qui s’échappoit d’abord par jets,
& coaloit enfuite peu à peu : cet orifice était caché fous les
foies de l’animal, & placé au milieu d’un efpace où il ne s’en
trouvoit point de groflës comme for le iefte du corps; il y
avoit feulement un poil noir, doux & affez rare, de forte que
l’on voyoit la peau qui était aulfi fort douce & de couleur brune.
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