156 H i s t o i r e N a t u r e l l e
comme ils l'ont fait, cet animal au tamandua-i, que
j’appelle Amplement tamandua : je demande feulement
qu’on life encore cette defeription * , & qu’on juge.
Quelque defàgréables, quelqu’ennuieufes que foient des
difculîions de cette efpèce, on ne peut les éviter dans
les détails de l’Hiftoire Naturelle: il faut, avant d’écrire
fur un fujet, fouvent très-peu connu, en écarter autant
qu’il ell polfible toutes les obfcurités, marquer en paf-
fant les erreurs qui ne manquent jamais de le trouver
en nombre fur le chemin de la vérité à laquelle il ell
fouvent très-difficile d’arriver, moins par la faute de la
Nature que par celle des Naturaliftes.
C e qui réfuite de plus certain de cette critique, c’eft
qu’il exilte réellement trois elpèces d’animaux auxquels
* Tamandua d'Amérique petit ou le mangeur de fourmis dépeint avec,
un nid de ces infectes. Voilà comme il embralïè avec les ongles de les
pieds de devant le nid de fourmis , defquelles il fait uniquement lès
■ repas. Voyez là tête oblongue, mince, étroite, lès courtes oreilles,
ion mulèau pointu qui cache là langue, grande & menue, avec laquelle
il attrappe les fourmis & les avale, ainfi que nous nous propolons de
ïe montrer à l’oeil dans les planches .qui luivront ( il ne montre rien dans
les planches fuiv antes J ; là tête, lès jambes, lès pieds, là queue & le
devant de Ion corps font jaunes-pailles, le derrière du corps eft d’un
roux-brun; il porte en bandoulière, lur la poitrine , un baudrier de
poils loyeux qui fe perdent vers le milieu du dos avec les autres foies
qui commencent dès-lors à le couvrir; là queue ell courte, prefque
ralè & recourbée en dedans. Seba, vol. JJ, pag. 4 $ , Tah. 4 j , f i g *.
n,° 2. N o t a , Les derniers caraftères de cette defeription conviennent
a p i au tamandua, mais en général elle ejl trop peu exaéle pour qu'on
puijfe l'a fu r en
du T a m a n o i r , du T a m a n d u a , ire. \ 5 7
on a donné le nom commun de mangeurs de fourmis ;
que ces trois efpèces font le tamanoir, le tamandua &
le fourmiller; que la quatrième elpèce, donnée fous le
nom de fourmiller aux longues oreilles par M. Briffon, ell:
douteufé auffi-bien que les autres efpèces indiquées par
Seba. Nous avons vû le tamanoir & le fourmiller, nous
en avons les dépouilles au Cabinet du Roi ; ces elpèces
font certainement très-différentes l’une de l’autre & telles
que nous les avons décrites, mais nous n ’avons pas vû
le tamandua, & nous n’en parlons que d ’après Pifon &
Marcgrave qui font les feuls Auteurs qu’on puiffe con-
fulter fur cet anim al, puifque tous les autres n’ont fait
que les copier.
Le tamandua fait, pour ainfi dire, la moyenne proportionnelle
entre le tamanoir & le fourmiller pour la
grandeur du corps ; il a , comme le tamanoir, le mufeau
fort alongé & quatre doigts aux pieds de devant ; mais
il a , comme le fourmilier, la queue dégarnie de poil à
l’extrémité, par laquelle il fe fulpend aux branches des
arbres. »Le fourmiller a auffi la même habitude : dans
cette fituation ils balancent leur corps, approchent leur
mufeau des trous & des creux d’arbres, ils y infinuent
leur longue langue & la retirent enfuite brufquement pour
avaler les infeétes qu’elle a ramalfés.
Au relie ces trois animaux, qui different fi fort par la
grandeur & par les proportions du corps, ont néanmoins
beaucoup de choies communes, tant pour la conformation
que pour les habitudes naturelles : tous trois fe
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