qu’il approche beaucoup du genre des belettes ou des
martes. D e ces fix efpèces prétendues & confervées dans
Je cabinet de Seba, il n’en refie donc déjà que quatre,
puifque l’yfquiepatl qui faifoit la cinquième n’efl point du
tout un mangeur de fourmis, & qu’il n’efl queflion nulle
part de la fixième, à moins que l’Auteur n’ait fôus-entendu
comprendre parmi ces animaux le pangolin *, ce qu’il ne
dit pas dans la defcription qu’il donne ailleurs de cet
animal. Le pangolin fe nourrit de fourmis ; il a le mufeau
alongé, la gueule étroite & fans aucune dent apparente,
Ja langue longue & ronde ; caractères qui lui font communs
avec les mangeurs de fourmis; mais il en diffère,
ainfî que de tous les autres quadrupèdes, par un caraétère
unique qui efl d ’avoir le corps couvert de groffes écailles
au lieu de poil : d’ailleurs c’efl un animal des climats les
plus chauds de l’ancien continent, au lieu que les man*-
geurs de fourmis, dont le corps efl couvert de p o il,
ne fe trouvent que dans les parties méridionales du nouveau
monde; if ne refie donc plus que quatre efpèces
au lieu des fix annoncées par Seba, & de ces quatre
efpèces, il n’y en a qu’une de reconnoifïàble par fes
defcriptions : c ’efl la troifîème de celles que nous décrivons
ici, c’efl-à-d ire, celle du fourmiller auquel, à
la vérité, Seba ne donne qu’un doigt à chaque pied
Ù1 rotundâ, binis inftgnibus dentibus armatâ^ cum tamen de fe x diverjis
fpeciebus f i profejfus, quod omnes dentibus cdreant. Klein, de quadrup.
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* C ’efl fe nom que nous donnerons au lézard écailleux.
de devant *, quoiqu’il en ait deux, mais qui, malgré ce
caraélère manchot, ne peut être autre que notre fourmiller.
Les trois autres font fi mal décrits qu’il n’efl pas
poffible de les rapporter à leur véritable efjjèce. J ’ai cru
devoir citer ici ces defcriptions en entier, non feulement
pour prouver ce que je viens d’avancer , mais pour
donner une idée de ce gros ouvrage de Seba, St pour
qu’on juge de la confiance qu’on peut accorder à cet
Ecrivain. L ’animal qu’il défigne par le nom de Tamah-
dua murmecophage d ’Amérique, tome I,p a ge iïo, 6c. dont
il donne la figure, p i x x x v n , n.° 2 , ne peut fe rapporter
à aucun des trois dont il efl ici queflion ; il ne
faut, pour en être convaincu, que lire la defcription de
* N.° 3. Tamandua ou Coati d’Amérique blanche différente. Cet
animal efl tout-à-'fait différent du précédent ( i l entend celui de la
planche X x x V1 J, f g . n.‘ 2. Voye^ la note fuivantef. La tête en
elt beaucoup plus courte & Ies oreilles beaucoup plus petites, les
yeux un peu plus grands & la partie inférieure du mufeau tant foit
peu plus longue. Leurs langues font plus refîëmblantes ; l’une &
l’autre efl longue & étroite, & propre à prendre & .à avaler des fourmis.
Les épaules font larges, le corps court & épais-, les pieds de devant pré-
fentent un doigt armé d ’un ongle large & courbe. Les jambes & les pieds
de derrière imitent ceux d’un fmge. Son poil blancheâtre & laineux efl
plus court que celui du précédent; il en efl de même de là queue crépue
cet animal efl compté parmi un des plus rares de fon elpèce. Les Éthiopiens
de Surinam les appellent Coati, & racontent que quand ils fè fèntent pris
ils fè mettent tellement en rond, ayant leurs pieds fi fermement attachés
l’un contre l’autre, qu’à moins qu’ils 11e fè redrefîènt d’eux-mêmes
il 11e feroit pas poffible d’en venir à bout de force. Ils meurent dans un'
moment dès qu’on les trempé dansTelprit-de-vin ou dans la liqueur-
hilduivel. Sebay vol. 1, pages 6 0 & 6 1 , pl. x x x v il, f g . n,° Jp