H O R T E N S I A .
USAGES. Il est peu d'arbustes d'ornement nouvellement acclimatés en France
plus intéressants que l'Hortensia : ses belles fleurs roses, et brillantes de tout leur
éclat pendant plusieurs mois de l'été, devoient le Taire rechercher par tous les
amateurs des présents de Flore ; aussi depuis qu'A est connu tout le monde a
voulu le posséder ; il est peu de jolies femmes qui n'aient orné leur boudoir ou
leur jardin de cette fleur nouvelle. Quoique l'Hortensia n'ait point d'odeur, il
est intéressant et utile de chercher à le multi]>lier : devenu plus commun, il
pourra faire un des plus riches ornemenis de nos parterres, et donner aux gens
du monde le goût des fleurs nouvelles. Ce gmit, à la vérité, pourroit entraîner
à quelques légères dépenses ; mais les jouissances qu'on éprouve ne laissent aucuns
regrets ; e t , comme tant d'autres plaisirs, au lieu d'altérer la santé, un parterre
émaillé de fleurs ranime nos esprits abattus, et purifie l'atmosphere qui nous environne.
Long-temps avant nous les Chinois faisoient beaucoup de cas de ces fleurs ;
on les trouve figurées sur presque toutes les étoffes et les papiers qui nous viennent
de ces contrées. Beaucoup d'autres plantes de la Nouvelle-Hollande et de l'Amérique
méritent le même accueil qu'on a lait à l'Hortensia : j'aurai soin d'en faire
connoître plusieurs dans cet ouvrage.
CULTURE. A Paris et dans ses environs cet arbuste craint les fortes gelées ; et
son feuillage soufïVe beaucoup en plein air : mais en Angleterre, sur nos côtes
maritimes, et dans toute la France méridionale, il passe fhiver eu pleine terre,
et devient beaucoup plus beau que lorsqu'on est obligé de l'enfermer. Il aime une
terre substantielle el qui a de la consistance : il est à propos de l'arroser fréquemment
pendant tout le cours de sa végétation ; durant l'été il faudra le placer à
l'abri du vent et dans une situation ombragée.
On uiultiplie aisément rHortensia de boutures, qui consistent à couper une
branche et l'enfoncer en terre ou en pot sur couche à l'instant où la plante
entre en pleine séve, c'est-à dire vers la fin de l'hiver, et avec les tiges ou rameaux
précédents. Lorsqu'on l'a mise en terre U est à propos de la couper à un
ou doux pouces au plus au-dessous du niveau du sol, c'est-à-dire de lui laisser un
ou deux yeux non enterrés ; la plaie faite pur l'amputation sur la tige sera aussitôt
couverte d'onguent de Saint-Fiacre. On sent aisément sur quoi cette loi est fondée,
dit Rozier; la bouture n'est entretenue fraîche que par son union avec la terre;
or la partie qui resteroit hors de terre seroit desséchée par les vents, par le soleil,
puisqu'il n'existe encore aucune racine pour faire monter la séve jusqu'au haut
de la tige, et aucune feuille sur la tige pour la faire descendre à l'endroit des
racines. Si on suppose actuellement que qxielqucs racines commencent à ])0usser,
les sucs qu'elles pomperont de la terre ne seront pas suffisants pour monter jusqu'au
sommet de la tige, .sur-tout lorsque le hâlc a oblitéré les canaux conducteurs
de la séve; au contraire, en coupant la tige à un oefl ou deux au-dessus du sol,
l'humidité de la terre entretient fraîche la partie saiflaute, et la séve se porte
directement au premier ou au second bouton.
On a discuté s'U étoit plus à propos de tailler l'extrémité des boutures en pointe,
ou circulairement. Rosier pense que ces deux méthodes sont également bonnes,
mais dans différents cas. Lorsque la bouture est d'un bois commun , et qu'il faut
l'enlbnccr profondément, sur-tout dans un terrain pierreux, il est plus à propos
de suivre la premiere méthode; mais lorsqu'efle est d'un bois déhcat, et destinée