Zizipha. CAMER. Epit. 167. le. MATH. Comm. 219. le. J. BAUH. Hist. 1. p. /\o. le.
Jujuba arabum. LOB. IC. 2. p. 178.
En Provence, le fruit se nomme Chichourîe, et l'arbre Chichourlier.
En anglais, Shining-leav'd Rkamnus.
En aUeraand, Brustheeren juderdorn.
En ilaniand, Rotbustbeerle.
En italien, Gii'ggiole.
Eu géorgien, Vnabi.
En espagnol, Atufecifa, acofeifo.
Eu arabe, Hunen, Zufalzef.
A r b r e haut de vingt ou trente pieds. Tige c y h n d r i q u e , épaisse, un peu tort
u e u s e ; écorce b r u n e , un peu gercée. Rameaux n o m b r e u x , hsses, d'un rouge
bru n , fléchis en zig-zag et très piquants ; à chaque noeud deux aiguillons inég
a u x , dont un plus grand, presque droit, plus long que le pétiole qu'il accompagne
; l'autre plus court et droit. Jeunes rameaux grêles , ressemblant à des
pétioles c o m m u u s , chargés de feuilles al Lern es , ovales-obi o n g u e s , u n peu dures
ou c o r i a c e s , lisses des deux c ô t é s , v e r t e s , marquées de trois n e r v u r e s , portées
sur des pétioles courts , et légèrement dentées sur leurs bords. Fleurs petites,
a x i l l a i r e s , d'une couleur pide j a u n â t r e , quelquefois solitaires , plus souvent ramassées
deux ou trois e n s e m b l e , attachées à des pédoncules fort courts, et
portées sur les petits rameaux feuillés. Fruits ovales-oblongs, assez semblables
pour la forme aux o l i v e s , d'abord verts, ensuite j a u n e s , et entièrement rouges dans
leur maturité; b r o u r e c o u v r a n t le n o y a u , d'xme saveur douce et v i n e u s e ; novau
muni d ' u n e longue pointe à l ' u n e do ses extrémités; à deux loges ; graines soli-
) dans chac jue t p e u c omp r imé e s , et noi rât r e s à l e u ' g e , 1
; graine:
- ombilic.
FLEURIT. Au commencement de l ' é t é , dans l e midi de la France ; ses fruits sont
mûrs vers la fui de cette saison. Dans nos environs les fruits no v i e n n e n t pas à
maturité , et les fleurs paroissent plus tard.
HABITE. Les terrains cultivés des côtes de l ' A f r i q u e , et de l'Europe sur la
Méditerranée.
Le Jujubier a été acchmaté en Italie depuis un très grand nombre d'années.
Voici ce que Pline rapporte (i) : « L e s Jujubiers, dit-il, et les Azedarachs ne se
« t r o u v o i e n t point autrefois en Italie. Les uns viennent d ' A f r i q u e , et les autres
« de Syrie. Sextus P a p i r i u s , sous l e consulat duquel nous avons v é c u , les apporta
« a u commencement du règne d ' A u g u s t e , et les fit planter sur les remparts du
« camp. Leur fruit ressemble plutôt à u n e baie qu'à u n e pomme ; mais ils décorent
« les remparts, et leur tige s ' é l e v e au-dessus des maisons. »
US.\GES. " L a beauté du f e u i l l a g e de ce grand arbrisseau doit nous engagera
« le planter dans les bosquets d ' é t é et d'automne ; il ne convient point dans ceux
« du printemps, parcequ'il pousse tard, et que sa fleur a p e u de mérite.
« 11 est très rare que son fruit mûrisse dans nos jardins ; mais en Provence et
« en L a n g u e d o c , où il v i e n t à maturité, on l e recueille avec soin pour le vendre
« aux marchands, qui le font passer dans l'intérieur du r o y a u m e , où on ne laisse
« pas d'en consommer pour des tisanes pectorales DUHAMEL,
Les jujubes o n t un goût a i g r e l e t , v i n e u x , et assez agréable avant leur parfaite
maturité ; c'est alors qu'on les cueille dans lo midi de la France pour les manger:
elles rafraîchissent et calment un peu la s o i f ; mais leur chair est f e r m e , peu succulente
, et de mauvaise digestion. JEn atteignant leur dernier degré de maturité,
la peau rouge qui les couvre se ride ; plusieurs cultivateurs coupent alors les
rameaux qui les portent, et les attachent au p l a n c h e r , après les avoir exposés au
soleil pendant quelques jours ; d'autres les cueillent séparément et les mettent au
soleil sur des claies ou des nattes, comme les figues. La jujube est tdors comptée
parmi les béchiques adoucissants; c'est un des fruits doux et pectoraux dos boutiques.
Actuaire fait mention d'un syrop do jujubes pour calmer les fièvres ardentes
et purger le sang ; on l'emploie avec succès dans le traitement de la toux
et des catharres causés par la chaleur.
CULTURE. « Il n'est pas douteux qu'on pourroit élever les Jujidiiers de semences;
« mais comme ses racines poussent beaucoup do rejets, on peut se dispenser do
« semer les noyaux du fruit de cet arbre. Il se plaît assez dans les terrains secs;
» ct quoiqu'il nous vienne de Provence et de L a n g u e d o c , ou d'Espagne, il souffre
« p e u de la rigueur de nos hiver.s ». DUHAM.
On peut multiplier cet arbre en mettant les noyaux dans des pots d ' u n e terre
n o u v e l l e et l é g e r e , aussitôt après que les fruits sont mûrs. En h i v e r , on doit les
mettre sous des châssis ordinaires de vitrages , sur une couche c h a u d e , où ils
puissent être à l ' a b r i des fortes gelées. Au printemps, on enterre ces pots dans
une couche t e m p é r é e , qui aidera beaucoup aux graines à pousser; et quand
les plantes seront l e v é e s , on les accoutumera pcu-à-pcu à souffrir le grand air,
auquel on les expose tout-à-fâit en é t é , ayant la précaution de les placer auprès
et à l'abri d'une haie. Quand le temps sera fort sec, il faudra les arroser fréquemment.
Dans cet état ils pourront rester jusqu'à la fin de l'automne ; on les transportera
ensuite dans la serre , ou bien on les mettra sous des châssis chauds, de
manière qu'ils soient défendus de la gelée : on fera b i e n cependant de leur donner
autant d'air libre que l'on pourra dans les temps doux. Pendant l'hiver on doit
les rafraîchir de temps en temps avec de l'eau ; mais quand les feuilles en seront
t o m b é e s , ce qui ne manque jamais d'arriver en h i v e r , il faut éviter de les trop
arroser, car les fibres tendres des racines, et par suite tout l'arbre , on souffriroiont.
Ou doit avoir beaucoup de ménagements pour ces p l a n t e s , tant qu'elles
seront jeunes ; mais, lorsqu'elles auront atteint Page de trois ou quatre a n s , on
pourra les replanter en pleine terre : pourvu rju'on les mette dans une situation
c h a u d e , elles résisteront fort b i e n aux froids de nos hivers.
On peut aussi multiplier les Jujubiers par le moyen des rejetons qui poussent
souvent aux racines des v i e u x arbres ; ceux qui en proviendront seront moins
b i e n fournis de racines, et supporteront plus difficilement les froids de nos
climats.
(1) Liv. XV, chap. 14.