« Cypres de sept à l i u i t pouces conviendroicnt très bien pour faire des contres
« p a l i e r s , pour palissader les villes de g u e r r e , et pour beaucoup d'autres services
où le c h ê n e ne subsiste que sept à huit ans. Les jeunes branches seroient très
« propres à f a i r e des échalas. »
« Les Cyprès sont des arbres r é s i n e u x , et l ' o n dit que dans les pays chauds ils
« iburnissent de l a résine q u a n d on a fait des incisions à leurs branches. »
« Nous avons remarqué qu'il sort en très petite quantité de r é c o r c e des jeunes
« Cyprès u n e substance b l a n c h e , et qui paroît comme des points de cette c o u l e u r ;
« quand on les examine à la l o u p e , on trouve qu'ils ressemblent à des petits mor-
« ceaux de gomme adragante : nous avons v u quelques fois des abeilles se donner
« b i e n d e la p e i n e pour les d é t a c h e r ; apparemment q u ' e l l e s emploient cette matiere
« dans l e u r propolis. DUHAM. »
PROPRIÉTÉS. « L a noix o u f r u i t du C y p r è s est très astringente J elle passe aussi pour
« f é b r i f u g e , étant prise en poudre À la dose d ' u n e dragme. DUHAM. »
Les anciens regardoient l e bois de Cyprès comme i n c o r r u p t i b l e ; ils l'omployoient
dans la c o n s t r u c t i on de leurs vaisseaux ( i ) . Suivant leur opinion l e temps ne l ' a l t e re
j a m a i s ; lorsqu'il est p l o n g é dans l ' e a u il n ' e n devient que plus dur. I / o d e u r forte
et résineuse qui s ' en e x h a l e et son à c r e t é le préservent des insectes. Les Égyptiens
conservoient presque toutes leurs momies dans d e s c o F r e s de C y p r è s . Les A t h é n i e n s,
suivant T h u c y d i d e , le choisissoient pour le c e r c u e i l de leurs h é r o s , comme étant
d ' u n e longue durée. Horace nous apprend qu'il étoit e m p l o y é à c o n s e r v e r tout ce
q u ' o n jugeoit digne de passer à la postérité la plus r e c u l é e (2). Il est probable que
nous l u i devons la conservation de la plu{)art des manuscrits des a n c i e n s , parvenus
j u s q u ' à ces derniers temps à travers les siecles d'ignorance et de barbarie.
L é o n A l b e r t y , dans s o n traité d ' A g r i c u l t u r e , Liv. V , chap. X I I , s'exprime ainsi :
« Dans l e temps que j e faisois travailler près du lac R i c i a , on e n fit tirer le navire
« qu'on a p p e l o i t l e Trajan; il avoit d e m e u i é au f o n d de l ' e a u plus de treize cents
« ans; en le considérant a v e c a t t e n t i o n , je remarquai que les planches de P i n et
« de Cyprès étoient encore dans l e u r e n t i e r ; l e dehors de ce vaisseau étoit fait d'ais
« d o u b l e s , enduits de poix raisiné de Grece , l e tout calfaté de m o r c e a u x de toile. »
Les portes de S.-Pierre de Rome , qui ont duré depuis Constantin le Grand
jusques à Eugene I V , environ onze cents ans, étoient de bois de C y p r è s ; et le
pape ne les fit e n l e v e r , quoique parfaitement conservées, que pour en substituer
d'autres d'airain.
M. de Fougeroux a o b s e r v é , en 1786, que les p o t e a u x de bois de Cyprès morts
p a r Je f r o id de 1709, et placés p a r M. D u h a m e l au tour d'une m e l o n n i e r e , à D e n a i n -
v i l h e r s , subsistoient e n c o r e très i n t a c t s , et servoientdepuiscinquante-sLx ans, tandis
que t o u s l e s dix ou douze ans on étoit obligé de rétablir c e u x qui étoient en bois
de c h ê n e ou de tout autre bois.
CuLTunn. «Le Cyprès ne se m u l t i p h e que de semences. Il y a des années où elles
Spi:ramu.
Passe linenda Cedro, et l
.rmmafinsi
servanda Ciipiessa.
D£ ARTS POETICA.
« l e v e n t très bien; mais souvent il en love Ibrt p e u : ce qui nous a engagé à les
« semer dans des terrines sur c o u c h e ; et la seconde année on plante en pépinière
« les petits pieds.
K II faut préserver de la gelée les jeunes C y p r è s , et c e u x qui sont nouvellement
« plantés ; mais quand ces arbres sont u n p e u gros, et qu'ils ont b i e n pris possession
c< de la terre , ils supportent très bien l ' h i v e r ; il n ' y a que celui de Portugal qui est
« plus délicat : ses f e u i l l e s ont une odeur désagréable.
K L e s Cyprès s'accommodent b i e n de t o u t e sorte de terres, e t v i e n n e n t vîtc. L ' e s p e cc
« n ° 4 ( Cupressus virginiana, etc. ) est la seule qui se jilaît à l'oralire et dans
c les terreins fort humides.
K Après b i e n des tentatives, nous avons enfin r e c o n n u que pour avoir des graines
« de Cyprès propres à germer , il f a u t , dans les mois de mars et d ' a v r i l , cherchei
« les n o i x (fui commencent à s'ouvrir ; on les met dans u n e b o î t e , dans un grenier
« u n p e u chaud ou au s o l e i l , jusqu'il ce que les noix s'ouvrent d'elles-mêmes, et
« l ' o n seme la graine qui tombe au f o n d de hi b o î t e ; alors elle levé en très pou
« de temps : si l ' on ouvre les noix pour en tirer la g r a i n e , il est rare qu'elle
« germe ; il faut aussi avoir l'iittention de ne pas semer cette graine trop avant
« dans la terre ; mais l e phis sûr est de tirer la semence de cet arbre des provinces
« méridionales, comme de la Provence et du Languedoc. DUIIAM. ..
Dans les isles de l ' A r c h i p e l et dans tout le Levant on regarde la c u l t u r e du Cyprès
comme très précieuse. Théophraste et Pline nous ap])rcn]ient que les habitants
de l'isle de C r ê t e , aujourd'hui C a n d i e , le c u i l i v o i e n t avec soin, et qu'ils en donn
o i e n t u n certain nombre de pieds pour la dot d ' u n e f:lle : dans ce moment encore
il porte un surnom qui équivaut aux mots dos fdUv des anciens. Suivant D u h a m e l,
M i l l e r , e t c . , il faut préserver de la gelée , dans nos climats , les jeunes Cyprès et
c e u x qui sont nouvellement plantés; quoique 'Pournefort dise (1) , « que Théo-
« phraste et Pline ont eu raison d'assurer que les (Cyprès croissent naturellement
« p a r m i l a n e i g e , dont les montagnes de la C a n é e s o n t toujours c o u v e r t e s , aussi-bien
« que ces mêmes arbres y v i e n n e n t dans les vallées. »
Miller observe qu'autrefois, en A n g l e t e r r e , o n tallloit la variété a, et q u ' a v e c le
ciseau on lui donnoit différentes formes ; mais que ses compatriotes s'étant apperçus
q u ' o n faisoit du tort à cet arbre en le c o u p a n t , ils ont fini par l ' a b a n d o n n e r entièrement.
Quoi que ce s o i t , d i t - i l , u n très bel a r b r e , il est à propos de le planter
parmi d'autres toujours v e r d s ; il on varie l'aspect par l e v e r d noir de son feuillage
et par sa tige vacillante.
On obser^-a dès long-temps que le Cyprès étoit l'arbre le plus robuste des
contrées t e m p é r é e s . que, dans sa d é c r é p i t u d e , i l l u t t o i t encore contre les s i e c l e s , que
sa forme pyramidale et son f e u i l l a g e toujours v e r d lui donnoient u n aspect sombre ;
et on le planta de préférence à tous les arbres de l o n g u e d u r é e , pour orner les
tombeaux élevés par la piété filiale. L e s poètes lui donnoient le n om de f u n e b r e,
de l u g u b r e , do triste, etc. : suivant l ' o r a c l e d ' A p o l l o n (2),
Lugebcra nobis,
Lugehisque alios, aderisque dolcntibus, inquit.
Depuis quelques années o n r é s e r v e un endroit solitaii-e dans les parcs et les jardins
(;'i Voyage cJaiis ic Levant, vol. I, pag. zS.
(3) Ovia. Miiamor. Uv.X. fàb. UJ.
3.