FLEUEIT. AU commencement de l'été ; ses i'ruits, que l'on mange pendant tout
l ' h i v e r , sont mûrs en automne.
HABITE. La France et une très grande partie de l'Emope. Théophraste nous
apprend qu'on en trouvoit beaucoup sur le mont Olympe. Bellon, durant son
voyage en Orient, l'a observé sur les montagnes de la Macédoine. M. Olivier en
a vu une lorêt h Buyuk-Dcré, sur les bords de la mer Noire.
HISTOIRE. Cet arbre est indigene en France et dans plusieurs parties de l'Europe.
Les Romains tirèrent leurs premieres châtaignes de Castane, ville de la
Fouille, ce qui leur fît donner le nom de noix castanéiques (1).
/pse ego cana Icgani tencrâ lanu^ne mala,
Casiantojstfue nuces, mea (juas Amaryllis amabat :
« Je t'offre des pommes de coia couvertes d'un léger duvet, et des chilaignes que mon
Amaryllis aimoit. »
Les anciens auteurs nous apprennent que les meilleures châtaignes portoicnt
le nom de balani, et que celles recueillies sur lo monl Ida étoient surnommées
leucena. Pline leur donne le nom de populäres et de coctivas , parceque la
populace de Rome s'en nourrissoit. C'est de ce fruit dont "Virgile a parié dans
sa premiere églogue, lorsque T i l y r e , invitant Mélibée à passer la nuit sous son
toit rustique, lui dit :
Sunt nobis niitia poma,
Castaneoe molles, et pressi copia lactis:
« J'ai des fruits mûrs, des châtaignes cuites, et du laitage en abondance. «
Martial (2) nous apprend qu'il se trouvoit de son temps des forêts de Châtaigniers
aux environs de Naples et de Tarente. On en voit encore beaucoup
aujourd'hui dans cette contrée, ainsi que dans la Sicile. Auprès de l'Etna plusieurs
Châtaigniers ont une tige de trente k quarante pieds de circonférencc;
mais il en est un dont plusieurs voyageurs ont parlé, et qui doit ctrc regardé
comme un géant dans le regne végétal. Voici ce que Jean Houel (3) en rapporte :
« Nous partîmes d'Aci-Reale pour aller voir le Châtaignier qu'on appelle des cent
chevaux Nous passâmes par Saint-Alfio et Piraino, où les arbres sont communs
, où l'on trouve de superbes futaies do Châtaigniers. Ils viennent très
bien dans cette partie de l'f^tna, et ou les y cultive avec soin : on en fabrique
des cercles de tonneau, dont on fait un commerce assez considérable. Arrivés
à l'orient do PEtna, et à l'extrémité de la région habitée, je trouvai ce Châtaignier,
et je commençai à le dessiner tout de suite ; je continuai lo lendemain
à la même heure, et je le finis totalement d'après nature , selon ma coutume:
la représentation que j ' en donne est un portrait fidele.
e< J'en ai fait le plan afin de démontrer la possibilité qu'un arbre ait cent
soixante pieds de circonférence : je me fis raconter l'histoire de cet arbre par les
savants du hameau.
« Cet arbre s'appelle le Châtaignier des cent chevaux, à cause de la vaste
(•) Virgile, églogue II.
(2) Ei.igram. Lib. V.
(3) Voyage de Sicile , par Jean Hoiiel. Vol. a. p, 7p. pl. 1