2 1 0 BETULA. BOULEAU.
Thury, dont les amateurs de plant.itions admirent celle cju'il a fait exéculcr dans
le département de l'Oise, à quatre kilomètres des jardins délicieux de Betz ,
sème .lussi le Boideau avec avantage, ainsi que nous avons été à portée de nous
en conv.iincre. Semer dru en automne , et aussitôt après la maUirité des chatons
femelles, choisir uu tcms calme, sur-tout à cause de l'extrême linesse des graines,
((ue le moindre vent enlève et disperse, les assujétir à la terre, qui les rc«:oiL,
on la frappant légèrement avcc des battes, et recouvrir le tout de mousse, si
faire se peut : toiles sont les principales indications à suivre; les antres soins ii
donner rentrent dans la classe de ceux (pi'exigeuL les semis ».
« Cet arbre, consi<hû-é comme combustible , est ordinaironiont dédaigné ; cependant
nous ne craignons pas d'assurer, d'après notre propre expérience, que
lorsipfil est parvenu ii une certaine grosseur, qu'il a été coiqjé en lems convonablo,
et qu'il a été enlevé des ventes en exidoitation, aussitôt après fahattage,
il brûle moins vite q u e l e b è l r e , donne un feu aussi clair, et souvent beaucoup
plus de calorique : c'est un fait qu'il est facile de constater. .Mais comme le
Bouleau en grume se décompose facilement, s'il reste exposé h toutes les variations
de fiitinosphère, il est indi.speusable de uc point le laisser séjourner loug-tcms
sur les lieux où on l'exploite ».
« 11 y a des aiuateur.s qui citent conune espèce le fîoulcau, connu sous le
nom de Bouleau pleureur; lo boUmistc Lindcrn étoit de ce seiuiinent. Cette
])rétenduc espèce n'est ])as tiième une variilé. Oti vante le Bouleau pleureur de
la forêt de Fontainebloau ; utais avec un pou de réflexion, on se seroit apperru
que les Bouleaux qu'on laisse croître en massif de futaie , étant très-pressés les
uns contre les autres, ne peuvent, à un certain âge, produire dos branches que
dans leur partie supérieure, et sont forces de pousser des rameaux qui se rapprocheul
de la ligne pcrpendicidairc ; taudis que lorscpic cct arbre croit isolé, ainsi que
cela arrive sur les rochers de la forêt <le Foiuainebleau, ses rameaux s'étendent
liorizonlaloment, cl leur grande ilexibilité les fait retomber naturollomcnt cl avcc
l)eancoiq) do graces. Il n'est personne qui, avant visité les jardins d'Ernienouville,
les plus beaux y ait on France, considérés cc.umic jardins du pays, n'ait
.-idniiré le superbe Bouleau à branches peiulantcs, qui s'élève au dessus du temple
de la Philosophie ».
(C C e t arbre ne reprend jamais, ou au moins bien difiiciicmont, lorsqu'on le
plante d'une certnine force, ^'ous avons été témoins de plusieurs essais de cc genre,
qui ont trompé l'espérance des planteurs, auxquels nous avons conseillé de faire
extraire de lour bois du plant de detix ou Uois ans au plus; on e.st assure, pour
pou que le terrain soil passable, d'avoir, en peu de tems , des individus qui
surpasseront en élcviition les plus grands (pi'on auroil plantés, si lotitefois il en
échappe quelques-uns ».
Los Bouleaux peuvent servir à orner les parties aquatiques des parcs oit ils
font un très-bel effet; on peut aus.si on garnir los coteaux exposés au nord, et
même les rochers dont ils cachent la difl'orniité ; ils réussissent j)lanu=s eu avenues
et on massifs de bois. Lours feuilles se montrent dans le premier mois du printcms,
il l'époque où fon sème forge.
I.e bois du Bouleau est blanc, assez solide , d'une médiocre dnroté dans los climats
tcnq)or(-s, beauoou]» plus dur dans les parties .septentrionales de l'I-'.ui'opc, sur le.s
nioutagncs ot dans les Ibrtls du nord de la Suède. On eu fabrique des uslcusiles
B E T U L A . BOULEAU. au
de ménage, des sabots, des charriots, des jantes do roue d'une seule pit-oc,
plusieurs sortes do vase ; les branches et los ramcatix de ceux ([ti'on élève en taillis ,
servent à faire des cerceaux pour los futailles, <les cercles pour les cuves, des
ouvrages de vannerie, des lietis, des balais d'un bon tisage. Son charbon est Lrè.shon
potu- les forges , pour la fabrication de la poudre à canon, pour les dessinateurs.
Cet arbre, vers le priulems, uu peit avant la pousse des fouilles, donne, par une
incision verticale , une liqueur limpide , légèreino.nt acide, sucrée, agréable, nieilloiu
e quand elle a fermenté , niais qui est ordinaii-euicnt de peu <le durée, ii moins
qu'on ne la tienne dans des bouteilies bien bouchées. Un seul rameau fournil tpielquofois
plusieurs livres de cette eau en un jour : les bergers s'en <h:saltoreiU ; on
la vante contre le oalcid , le scorbul, la pohnoiiie , et pour enlever los laches de
rousseur. Cotte eau est plus sucrée dans le Bouleau noir, plus abondante, moins
sucrée dans le Boideau blanc; insipide, sans saveur, lorstpt'on la retire trop près
des racines.
L'écorce inléricure du Boideau est épaisse, roiigo, solide; <
trois Ibis; étant conservée, elle ac<[uiorl assez de dureté po
souliers; ou on fait des canaux; broyée, bouillie, avec de la
; teinture rouge, avec laqttolle les Lapons teignent leurs
Ile i-opoussc pisqua
tr en lâbri.pier des
i-ondre, elle foiirtiit
hlots. Le c u i r , <lépouillé
de son poil , phmgé ;i plusieurs reprises dans une décociioii de cotle écorce
fraîche, résiste beaucoup mieux h l'Iiumidilé. Pendant les longs et ru<lcs hivers
qui eugourdi.sscnt la nature dans les climats glacés du nord, los Saniojèdes, les
Kaintschatkalcs, font <le l'écorce de ces arbres la base de lotir nourriture. Les
femmes coupent cotte écorce encore tondre, par petits filets, et la mangent avec
un mélange d'oeufs de poissons, qu'ils appellent catnar ; on en retire, par un
feu étouffé dans dos fourneaux, nue huile cmplovée dans la préparation du cuir
de Russie : elle lui donne s.i qualité et son odour. L'écorce cxt(^ieuro, sou])le
tenace, se lève par feuillets minces, les premiet-s blancs, les autres rougeâtres.
On est assez fondé ii croire que les anciens s'en scrvoient pour écrire avant l'invention
du papier. Fn Suède, on couvre quohpies maisons avec cette écorce; on
en fait des corbeilles, des vastes pr<q)ros h conleuir des litpiidos; à (h''(aul d'aiitn;
vase, les pêcheut-s y font cuire lour poisson en y mettant do l'eau ; divisée jinr
rubans, on en fait des chatissures natéos, des cordes, des bouteilles; les jiavsans
des Alpes on fout des torches ; l'épidernie, mis dans les souliers, rappelle, a ce
qu'on dit, la transpiration.
Les feuilles sont amères, résolutives et détcrsivcs ; leur extrait esl employé iiitérieuremont
contre férésipi'lo et la goutte ; ollcs donnont une ctndonr d'uu jaune
foible ; celle qu'on retire du Bouleau noir esl plus hello. On prétend que lors([ue les
porsonuos affectées de rhumatisme se couchciit dans un ht de feuilles de Bouleau,
elles éprouvent une transpiration (jui les soulage beauooii]». (^es feuilles Ibui-nisseiil,
pondant l'hiver, une boiiuo nourriture aux bestiaux, de même (|ue les branches
coupées après la sève d'Aoïit ; pour los cou.sot-vor, ainsi que les léuilles que l'on
destine à la nourriture des bestiaux, on doit los ciu-illir avant .pie ces fouilles
pâlissent, ou choisissant pour celte opération , flieure la plus chaude du jour ; on
les fait ensuite sécher .w grand air; ou los met dans un tc.nneaa où on les coniprinie
autant qu'il est po.ssible, et Ion tienl ce totmeaii h l'.ibi-i de la ].luie el du soleil. Ou
rctii-e une sorte de cire des bourgeons, a^ant leur développemeiil.
C'est particuîièrcincul avec l'écorce du Bouleau noir que les Canadiens fabt-iquenl