2. ZIZIPHUS Lotu.s. JUJUBIER des Lotophages.
Z. aculeis geminis. alcero recurvo ; foliis ova- J. à aiguillons gémini^s, l'un des deux recourbd;
tis, crenatis ; drupa rocunda. DESF. Acad. feuilles ovales, crenelées ; drupe arrondi.
1788. p. 443. t, 2). flor. atl. 1. p. 200.
ZIZIPHU6 sfhestris. SCHAW. Specini. n. 623.
Arbrisseau très rameux, de quatre ou c i n q pieds de hauteur. R a m e a u x recourbés
vers la t e r r e , et d ' u n gris blanchâtre. Doux aiguillons ou piquants aux noeuds
des r a m e a u x ; l'un d ' e u x est recourbé. Feuilles alternes, petites, o v a l e s , obtuses
l é g è r e m e n t d e n t é e s , à trois n e r v u r e s , glabres, longues d'environ sept l i g n e s , et
larges de quatre , portées sur de courts pétioles. Fleurs petites, d'un blanc pâle,
solitaires ou glomérées, situées aux aisselles des feuilles. Pédoncule court et uniflore.
Calice à c i n q divisions p e u profondes, ouvertes et alternes avec les pétales,
qui sont au nombre de cinq. Deux styles courts et rapprochés. Fruit d'abord
v e r t , ensuite r o u g e , de forme s p h é r i q u e , de la grosseur d'une prune sauvage;
n o y a u petit, o s s e u x , arrondi, et à deux loges.
F L E U R I T . Au commencement du printemps; ses fruits mûrissent en automne.
HABITE. Le royaume de T u n i s , aux environs de la petite S y r t h e , et dans l'isle
G e r b y , sur les bords de lu Méditerranée.
Dans un mémoire de M. Dcsfontaincs , lu à l'académie en 1788, on trouve
u n e très bonne description de cet arbrisseau , et une savante dissertation sur
l e Lotus des anciens. J. Bauhiu et Clusius avoient pensé que c'étoit un Jujubier,
L e docteur Shaw avoit a n n o n c é , d'une manière assez v a g u e , que ce L o t u s étoit
l ' a r b r i s s e au dont nous parlons. M. Desfontaines l'a prouvé par de savantes recherches
dans les auteurs anciens : « Théophraste , d i t - i l , raconte que le Lotus
« étoit si commun dans l'isle L o t o i i h a g i t e , et sur tout l e continent a d j a c e n t , que
« l'armée d'Orphcllus ayant manqué de vivres en traversant l'Afrique pour se
« rendre à C a r t h a g e , se nourrit des fruits de cet arbrisseau pendant plusieurs jours;
« et précisément la plupart dos plaines arides et incultes qui conduisent de la
« partie méridionale du royaume de T u n i s vers les ruines de l ' a n c i e n n e Carthage,
« sont encore aujoiird'liui couvertes en beaucoup d'endroits de l ' e s p e c e de Juju-
« bier que je prends pour le Lotos. Je n ' y ai observé aucun arbre avec lequel on
« puisse le confondre. »
USAGES. M. Desfontaines cite un passage de Polybe , qui nous apprend la
maniéré dont on préparoil autrefois les fruits de cet arbrisseau : « Lorsque le Lotos
« est m û r , dit P o i y b e , les Lotophages le c u e i l l e n t , le b r o i e n t , et le renferment
... dans des vases : ils ne font aucuii choix des fruits qu'ils destinent à la nourri-
« ture des esclaves; mais ils choisissent ceux qui sont de meilleure qualité poui
« les hommes hbres : ils les mangent préparés de cette manière. Leur saveur au-
« proche de celle des ligues ou des dattes : on en fait aussi d u v i n en les écrasant
« et e n les mêlant avec do l'eau. Cette liqueur est très honne à b o i r e , mais elle
« ne se conserve pas au-delà de dix jours; c'est pourquoi ils n ' e n f b n t qu'à mesure
« qu'ils e n ont besoin féline dit la même chose sur la préparation du Lotos, et
il ajoute que son bois e t o i l . r e c h e r c h é pour faire des instruments. « A u j o u r d ' h u i,
« ajoute M. Desfontaines, les habitants des bords de la petite Syrte et du voi&i-
« nage du désert recueillent encore les fruits du Jujubier que je prends pour le
« Lotus: ils les vendent dans les marchés publics, les mangent comme autrefois,
« et en nourrissent même leurs bestiaux; ils en font aussi de la liqueur en les
« triturant et les mêlant avec de f e a u . Il y a p l u s , c'est que la tradition, que
« ces fruits scrvoient ancienuemcut do nourriture aux hommes, s'est même con-
« servée parmi eux. L'isle de Cerbi portoit le nom de Luiophagitis parcequ'elle
« produisoit abondamment le Lotus et les fiabitauts Lotophages n. M. Desfontaines
l ' a prouvé par différents passages de Strabon et de Pline.
Mungo Park ( i ) a trouvé aux environs de Marina, dans l ' i n t é r i e u r de l ' A f r i q u e,
un arbrisseau qui a quelque ressemblance avec le Jujubier des Lotophages: les
habitants do cette contrée l'emploient aux mêmes usages. La figure que ce courageux
voyageur en a donnée sous le nom de lihamnus Lotus offre des feuilles
entieres sur leurs bords plus grandes et plus arrondies que celles de l'individu
vivant au Muséum d'histoire n a t u r e l l e , et qui croît sur les côtes septentrionales
de l'Afrique. « Les tomberougs, dit-il, sont de petites baies jaunes et farineuses,
te d'un goût d é l i c i e u x : j e les ai reconnues pour le fruit de la jilante que Linnéus
c< a])peile lihamiius Lotus. Les deux Negres de Courda nous en montrèrent deux
K pleines coiboilles qu'ils avoient cueillies dans la journée. Ces baies sont très
« prisées par les gens du pays , qui en fout une sorte de paiii : ils coinmenccnt
« par les exposer quelques jours au soleil ; ensuite ils les pilent légèrement dans
« un mortier de ])ois jusqu'à ce que la partie farineuse soit séparée du noyau:
« ils délaient cette farine avec un peu d'eau ; ils en font des g â t e a u x , et ils les
« mettent cuire au soleil. Ces gâteaux ressemblent par l'odeur et par la couleur
« au meilleur pain-d'épices.
« Après qu'on a séparé les noyaux de la farine on les met dans un grand vase
« d ' e a u , et on les remue pour cti extraire encore le peu de farine qui y reste.
« Cette farine communique à l'e.iu un goût doux et agréable; et avec u n e légere
« adajdion de mihet pilé elle ibrme uue espece de grnau très b o n , qu'on appelle
« du Fundi, et q u i , pendant les mois de février et de mars, sert conununénient
« do déjcûner dans une grande partie du royaume de Ludamar. On recueille le
« fruit du Lotus en étendant un drap sur la t e r r e , et en battant les branches
« de l'arbuste avec une gaule.
« Le Lotus croît spontanément dans toutes les parties de l'Afrique que j'ai
« parcourues ; mais on le trouve sur-tout en très grande abondance dans les ter-
« rains sablonneux du K.aarta et du L u d a m a r , ainsi que dans la partie septcn-
« trionale du Cambara ; nul autre arbuste n'y est aussi commun. Cet arbuste
« fournit aux Negres un aliment qui ressemble au pain , et une boisson douce
« qu'ils aiment beaucoup : ainsi l ' on ne peut guere douter que ce soil le fruit de
« ce même Lotus dont Pline dit que se nourrissoient les Lotophages de la Libye,
cc J'ai mangé du pain de T.otus, et je crois qu'une armée peut fort bien avoir
« v é c u d'un pareil p a i n , comme Pline rapporte qu'en ont v é c u les Libyens, Le
« goût de ce pain est môme si doux et si agréable, qu'il y a apparence que les
« soldats ne s'en plaignoient pas. »
(0 Voyage dans rintérieur Je l'Afrique, faite
Casu-ra. Vol, t , pag. 157.
3.
'795. '796 et 1797, par M, Mungo Paik; traduit de l'anglaU par