châtaignes en plaçant sur un fou doux le pot, où il n'est resté que les châtaignes
sans eau ; on facilite cet effet en garnissant le couvercle avec un gros
linge qui concentre la chaleur; on retourne le pot pour qu'il présente ses différents
côtés à l'action du feu , afin que la chaleur se distribue également dans toute
Ja masse des châtaignes. Par ces atteiuions les châtaignes perdent l'eau extractive
et surabondante qui les pénétroit, et à mesure qu'elles s'essuient et se cuisent
elles acquièrent alors un goût , une saveur que n'ont point celles qui ont été
cuites à l'eau avec toutes leurs peaux, et même celles qu'un a fuit cuire sous la
cendre, On les retire du pot après un certain temps, et on a soin d'éviter qu'elles
ne oontractc nt un gont de brûlé on s'attachant trop aux parois intérieures du pot:
celles qui touchent à ces parois sont les plus rccherchécs par les friands, parcequ'ellos
sont plus rissolées et plus privées de leur eau extractive; et, par une
raison contraire, celles qui sont au centre du pot sont moins bonnes, se grumeleat,
parccqu'clles n'ont pas acquis une certaine consistance.
K Quoique l'eau dans laquelle on a préparé les châtaignes soit amere, cependant
on la réserve avec le tan et quelques petits débris de la substance farineuse
de Ja châtaigne, qni s'en d<-tachent lors des opérations du déboiradour et
du grelou, et on la donne aux cochons qu'on engraisse ; ils en sont friands, et
l'on prétend que le lard des cochons auxquels on en donne régnlièrenicnt pendant
quelques mois acquiert un très bon goût, sur-tout lorsqu'on ajoute une petite
quantité de châtaignes. »
Cette maniéré de préparer les châtaignes nous paroît la pins saine ; elle les
dépouille de cette eau amere et astringente, tonjouis nuisible aux personnes
sujettes aux calculs des reins , à l'engorgement des viscercs, aux coliques : par
l'enlèvement total de leur peau elles deviennent propres à calmer l'irritation des
bronches , et la toux catarrale. La châtaigne pilée et broyée avec du vinaigre
junollit les duretés dos mamelles. La volaille engraissée avec cc fruit acquiert
une chair ferme et de bon goût.
CuLTtTM. « Comme on éleve le Châtaignier do semences, les especes ou plutôt
« les variétés se sont beaucoup multipliées; il seroit aisé d'en faire une liste très
« étendue; mais nous avons cru qu'il suffiroit de rapporter les plus frappantes.
« Les Châtaigniers se plaisent dans les terres sablonneuses qui ont beaucoup
« de fond ; ils languissent dans celles qui ont le tuf à deux ou trois pieds de
« profondeur,
« Si f o n veut faire des pépinieres de Châtaigniers, on fera bien de Fane germer
« les fruits dans le sable, pour ne les mettre en terre qu'au printemps, après
avoir rompu le germe ou la radicule ; sans cette précaution, les mulots en
« détruiroicnt beaucoup pendant l'hiver, et les arbres qui pousseroient un long
« pivot reprendroient difficilement.
« On greffe les bonnes espaces de châtaignes, qu'on nomme marrons, sur les
« sujets qu'on a élevés de semences ; , et la greffe en sifflet est celle qui réussit
« le mieux.
<• Les l)onnes especes de marrons viennent du Daiiphiné, de Suse ; on on trouve
« aussi en Languedoc, en Provence ; et l'on assure que le Châtaignier croit natu-
« Tellement à la Louisiane dans les terrains éloignés de cent lieues de la mer ».
DUHAM.
On mnhiplie ordinairement de semences les Châtaigniers que l'on destine à
former des taillis et des forêts, ou une pépinière, d'où l'on tire les sujets pour
les transporter ailleurs. Virgile a dit dans son second livre des Géorgiques: ^^Pars
autem (arborum) posito surgunt de semine ; ut altm Castaneoe» Dans tous
les cas il faut choisir les phis belles châtaignes. Si le terrain est inculte, on coupera
toutes les broussailles, on arrachera les racines, ef l'on donnera un labour
profond, afin d'ensevelir les herbes. Quelques personnes préfèrent de semer à
la fin de l'automne , mais il est à craindre que les rats de terre et les insectes
ne dévorent la semence pendant l'hiver. En ayant soin de faire germer les châtaignes
dans du sable, on est plus sûr du succès. Il est à propos de mettre quelques
bouleaux, marccaux, etc,, dans les semis de Châtaigniers, parceque f ombre
favorise beaucoup leur accroissement. Ces arbres sont bons à planter à demeure
quand ils ont cinq à six pieds de liant : avant la transplantation il est essentiel
que les trous soient faits pour recevoir les arbres, qu'ils aient au moins cinq pieds
de largeur sur une profondeur de deux à trois, et qu'ils aient été ouverts plusieurs
mois d'avance. «Je préfère, dit Hosier, les transplantations faites aussitôt
après la chute des feuilles , à celles qui s'exécutent en février ou en mars :
1° à k premiere époque on a le choix du jour, et par conséquent on choisit
l'instant où Ja terre n'est ni trop mouillée, ni trop sechc ; 2" l'affiiissement
naturel de la terre fait que pendant l'hiver elle se collc et s'unit aux racines,
de maniéré qu'il ne reste point de vuidc ; 3° Peau des pluies, des neiges, filtrée
par la terre remuée, pénétré plus profondément dans le sol au-dessous des
racines de f arbre, et y maintient une humidité précieuse. Au contraire, dans
la transplantation après f h i v e r , f humidité s'échappe facilement d'une terre nouvellement
remuée ; et s'il ne sur\-ient pas des pluies, il reste des vuides entre
les molécules de la terre et les racines, et dès-lors les racines s'y chancissent;
enfin ces racines ne tirent de la terre aucune substance jusqu'à ce quelles y
soient intimement unies». Toutes ces précautions, et quelques autres pour f entretien
des jeunes plants, comme les labours, l'extirpation des mauvaises herbes,
suffisent dans un bon terrain : mais il n'en est pas de même lorsqu'on veut tirer
parti d'une bruyere aride, sablonneuse , et dont le fond a peu de consistance. Le
Châtaignier pc-ut encore néanmoins y prendre racine et former une belle forêt.
Voici les procédés qu'il faut suivre pour arriver à ce but ; il faut d'abord le nettoyer
de toutes les broussailles et des souches darbres qui pourroient y être parsemées,
arracher même les arbres jusqu'aux racines, et le plus avant qu'il sera possible.
La bruyere que l'on coupera pourra former un excellent fumier en la faisant
passer quelque temps sous les bestiaux, recouverte d'une litiere épaisse. Après
avoir enlevé le plus qu'on pourra les racines de bruyere, on donnera un premier
labour avant l'arrivée des gelées, et f o n prendra pour cela plusieurs paires de
boeufs ou do chevaux, afin que la force de ces animaux puisse vaincre tous les
obstacles qu'ils trouveront de la part de ces racines et de la terre même. Avant
la fin de l'hiver on lui donnera un second labour, on y passera la herse, et l'on
se disposera a planter les arbres. Pour cet effet on se servira d'un grand cordeau
de cent toises de longueur au moins, auquel on aura prathjué des noeuds à six
pieds de distance les uns des autres ; on formera des trous de trois pouces de
diamètre et d'un pied et demi de profondeur vis-à-vis de chaque noeud du trou;
ensuite ou transportera le cordeau à la distance de six pieds de la premiere
rangée, et dans toute l'étendue du terrain qu'on aura à planter.
3. rg
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