i 4 THUYA.
« Il sort des Thuya du Canada dos grains de résine jaunes et transparents
« comme du copal ; mais cette résine n'est point dure , et en la brûlant elle répand
« une odeur de galipot.
« Quoique le bois de cet arbre soit moins dur que le sapin, il est néanmoins
« d'un bon usage ; il est presque incorruptible.
« En Canada on emploie le bois de cet arbre pour palissader les fortifications , et
« pour faire des clôtures de jardins, parcequ'il résiste plus long-temps aux injures
« de l'air et qu'il n'est pas si sujet à la pourriture que tout autre bois. En le tra-
« vaillant il répand une mauvaise odeur ». DUHAMEL.
Les Thuya servoient autrefois à rornement des jardins; ils prenoient différentes
figures suivant le caprice et le goiit du moment : mais on s'apperçut que des
arbres mutilés par le fer ne pouvoient plus offrir ces formes naturelles et variées, cet
abandon gracieux dont la main du Créateur à embelli les végétaux ; et leur culture
fut négligée. A u lieu de les planter parmi les fleurs ou autour d'un parterre, ilseroit
plus à propos de les réscr\'er pour les bosquets, et les placer parmi les arbres verds:
ils formeroient avec les sapins une des bases des bosquets d'biver; leur verdure
néanmoins rougit un peu en é t é , et perd son éclat : on peut aussi s'en servir a\'^c
succès pour former des abris et des palissades toujours vertes , qu'on tond au
ciseau. Lorsqu'on froisse ses feuilles elles exhalent une odeur résineuse très forte,
mais assez agréable ; cela peut provenir de la liqueur contenue dans les glandes
qu'on apperçoit sur leur dos: au lieu que le Thuya d'orient, dont les feuilles
sont dépouiTues de glandes, est à peine odorant.
CULTURE. « Toutes les especes do Thuya peuven t s'élever de semence; ceux
« du Canada se plaisent singulièrement dans un terrain fort humide. 55 DuHAMrx.
Lorsqu'on desire multiplier cet arbre, ce doit être par graine , quoiqu'il prenne
par boutures faites au commencement de l'automne. Dans l'intérieur de la France
les semis peuvent être faits dans des pots garnis de terre douce ct légere, recouverte
de mousse, et placés au soleil levant. Les arrosements doivent être fréquents,
mais légers, les mauvaises herbes détruites avec soin. On les laisse se fortifier pendant
toute la premiere et même la seconde année, en observant pendant l'hiver
de garantir les jeunes pieds de la neige et du grand froid. A la fui do la seconde
année on donne à chaque pied son pot séparé, et une terre plus substantielle,
toujours recouverte de mousse; après la troisième, ct encore mieux après la quatrième
année, on les dépote sans déranger les racines, on les plante à demeure,
et alors ils n'exigent aucun soin particulier, à moins qu'il ne survienne de la sécheresse
dans l'année de leur transplantation ; dans ce cas un léger arrosement devient
indispensable. Cet arbre a également besoin que son pied soit travaillé deux ou
trois fois pendant sa jeunesse.
A mesure que le pied de l'arbre se fortifie il faut être très modéré sur les branches
à abattre dans le bas; il s'élevera de lui-même sans vos soins, et les branches inférieures
se détruiront d'elles-mêmes. Les plaies faites par les amputations sur les
arbres résineux se cicatrisent avec peine , et occasionnent pendant long-temps un
Ilux de résine ou gomme résine suivant la nature de l'arbre ; si au contraire la
branche se détache d'elle-même du tronc, il n'y a point d'exsudation , et la plaie
est bientôt recouverte par la nouvelle écorce.