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Dans ces diverses observations on pent se demander
comment l ’effet nuisible a pu se produire. Dans les
premières, ce serait évidemment les spores seules
qui auraient produit les accidents; dans les deux dernières,
ce serait le champignon entier, mais la quantité
en est si minime, qu’on doit peut-être y voir l’effet des
spores seules. J ’ai déjàparlé de leur difficile altération;
on connaît aussi la facilité avec laquelle elles germent,
et le peu de temps qu’il leur faut, trois heures pour
certains mucors, selon Schmith; six à treize heures
pour certaines urédinées, d’après Hoffman, qui s’est
beaucoup occupé de ces observations.
Ne pourrait-il pas se faire que ces séminules, rencontrant
sur des personnes ijccupées à d ’assez rudes
travaux, par conséquent dans un état plus ou moins
grand de transpiration, toutes les circonstances nécessaires
à leur germination, chaleur et humidité, ne
pourrait-il se faire, dis-je, qu ’un certain nombre
d’entre elles ne présentassent un commencement de
germination, qui serait la cause première des accidents
développés, par la perturbation qu’elle peut amener
dans la constitution des liquides et des tissus de l’économie
?
Pour qui connaît la ténuité du mycelium de certains
champignons, la manière dont il rampe à la surface
des corps et aussi la puissance avec laquelle il s’insinue
dans les cellules organiques, les contournant
lorsqu’elles sont libres, et les traversant lorsqu’elles
sont soudées ; on pourra croire à la possibilité de ces
hypothèses, dont toutefois je ne puis admettre l’exactitilde,
tant que des observations positives ue m’auront
pas fait voir dans les parties affectées, dans les pellicules
d e là desquamation, etc., les caractères des espèces
ou plutôt de leurs premiers étals.
Cet exposé de l’action des champignons inférieurs
sur l ’économie m’a paru digne d’être connu ; quoiqu’il
sorte un peu du cadre que je me suis tracé, il prouve
l’utilité d’une étude plus approfondie d e là mycologie
dans ses applications à la médecine, et surtout à la
toxicologie.
Si incomplet que soit encore ce travail sur les propriétés
usuelles, chimiques et toxicologiques des champignons,
je n ’hésite pas à l ’adresser à l ’Académie,
parce qu’il contient des faits nouveaux et assez importants.
Certes, il n ’est pas aussi complet que je l’aurais
désiré (on a vu que j ’ai été forcément arrêté dans
plusieurs points de mes recherches) ; mais, tel qu’il est
cependant, je le crois utile; il ouvre la voie à de nouveaux
travaux, qui seront, je n ’en doute pas, plus profitables
encore. J ’espère poursuivre mes recherches,
et je m’estimerai heureux si je puis contribuer à jeter
quelque lumière sur cette partie de la science, qui est
encore si peu connue.
FIN.
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