
vait contenir un denier rom ain ; accident facilement
explicable de nos jours, et qui l ’était alors fort peu.
Toujours est-il q u ’ils étaient à peu près d ’accord pour
regarder les champignons comme un aliment dangereux.
Les Romains eux-mêmes leu r avaient donné
nom de F u n g i [Acfunus, convoi, cadavre, et de ago je
mène, je fais.) Tout le monde connaît les accidents
arrivés aux empereurs C lau d e , Jo v ie n , e tc ., qui
payèrent de leu r vie leu r goût pour ces p ro d u c tio n s,
ce qui faisait dire à Né ron, p a r allusion à la mort
de Claude, que l ’oronge était un aliment des dieux.
On voit cependant que, si l ’on reconnaissait dans
certains champignons des poisons x io len ts, on ac cordait
à d’autres les honneurs des tables les mieux
servies , et leu r usage s’est maintenu malgré les
ac c id en ts, car Thomme a de tout temps cherché
po u r sa n o u rritu re ce qui flatte son goût et sa sensualité.
Ne possédant aucun caractère certain pour distinguer
les espèces vénéneuses des bonnes, les anciens ont
dû avoir de nombreux malheurs à déplorer. Le soin
que mettent les auteurs depuis Dioscoride à établir
cette distinction, et à donner les moyens de combattre
les accidents que q uelques-uns de ces végétaux occasionnent,
semble le prouver. Cependant ils avaient
bien soin de faire remarquer que les champignons donnaient
la mort, non-seulement parce q u ’il y en avait de
vénéneux, mais aussi parce q u ’on en mangeait sans
mesure, et q u ’alors, suivant leu r expression, on pouvait
mourir « étouffé. » Ce fait, on a peine encore à le
comprendre de nos jo u rs, puisque dans la moindre in digestion,
suite d ’un repas où figurent les champignons,
on se croit aussitôt empoisonné. Il est certain
que, dans quelques cas, quand on en mange outre mesure
ou q u ’ils sont peu cuits, ou que ceux qu’on a récoltés
sont des espèces coriaces, ils sont indigestes; et
c’est ce que les auteurs anciens reconnaissaient en leu r
attrib u an t des qualités « froides et épaisses, capables
d ’engendrer des h umeurs mélancoliques et grossières,
et prédisposant à l ’apoplexie et à la paralysie. »
Imbus, sans doute, des idées superstitieuses de l’époque,.
tous répètent à l ’envi Dioscoride et Matthiole
qui donnent comme vénéneux tous ceux qui naissent
près d ’un trou de serpent, d ’un drap moisi, d ’un clou
rouillé, d’un arbre vénéneux. Tous disent que les
mauvaises espèces se corrompent presque aussitôt
q u ’on les a coupées, après avoir changé de couleur et
être devenues rouges, vertes, noires, e tc ; aussi recommandent
ils de ne pas les faire cuire sur de la braise
ou de la cendre chaude, ni même sur un gril de fer,
dans la crainte q u ’on ne puisse reconnaître ces caractères,
signes certains, pour eux, de leu r mauvaise
qualité..Avicenne regardait comme les plus pernicieux
ceux dont la couleur était verte, noire, rouge ou violacée.
Tel était l ’état des connaissances depuis Matthiole
ju sq u ’à la fin du dix-septième siècle sur les moyens
propres à distinguer les bonnes des mauvaises espèces.
A cette époque seulement nous voyons ajouter quelques
observations nouvelles, mais tout aussi incomplètes, ou
ÏA:
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