
sifs, d it-o a . On a conseillé de rejeter tous ceux qui ont
une odeur vireuse, désagréable, ou forte et repoussante.
Ici il y a encore du vrai, mais il y a aussi des
exceptions. Ainsi, recoimaîtra-t-on toujours l ’odeur
vireuse, peu sensible dans le jeune âge, de VAmanita
bulbosa, le plus redoutable poison ; de VAm.pantherina;
celle de la fausse oronge moins sensible encore ? Et l ’on
oppose q u ’il faut au contraire prendre les champignons
qui ont une odeur agréable, sans indiquer que
des espèces vénéneuses présentent ces qualités. Tel est
VAgancus nebularis {pileolarius de Bulliard), que j ’ai
trouvé assez fréquemment sur les feuilles amoncelées
dans les fossés des bois. Je me rappelle l ’avoir cueilli,
ces deux dernières années, et avoir constaté la finesse
et la blancheur de sa chair, son odeur agréable et
douce, analogue à une très-lég ère odeur de fleurs d ’oranger
; et pourtant, je vois (t) que cette espèce a causé
de graves accidents à un mycologiste distingué, le docteu
r Cordier, qui l ’avait expérimentée sur lui-même,
confiant sans doute en ses caractères trompeurs. Combien
y en a -t-il d ’autres qui p o u rraien t donner lieu à
des accidents analogues ? On a dit encore que ceux qui
présentaient une couleur éclatante, bigarrée, e tc .,
étaient vénéneux, sans doute pour éloigner la fausse
oronge ; il y a cependant de bonnes espèces qui présentent
ces caractères, l ’oronge vraie en particulier.
On peut s’apercevoir déjà p ar les réfutations précédentes
combien sont incertains ces caractères généraux.
(I) L év e illé , B ic t. u n iv . d ’hist. n a t. d e d ’O rb icn y , a r t . iïÿan'c. P a ris,
I84'J. tom e I, p a g e 177.
La présence d’un lait âcre n ’a pas plus de valeur,
car dans bien des campagnes on mange certains lactaires,
YAgaricus acris même, et l ’on ne s’en trouve pas
incommodé.
Une saveur désagréable ne doit pas tro u v er plus
d ’appui. En effet plusieurs des espèces les plus inoffensives,
le Cantharellus cibarius, plus connu sous le
nom de chanterelle, gyrole, e tc ., etc.; YHydnum re-
pandum, vulgairement pied-de-mouton blanc, sont mangées
partout, et offrent le plus grand secours dans les
campagnes par leur abondance et la facilité q u ’-on a de
les reconnaître ; et cependant tout le monde sait que,
quand on les mange crues, elles laissent dans la gorge
un goût âcre ou poivré. De plus, certaines russules, reconnues
maintenant comme inoffensives, sont aussi
âcres que les lactaires.
Le changement de couleur que peut pré senter la
chair d’un champignon lorsqu’on le brise n ’offre,
comme caractère, pas plus de certitude : les cèpes offrent
en effet très-sou vent une coloration rosée ou violacée
lorsqu’ils ont atteint leu r maturité. Ye Boletus auran-
tiacus est dans le même cas. VAgaricus deliciosus, que
l’on mange si abondamment en Sologne et dans tant
d’autres pays, devient d ’un vert toncé quand on le
froisse. Ne voyons-nous pas YAgaricus edulis lui-même,
dans sa jeunesse, présenter aussi dans plusieurs de ses
variétés sauvages, quand on le coupe ou même quand
on le froisse, une coloration jau n e safranée d autant
plus intense q u ’on approche des bords du chapeau?
Dans une autre de ses variétés, la couleur est rougeâtre.