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« s o i r ; la demoiselle n ’était plus. La mère, qui ne
(( s’occupait aucunement de sa pauvre enfant, avait les
« yeux caves, les lèvres etla langue froides et violacées ;
« son teint olivâtre rappelait le choléra ; on sentait à
« peine les battements de l ’artère radiale, ceux de la
(! brachiale étaient à peine sensibles, et les mouve-
« ments du coeur s’affaiblissaient sans devenir irrégu-
« liers; l’agonie se prolonge cependant encore jusqu’à
«six heures du matin, et cette malheureuse mère ne
« s’occupe pas un instant de sa fille qu’elle avait vue en-
« toiirée de soins quelques heures auparavant, et dont
«elledevait aperçevoir le chevet abandonné, car une
« seule porte séparait les deux chambres.
« Je n ’ai pas cru devoir interrompre ce récit en in-
« tercalant les moyens employés, parce qu ’aucun n ’a
« été suivi de la moindre amélioration. Je vais simple-
« ment les énumérer par ordre.
« D’abord quelques cuillerées d’une potion stibiée
« en lavage pour expulser les débris que pouvait conte-
« nir encore le tube intestinal, puis le sirop d ’éther, les
« infusions aromatiques, le lait, la solution de blanc
« d ’oeuf, furent vomis immédiatement; les boissons aro-
« matiques élhérées, les vins de Bordeaux et de F ronti-
« gnan ne furent pas tolérés davantage ; les lavements,
« les frictions sèches ou humides avec l ’alcool camphré,
« l ’insolation même et les sinapismes ne donnèrent
« lieu à aucune réaction. La potion antivomitive de
« Rivière, additionnée de dix gouttes de laudanum,
« parut, plus nuisible qu ’utile, dès les premières cuille-
« rées, et ne fut pas continuée. Les vomissements per-
« sistèrent toujours, excepté chez la mère, comme nous
« l’avons dit plus haut, et elle nous suppliait delà faire
« vomir. Les sangsues à l ’anus ne produisirent pas un
« meilleur effet; deux choses seules parurent un peu
« calmer, la glace à l ’intérieur et les fomentations
« émollientes sur le ventre. Nous ne crûmes pas devoir
« recourir à la saignée, parce que la réaction manquait
« complètement.
« Une des bonnes, qui avait goûté quelques parcelles
« crues de ces champignons, vomit huit à dix fois au
« bout de seize heures seulement, et ne fut pas sérieu-
« sement indisposée ; l ’autre qui en avait goûté après la
«cuisson, et qui soutint longtemps q u ’elle ne croyait
« pas en avoir avalé, n ’éprouva les premiers accidents
« qu ’au bout de quarante-huit heures, et donna de
« vives inquiétudes (1). »
Cette observation s’applique très-bien à tous les cas
d’empoisonnement par l ’amanite bulbeuse. Tous ceux
qui sont cités par les auteurs sont semblables ou à peu
de chose près ; tous aussi se ressemblent par le long
espace de temps qui s’écoule depuis l ’ingestion du
champignon jusqu’aux premiers symptômes, neuf heures
pour le moins, mais presque toujours dix ou même
douze heures, rarement davantage. Les premières douleurs
apparaissent dans la région épigastrique, puis
surviennent des nausées, des vomissements, des évacuations
alvines, de l ’anxiété, des coliques plus ou moins
fortes; la petitesse du pouls est extrême. II y a somno-
(1) J o u rn a l de chimie médic., a n n é e 1846.
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