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J24 DES CHAMPIGNONS.
écrit, et qui donne naissance à une belle sphérie (le
Coi'dy ceps purpurea), comme l ’a démontré M, Tulasne;
je dirai cependant qu ’il n ’est pas probablement le seul
qui possède des propriétés abortives,carM. le professeur
Bouchardat (1) indique, d ’après les Annales de médecine
vétérinaire belges, que onze vaches ont avorté en
huit jours dans une étable, après avoir mangé du maïs
infesté A’Ustilago mayadis. Les accidents ont cessé dans
l ’étable en changeant de nourriture. De plus, l ’auteur
de cette observation, M. Haselbach, a expérimenté sur
deux chiennes pleines ce cryptogame desséché, et elles
n ’ont pas tardé à avorter. Ces observations n re n rappellent
une que j ’ai faite en 1861, à laquelle, cependant,
je n ’attache pas la même importance, quoiqu’elle
vienne à l’appui : voulant expérimenter si le Boletus lu-
te u s ,hm . [Bol. annularius, DuW.) était vénéneux ou non,
je donnai à une souris de l’extrait de ce champignon
pour nourriture ; le lendemain elle avait mis bas trois
petits informes qui n ’ont pas tardé à succomber ; la
mère vécut dix jours avec cet extrait sans en paraître
incommodée, après quoi je l ’ai tuée.
§ VI. — Symptômes toxiques e t lés ion s développés par
certains champignons inférieu rs .
Dans les genres les plus inférieurs des champignons,
certaines espèces peu connues à la vérité, mais qui ne
s’en recommandent pas moins aux observations des savants,
peuvent donner lieu à des affections de nature
(1) Répertoire de pharmacie, m a i 1861.
diverse. Je veux parler des accidents survenus par l ’action
de certaines espèces de mucédinées et d’urédi-
nées sur l’économie.
Deux ordres de faits peuvent se présenter; ou le
champignon agit sur la circulation et le système nerveux
peu de temps après son ingestion ou son absorption
, et alors c’est un véritable poison; ou il agit
indirectement en désorganisant les tissus, et donnant
lieu par sa végétation sur ou à l’intérieur de nos organes,
à toute une série d’accidents plus ou moins graves.
Il paraît maintenant hors de doute que des cryptogames
peuvent se développer sur les animaux et m ême sur
l ’h omme vivaijt, et donner lieu, bien qu ’une certaine
partie de ces champignons soit admise par les uns et
niée par les autres, à des altérations qui sortent pour la
plupart du domaine de la toxicologie, et pour lesquels
on peut consulter les travaux de MM. les docteurs Bazin
(1), Gruby (2), et surtout ceux d eM. le docteur L e-
bert, (3), deM. le professeur Ch. Robin (4). Les belles
expériences de M. Pasteur ajoutent un grandpoids àces
observations, en démontrant péremptoirement l ’action
que les êtres inférieurs des règnes animal ou végétal,
exercent s u r la désorganisation des substances sur lesquelles
ils végètent. Certes je suis loin de regarder les
(1) B a z in , Leçons sur les affections cutanées parasitaires. P a r is ,
1858.
(2) G ru b y , Observaiiones microscopicæ admorpholorjiampathologicam.
V in d o b o næ , 1840. -
(3) L e b e rt, Traité d'anatomie pathologique. P a ris, 1860.
(4) R o b in , Histo ire naturelle des végétaux parasites q u i croissent sur
l ’homme et sur les a n im a u x vivants. P a ris , 1853.