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()0 DES CHAMPIGNONS.
suc, mais qui n ’a pas été bouilli, car il retient la plus
grande partie de ces matières grasses. En quelques
jours l ’éther se charge de la presque totalité des corps
gras et de l ’huile essentielle, et se colore en jaune soufré
pâle. On le décante après expression, et on le laisse
évaporer à l ’air libre. On o b tien t'a lo rs une masse
jaune soufré, assez analogue pour la couleur à celle du
chapeau, et qui présente une certaine apparence de
cristallisation.
J ’ai desséché cette matière à l ’air libre, et je l’ai
chauffée au bain-marie dans un tube d ’essai courbé et
étiré à son extrémité, de manière à simuler une petite
corn u e; elle m’a donné alors, par la distillation, quelques
gouttelettes d ’eau, mêlées d ’autres plus petites
d ’un liquide qui ne s’y dissolvait pas, d ’une odeur très-
forte, vireuse, particulière, fort analogue à celle du
champignon, mais bien plus intense, et qui tache le
papier à la manière des corps gras ; mais la tache disparaît
p a r la chaleur. Ce liquide est évidemment une
huile essentielle q u ’on pourrait très-certainement re cueillir
en quantité suffisante, si l ’on opérait sur une
plus grande masse.
Ce qui reste dans le tube est soluble en petite quantité
dans l ’alcool faible, beaucoup plus dans l’alcool
concentré, et entièrement dans l ’éther, quoique ce ne
soit pas en toutes proportions. Celui-ci, en effet, après
avoir dissous cette matière, laisse précipiter par la concentration
des granulations cristallines jaunâtres, ou
plutôt des cristaux mous q u ’on peut séparer par le
filtre et laver avec u n peu d ’éth er très-froid. On obi
CHAPITRE 111. 61
tient alors une masse cristalline peu dure, blanchâtre
ou jau n âtre, qui est, je crois, la substance que M. Gobley
a désignée sous le nom d ’agaricine, et p eu t-ê tre
aussi l’adipocire de Vauquelin. Elle se distingue des
corps gras par sa solubilité moins grande dans l ’alcool,
et le peu d’action des alcalis sur elle. Elle se rapproche
des résines, dont elle diffère par sa consistance plus
molle, par sa solubilité moins grande dans l ’alcool et
l’éther. Elle a une réaction évidemment acide. Insoluble
dans l’eau, elle n ’a pas de saveur, et elle n ’a d ’odeur
que si elle n ’est pas bien privée d ’huile essentielle.
C’est la partie la p in s abondante de la matière grasse.
L’éther qui a laissé déposer cette substance donne
p ar l ’évaporation une autre matière grasse mi-solide,
baignée dans une huile fixe d ’un jau n e plus foncé. J ’ai
pu les séparer en mettant le to u t, vu la petite quantité
sur laquelle j ’opérais, sur un papier Berzelius plié en
plusieurs doubles. Le papier a absorbé la partie h u ileuse
et a laissé la matière grasse proprement dite q u ia
to n ta fait l’apparence butyreuse, sans goût bien sensible.
J ’ai remarqué q u ’elle rancissait très-vite, par
l’odeur particulière à cette altération. On commence en
effet à en percevoir les premiers indices quelques jours
après sa p ré p a ra tio n .
J ’ai ensuite traité par l ’éther le papier imprégné
d ’huile, e t j ’ai obtenu par l ’évaporation cette substance
sous forme liquide, d ’une couleur ja u n e , inodore, et
d’une saveur presque douce. Elle est peu abondante ;
cependant j ’ai pu en obtenir assez pour en reconnaître
la nature.