
On a voulu accorder aussi une grande inniportance
aux caractère tirés de la présence des vers, des insectes
ou des limaces qui s’en nourrissent. Mérat (1)
'c dit que toujours l ’agaric bulbeux et la fausse oronge
a sont intacts, quel que soit leu r âge, tandis que nous
« n ’avons jamais pu trouver un cèpe qui ne fût dévoré
« en partie par les limaces, etc. » II est certain que
les champignons comestibles, généralement d ’une
odeur plus agréable, sont plus souvent la proie de ces
petits animaux que les champignons vénéneux ; mais je
puis assurer, et je ne suis pas le seul, que j ’ai fréquemment
trouvé ces deux mêmes champignons mangés par
des milliers de larves de diptères et de stapbylinides ;
cette automme encore, j ’ai pu rema rquer le goût p rononcé
que les limaces ont pour l ’agaric bulbeux et la
fausse oronge. J ’avais mis dans ma cave un certain
nombre de ces champignons récoltés dans la jo u rnée,
et le lendemain je les ai trouvés en partie dévorés
(principalement les lames) par de grosses limaces
grises, qui ne m ’oiit paru nullement en souffrir. Le
docteur Léveillé a aussi signalé le fait d ’avoir no u rri
plusieurs jours cette même espèce avec Y Am a n itam m -
caria, sans l’avoir fait p érir. 11 est certain que la différence
entre les animaux vertébrés et ceux des ordres
inférieurs est si grande, q u ’on ne peut accorder la moindre
confiance à des caractères de cette nature.
Quant à l ’habitat des champignons, peut-il y avoir plus
de sécurité dans des indications tirées: d ’une localité
(1) M é ra t, Dictionnaire de matière médicale, P a ris 1830, t. I I ,p . 199.
a r t. Champignon.
découverte, d ’un pâturage, d ’une bruyère, etc., pour les
bonnes espèces? des endroits sombres, des bois touffus
ou.humides pour les mauvaises? Nullement. 11 n ’est
personne qui ne sache, pour peu q u ’on ait la plus
légère habitude de leu r recherche, que le même bois;
qui souvent au printemps nous donne la morille, nous
donne plus tard le Cantharellus cibarius, YAgaricus
procerus, Y H yd n um repandum, \eBoletus edulis, e tc ., en
compagnie des Amanita muscaria et bulbosa ; et les bois
humides, s’ils nous donnent des russules et des lactaires
de n atu re vénéneuse douteuse, ne nous offrent-ils
pas aussi d ’excellentes espèces de clavaires, de bolets,
d ’helvelles, etc. ? Du reste, \es Amanita bulbosa et muscaria
viennent tout aussi bien dans les friches et les
bruyères que dans les bois, e tm êm e, jep u is dire que j ’ai
vu maintes fois ces deux dangereuses espèces venir en
plus grand nombre dans les bruyères nouvellement défrichées.
Il est certain cependant que les plaines, les
prés, les pelouses, les landes découvertes offrent un plus
grand nombre d’espèces comestibles que vénéneuses.
Mais ne pourrait-il pas arriver, quelquefois, que p lu sieurs
de celles-ci ne se trouvassent parmi les p ra te l-
les, les mousserons et autres espèces alimentaires, surtout
à proximité d’un bois ?
J ’aurais pu, certainement, multiplier les réfutations
en les appliquant à d ’autres caractères qui n ’ont pas
plus de valeur, et qui sont moins connus des amateurs,
tels que la couleur des lames, qui peut offrir toutes les
nuances dans les espèces comestibles ; 1 acidité au tournesol,
que toutes, sans exception, nous offrent; la pré