
leur conservation, ont aussi beaucoup contribué à cet
abandon. Maintenant encore, quoique cette partie de
la science soit en voie d ’atteindre le niveau général, les
savants qui s’en occupent sont beaucoup moins nombreux
que pour les autres parties de la botanique. Il
est fâcheux aussi que, parmi ceux-ci, il ne s’en trouve
pas un plus grand nombre qui aient le loisir ou les connaissances
nécessaires pour l ’examen chimique de ces
productions. Des études consciencieuses dans cette direction
auraient, je n ’en doute pas, beaucoup avancé
ce côté de leu r histoire.
Le défaut s’en fait sentir tous les jo u rs, leurs poisons
n ’étant pas encore connus, ne peuvent être neu tralisés
; et des familles entières, poussées, les unes par
leu r goût particulier ou le désir de manger un mets
nouveau, les autres par la nécessité, payent encore tous
les ans de leu r vie la stérilité de nos connaissances sur
ces matières. C’est malheureux! tout le m ó n d ele comprend
: aussi voit-on depuis le commencement du siècle
de nombreux efforts tentés pour éclaircir ce chaos.
Non-seulement rien encore de concluant n a paru,
mais on est même frappé du peu de jo u r qui se fait
sur ce point. L’étude des champignons est trop peu
répandue, voilà la source du mal ; depuis Bouillon-
Lagrange, Braconnot (1) et Vauquelin, à qui l ’on doit
les premières études chimiques sur ces végétaux, personne
n ’a pu , ju sq u ’à présent, en déterminer avec c e r-
(1) B ra c o n n o t, Recherches analytiques su r la nature des champignons
[B u lle tin de pharmacie, 1812, p . 304 ; A n n . de chimie, P a ris ,
1812, t.LXXX, p . 272).
titude les principes immédiats. Braconnot est peut-
être celui qui a le plus approché de la vérité, eu
égard à l ’époque où il écrivait ses analyses; car, à part
les substances q u ’il donnait comme nouvelles, et que
les travaux plus récents de Knop et Schnedermanu,
Liebig, Payen, etc., ont fait reconnaître pour de la cellulose,
de la mannite, e tc ., il indiquait des matières
gélatineuses, que les derniers savants qui se sont occupés
de cette question ont plus ou moins passées sous
silence. Llles sont cependant si évidentes, q u ’elles
forment la plus grande partie de leurs principes solubles.
Quoique je les croie différentes de celles q u ’il a
indiquées, elles existent réellement, et jouent un rôle
important dans l’accroissement de ces productions, et
dans le degré de leu r valeur nutritive. ,
M’occupant depuis longtemps de cryptogamie, j ’ai
étudié plus spécialement dans le cours de ces dernières
années les champignons sous le rapport de leur composition
chimique. C’est le résultat de mes an a ly se s,
auquel j ’ai joint les diverses recherches que j ’ai faites
au point de vue toxicologique, que j ’ai l ’ho n n eu r d ’adresser
à l ’Académie, persuadé que, tout incomplet que
soit encore ce travail, elle accueillera avec intérêt des
communications qui lui prouveront au moins que sa
voix a été entendue.
Certes, le mémoire que je présente n ’est pas le dernier
m ot qui sera dit, et même, je l’espère, le dernier
que je dirai sur ce p o in t; mais, si l ’on considère la
difficulté e t l ’étenduedu sujet, le m anque presque complet
de champignons pendant l ’été de 1863, et, je le