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l ’eau une ou deux fois. On laisse macérer les champignons
deux heures entières, puis on les lave à grande
eau, pour les remettre dans de nouvelle eau pure, et les
faire bouillir un quart d’heure, ou mieux une demi-
h eure ; après quoi on les retire, on les lave, on les
égoutte et on les essuie dans un linge sec pour les
apprêter comme on le désire.
Des expériences ont été faites en présence des
membres du Conseil d’hygiène et de salubrité, et
Gérard mangea, une première fois, 500 grammes de
fausse oronge et, quelques jours plus tard, TOgrammes
d ’amanite bulbeuse, sans avoir été incommodé autrement
que par un petit goût âcre, ressenti à la gorge,
et particulier à la fausse oronge. Cette sensation, déjà
connue des savants, avait été notée particulièrement
par Bulliard. Les membres de la commission qui en
avaient goûté légèrement, l ’ont aussi ressentie, et elle
doit être attribuée spécialement, comme je viens de le
dire, à VAmanita muscaria, puisqu’elle ne s’est pas
produite avec rx4mamV« bulbosa. Nous avons vu que la
matière que je crois contenir l’alcaloïde est fort âcre,
serait-ce à elle que cet eifet serait dû? S’il en était
ainsi, le fait en question rentrerait dans l’idée que j ’ai
déjà émise, que cette amanite retient son principe vénéneux
intimement lié à la cellulose, puisqu’il n’a pu,
malgré les traitements éliminatoires, être enlevé entièrement.
Ces expériences de Gérard sont, ce me semble, assez
concluantes et d’un intérêt très-grand. Elles peuvent
être fort utiles dans un moment de disette pour les
malheureux, ou encore pour les amateurs qui n ’ont
pas l’habitude de récolter ces productions. Je les ai répétées
avec l’amanite bulbeuse, et les animaux auxquels
j ’avais fait manger pendant plusieurs jours de
ce champignon ainsi privé de son principe vénéneux,
ont parfaitement vécu. Je suis certes le premier à
conseiller à quiconque ne connaît pas les champignons,
l’emploi de ce moyen quand la nécessité
l ’oblige à se servir de cet aliment, mais je ferai à ce
procédé le reproche d’enlever beaucoup de l ’arome
particulier à chaque espèce, et surtout la plus grande
partie des principes nutritifs solubles, la mycétide
particulièrement.
J ’ai remarqué que, quand on trempe un champignon
dans du vinaigre pur, ou qu ’on l ’imbibe de cet acide,
il ne tarde pas à mourir, si je puis me servir de cette
expression; il se fane, s’amollit, et rend une grande
partie de son suc, en un mot, il se confit. Cet effet a
lieu beaucoup plus vite avec l ’éther, le chloroforme,
l’essence de térébenthine, etc., etc. L’action du vinaigre,
quelque dilué qu’il soit, est évidente; elle a pour
effet de favoriser la sortie du suc de la plante. C’est
pour cela que l’eau acidulée qui a servi à la macération
est fortement colorée, comme l’a fort bien fait remarquer
M. Cadet-Gassicourt, l ’un des membres de
la commission instituée pour suivre les expériences de
Gérard, tandis que le liquide provenant de l’ébullilion
des champignons macérés ne l ’est que très -peu. Il est
certain que, si l’on rejette ces deux liquides, le p r e mier
surtout, qui renferme la plus grande partie du
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