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core, M. le professeur Chatin (1) cite, d ’après M. Dumont,
que les habitants de Boneville mangent la fausse
oronge comme un des mets les plus recherchés; une
seule fois on l ’a vue produire un délire furieux, qui
céda à l ’émétique et à une potion éthérée. Je dirai encore
que j ’ai vu, cette année, un e personne digne de foi
me rapporter q u ’étant un jo u r à la recherche de cèpes
dans la forêt de Montmorency, elle vit un amateur
récolter VAmanita muscaria qui lui assura q u ’il la mangeait
toujours sans crainte et q u ’il en faisait manger à
sa famille. J ’aurais voulu connaître cet amateur, p o u r
savoir comment il l’accommodait, car je crois que le
mysfèi’e de l ’innocuité assez fréquente de ce champignon
repose dans le mode de p répara tion; mais je n ’ai
pu obtenir aucun renseignement.
Si je me suis étendu sur cette innocuité accidentelle
en rapportant tous ces cas négatifs, c ’est que je tiens à
prouver que ce champignon agit de même p arto u t, et
que ce n ’est ni au climat, ni au sol, ni à la température
q u ’est due la différence de son action, mais bien à la
manière dont cette espèce est apprêtée, ou bien à une
différence diespèce. 11 faut aussi rema rquer que les cas
d ’innocuité sont des exceptions, et q u ’ils ont toujours
été publiés , tandis que les cas toxiques ne l ’ont pas
toujours été.
Ce qui tend à me faire rejeter complètement l ’influence
du climat, de l ’exposition, e tc ., sur son action,
c ’est une observation qui m’est personnelle, et que
(I) C h a lin , Compte rendu d'une excursion dans les Alpe s [B u lle tin de
la Société de botanique, 1861, t. VI, p . 137).
malheureusement j ’ai faite trop tard pour en tire r
tout le parti que j ’en aurais espéré (fin novembre 1863,
époque à laquelle il me fut impossible de trouver
des fausses oronges en bon état pour les expérimenter
à ce point de vue). C’est que l ’extrait obtenu
par l’évaporation du suc de ces champignons, filtré et
privé d ’albumine par la ch a leu r, n ’empoisonne pas les
animaux. J ’ai n o u rri des souris h uit jo u rs entiers avec
du pain mêlé d ’une grande quantité de cet extrait,
sans q u ’elles parussent en souffrir, et cela avec deux
préparations semblables obtenues à quinze jo u rs d ’in tervalle,
tandis que l ’extrait obtenu par l ’évaporation
de la décoction filtrée de ce champignon, récolté dans
les mêmes endroits, a toujours tué ces animaux le jo u r
ou la n u it du jo u r que je leu r en avais donné. Ces
expériences, répétées plusieurs fois, m’ont paru d ’un
si grand poids, que, voyant la même espèce présentée
tantôt comme vénéneuse, tantôt comme innocente dans
divers pays, je ne crains pas d ’attrib u e r cette diversité
d’action, plutôt à la manière dont elle est apprêtée, ré servant
toutefois la différence possible d’espèce, q u ’aux
localités diverses dans lesquelles elle aurait été récoltée.
11 est fâcheux que presque aucun au teu r n ’ait tenu
compte de ce fait, que je regarde comme l ’un des plus
importants. Le docteur Desmartis (1) seul nous dit :
(( Ce n ’était point après l ’avoir fait cuire avec soin,
« mais seulement chauffée sur des charbons, que les
(1) D e sm a rtis , loc. cit.