
Z74 L’ A N T I Q U I T E ' EX PL I Q U E'E, &c. L iv. IV.
même-,un habile General avoit toujours e'gard au tems,aulieu, &: aux ennemis
qu'il avoit à combattre, pour difpofér Ion armee félon les conjonctures.
Dans letems delà République , les Romains rangeoient, félonPolybe , leurs
flotes en quatre claffes , ou quatre rangs , mais cela fut change dans
la fuite ; on voit prefque autant d'ordres de bataille differens Û qu’on trouve
d’aCtions. Les Grecs n’avoient pas plus d’uniformité : chacun rangeoit fa flote
félon l’occafion. Si la flote étoit range'e en forme de demi lune, ordonnance
qui e'toic des plus communes ; le Commandant e'toit au milieu. Si elle étoit
rangée en ligne droite , il occupoit 1 aile droite de 1 armee : fi 1 aile droite des
ennemis étoit la plus forte , il fe mettoit quelquefois à l’aile gauche pour lui
être oppofé. Les navires étoient ou .plus ferrez, ou plus au large, félon la
difpofition de la flote ennemie. Un autre ordre de bataille afîez enufàge chez
les Grecs, étoit de ranger la flote en forme ovale.
Les foldats avoienr aulfi chacun un rang affigné ; on en mettoit fur
le pont, il y en avoit encore d’autres enreferve fous le pont.pour remplacer les
premiers , s’ils venoient à être tuez ou blefïèz. Les foldats armez pefamment
étoient placez fur les bords des ponts s les armez à la legere , comme les archers
& les frondeurs, fur la proue ou fur la pouppe, ou même au milieu:
mais cet ordre n’étoit pas toujours le même, il varioit félon la volonté du
commandant.
fecundum lo c i, temporis boftiumque condirionem,
illo vd illo modo exercitum ordinare. Reipublicæ
tempore Romani exercicus fuos navales, tefte Polybio
lib. i. quatuor in claflès, five quatuor inordines di-
videbanc \ verum hic raos poftea mutatus eft : nam
in hiftoriis fubinde tôt ordines diverfi obfervan-
tur , quot pnclia. Nec ftabilior apud Græcos aciei
navalis forma confpicitur. Ex occafione itaque ordo
pendebat. Si in bicornis lunæ formam ordinata effet
acies, qùæ forma inter ufitatiores erat : Dux in medio
conftituebamr ; fi in redam lineam, cornu dextrum
exercices occupabat ; at fi in dextero robur hoftilis
clafîîs effet, tune cornu finiftrum dux ipfe tenebat,
ut hoftili dextero opponeretur. Naves vcl denfiores
vel rariores ordinabantur fecundum aciei adverfar ra-
tionem. Alia ordinandi forma apud Grarcos non in-
frequens , ovata erat acies.
Milites fuo cuique loco conftituebantur : alii fupra
catafttoma feu tabulatum navis erant j alii in fubfi-
dium fub cataftromate conftituebantur, ut inftantc
pugna cadorum aut vulneratorum locum occupar
rent. Gravioris armaturje milites extrema tabulati
latera tenebant; levioris autem, armaturre , quales
erant fagittarii & funditores , in prora aut in puppi,
feu etiam in medio cataftromate locabantur : fed non
is femper ordo erat, ad placitum quippe prastoris du-
cifve omnia femper ordinabantur.
«MMaæMBMMMMsMaïSMMaaæ.aaæBstfaMBHKaæaïisissîïsæ »««sæsmïmsraBæïmuB
C H A P I T R E VI II .
I. Nouveaux préjages obferme-z^ awa,nt le combat. II. Bataille navale.
III. ^Maniéré de venir à l'abordage.
I. A Vant que d’en venir aux mains, ils obfervoient les prélages. Cette fu-
j \ perftition a régné plus que toute autre dans l’antiquité, l’hiftoire
Greque & Romaine en eft pleine : il y avoit certains prélages qui étoient
generalement tenus pour bons ou mauvais, & peutêtre un plus grand nombre
d’autres que chacun droit à fa fantaifle ; on faifoit aufli des facrifîces aux
dieux comme ci-devant : le general montoit fur un batiment leger, & alloit au
travers de la flote de côté & d’autre, pour exhorter chacun à bien faire. En-
fûite la trompette fomioitla bataille, premièrement dans le vaiffeau du Commandant
, enfuite dans tous les autres.
11. Quand le lignai étoit donné, les navires alloient les uns contre les autres
: ils tournoient pour prendre le vaiffeau ennemi à leur avantage : ils fai-
foient des efforts pour feparer les vaiffeaux de la flote ennemie les uns des
autres. Quelquefois les vaiffeaux de l’un des partis venoient à la charge, &
reculoient enfuite pour revenir tout de nouveau. Un vaiffeau tâehoit de rompre
les rames de l’autre pour le mettre dans l’inaétion ; & c’eft ce qu’on ap-
pelloiten latin remos detergere. Les navires fechoquoient rudement les uns
les autres pour s’entrepercer & fe fracafler : ils choquoient ou la pfoue du
vaiffeau ennemi, ou la pouppe , ou l’un des cotez ; ce dernier choc étoit lé
plus dangereux , parce qu’ordinairement les cotez étoient plus foibles que la
proue & la pouppe : il arrivoit quelquefois que d’un feul coup un navire étoit
iubmergé. Les coups donnez fur la proue étoient pourtant pernicieux, en ce
qu’ils faifoient fouvent fauter ceux qui étoient deffus dans la mer, & qu’ils
rendojent le vaiffeau frappe moins agile & moins propre au combat. Pour
éviter ces grands coups qui fe donnoient, comme nous avons dit ci-devant,
avec les éperons ; ceux du vaiffeau attaqué avançoient des rames pour arrêter
le vaiffeau ennemi , ou du moins pour diminuer la violence du coup. Quelc
A P U T V I I I .
J. Omnia, iterum ante fuqnam. I I . Pugna
navalis. I I I . Modus confcendendi in
hojlilës naves.
I . A N te pugnam omina pro more obfervaban-
.j l jL cur j quod fuperftirionis genus apud veteres
plurimum obtinuit : hiftoria cum Græca turn Roma-
na hujufmodi ominibus plena eft. Omina vero quæ-
dam erant quae ab omnibus generatim five bona five
mala exiftimabantur, forcaffeque longe plura quæ fibi
quifque pro lubito conftitueret. Vidima: quoque ciiis
madabancur, ut antca, cum in naves confoendebatur.
Praetor feu dux in fcapham, aut in liburnam anre pugnam
cönfcendebat, ut in claffe circumverfans fingu-
los ad ftrenue agendum cohortaretur, Hinc tuba fi-
gnum prælii dabarur, primo in navi prætoria, deinde
in aliis omnibus navibus.
I I. Signo utrinque dato waves adverfis prods ad
tebantur uc navcm hoftilem qua parte commcdius opportuniufque
putabant, adorirentur. Conabantur quoque
hoftilès naves alias ab.aliis fejungere. Aliquando
ex una parte naves irrumpebant in adverfas , poftea-
que rétro cedebanc, ut denuo impugnatum accédèrent.
Navium adverfarum remos perfringere ftude-
bant, ut mocum ipfis tollcrent , atque illud erat
quod latine remos detergere dicebatur. Naves etiam
in adverfas vehementiffime roftris impingebant , ut
perrumperent, .vulherarent demergercntquc : aut in
proram navis hoftilis impingebant , aut in puppim ,
.aut in latera j quæ poftrema irruptio perniciofior ple-
rùmque erat, quoniam latera ut plurimum minus fo-
lida debilioraque eranr, quam prora vel puppis. Sx-
peuno idu navis adverfa demergebatur. Ictus tamen
in proram imparti ea in re periculofi erant, quod
ejus defenfores quam facillime in mare decuterenc,
quodque navim ita labefadarent, ut poftea minus agi-
lis, minufque ad pugnandum expedita effet. Ut idus
illos ingentes perniciofolque vitarent qui roftris navium
, ut fupra diximus , infligebantur, ii quorum
navis impetebatur, remos obiendebanr, quo navis ad,
verfæ violentiam vel réprimèrent vel minuerent Non