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/. ports des Anàens. 1 L Minière de les conflruire. I I 1. Arc du port d‘Ancône.
IV. Le port d'Oftie. V. Fait par Claude. VI. Pourquoi fe trouve-t-il
fur les médaillés de Néron?
1 X T ous avons parle jufqu’à prefent de la forme des vaifleaüx I de la ma*
J [ V niere quils alloient 1 & qu’ils combatcoient fur mer : il eft rems de parler
prtfenrement de leurs lieux de retraite , c’eft-à-dire des ports & de leur
forme de laquelle ilreftefort peu de monumens. Les ports etoient ounaturels
ou artificiels : les naturels font certains endroits fur les rivages qui oiit
un bon fond, & que la nature a munis par des roebes ou des montagnes
qui les mettent à couvert des vents-, tel eft celui de Toulon&plüneurs au-
très femblabiés : les artificiels font ceux que 1 on fait a la main, foit en creu-
fànt des foifes pour donner un bon fond aux vaifleaüx , foit en jettant des
digues ou des moles dans la mer qui mettent la plage,dont on veut faire
un port , à l’abri des tempêtes. Les ports , foit de l’une, foit de 1 autre maniéré
, doivent mettre les vaifleaüx à' couvert, non feulement des vents &c des
tempêtes , mais aufli des ennemis ; car en vain les vaifleaüx feraient-ils en iu-
reré contre les vents & les flots, fi l’ennemi pouvoit les venir infulter & brûler
dans le port même. Voilà pourquoi il faut neceflairement y faire des
fortifications qui empêchent 1 ennemi d en approcher.
I L Les anciens pourvoioienc à tout cela : ils choififloient les lieux que la ha-
ture’ avoit munis contre les tempêtes & ils les fortifioient de barrières pour
empêcher que les vaifleaüx ennemis nen approchaient : ils avoient des forts
pour repoufler ceux qui voudroient tenter de forcer les ports, quelquefois
même les murs & les tours des villes étoient dilpofez enforte qu ils pouvoient
les défendre. D’autres fois ôn faifoit des ports a la main , en creulant des
foies -, ces foies font appellées cotones par Feftus. Appien dit que le port
de Carthage s’appelloit cothon. Les anciens muniioient ces foies de certaines
levées de terre de chaque côté , ou de pierres qui mettoient les ports a.
couvert des vents & des tempêtes. Cefar dans une lettre dont Cicéron rap-
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I . Portus veteram. I I . Modus ipfos conßruen-
di. I I I . Arcus portus Anconitani■ IV . Portus
Oßienfis. V . A b Imp erat ore Claudio
faBus. V I , Cur in nummis Neronis repe-
riatur.
L T T A&enus de naviura forma egimus, deque
X jL navigandi modis, demumque de pugnis na-
valibus: jam loquendum de iis loeis in quae recep-
tum naves habebant, feu de portubus deque eorum
forma atque ftrudura , quam circa rem pauca fuper-
funt monumenra. Portus aut a natura aut sb arte faóti
inßru&ique erant. Naturales portus ii funt, quos natura
montibus rupibufve praecinxit & a vernis tempe-
ftatibufque tutos praeftitit, quails eft Tclonis portus,
quales funcalii huic fimilessarrificio conftrucfci portus
ii erant, qui vel excavando terram fiebant, ut in iis
innatare naves poffent ; vel aggeres molefque in mare
producendo , queis ea pars undarum quae portui deftinabatur
tuta effet a tempeftatibus. Portus utrovis
modo fatti ita comparati fint oportet, ut naves non
modo a ventis & a procellis tutas conftituant, fed
eriam ab hoftilibus navibus ; incaffum en im naves a
flu&ibus turae effent, fi poffent hoftes i lias in ipfo
portu peffumdare & combureré : ideoque portus r.c-
ceffario munimentis & propugnaculis muniendi funt,
queis hoftiles naves arceantur.
I I. Hæc omnia præftabant veteres j loca delige-
bant, quae adverlum tempe fiâtes natura munierat, ÔC
illa propugnaculis inftruebant quae ab acceffu naves
hoftium arcerent ; praefidia quoque habebant, a qui-
bus exciperenmr i i , qui vi in ipfum portum irrum-
pere vellcnt : aliquando etiam ipfi mnrl ipfæque tur-
res illo fitu erant, ut poffent portüm defendere Non-
nunquam , ut dicebamus, terram fodiendo portus effi-
ciebant : has vero foveas cotones vocat Feftus > &
Appianus de beljo Punico dicit portum Carthaginis
cotnonem fuiffe vocatum. Antlqui foffas il las manque
aggeribus lapidibufve munlebant , queis portus à
ventis, arque a procellis tuti effent. Cacfar in epiftola
aliqua, cujus fragmentum affert Cicero ad Atticum
porte
porte un fragment, parle en ces termes : « Pompée fe tient dans la ville • nous«
lommes campez devant les portes : nous tâchons d’execurer une grande en «
trepnie, que la profondeur de la mer rendra fort longue : nous y travaillons «
pourtant de toutes nos forces, n’aiant rien plus à coeur que d’en voir la fin «
N ous jettons de grandes levées à chaque côté du port, à deffein, ou de l’o- «
biiger défaire paflèr promtement au bord oppofé delà mer ce qu’il a«
de troupes dans Britides , ou de lui boucherie paflàge.» Les anciens parlent
iouvent ou de ces moles ou de ces cornes. Vitruve met entre les meilleurs
ports ceux qui ont de ces fortes deleyées ou de promontoires , qui les mettant
a couvert laifTent pourtant en dedans un efpace en creux pour les vaif-
leaux. Entre ces moles, ou entre ces promontoires, ils tendoient des chaines
qm mettotent'Jes vaifleaüx en fureté;-ils y mettoient aufli quelquefois des
paluiades. Ceux qui vouloient forcer les ports, tâçhoient de rompre ces barrières.^
On fàifoit quelquefois des .tours de côté & d’autre pour en défendre
1 entree. On mettoit des flambeaux dans ces tours , ou dans des lieux éminens
pour les vaifleaüx qui pourraient venir la nuit chercher l’entrée du port • il y
avoit allez ordinairement tout autour du port en dedans des bords bâtis de
pierre, quelquefois avec des arcades s c’étoit là que les vaifleaüx -alloient
aborder.
IM. La première figure que nous donnons dans la planche fuîvante eft celle
de 1 arc qui eft devant le port d’Ancône , cet arc de marbre fût fait par l’Em-
pereur Trajan , comme porte l’infcripdon ; pour rendre ce port, qui éroit le
grand abord de l’Italie i.plus fûr à ceux qui navigeoient. Cet arc de marbre
eft a l extrémité du mole & à l’entrée du port, il lubfifte encore aujourd’hui-
on y ht l’infcription qui fait foi de ce que nous venons de dire , & entre'le!
deux colonnes de chaque côté- dans une efpece de médaillé , les noms de
Pionne femme de Trajan, & de Mart-iane fa feeur. Les colonnes font d’ordre
Gofrinthien-; c’eft un ouvrage excellent ^ dit le Serlio,
IV. Le porthexagone dedefious eft celui d’Oftie donné par le Serlio qui
non content d en avoir defliné le plan , en donne aufli les mefures ; chacun
deS cotez de 1 hexagone, dit-il, a mille cent foixante palmes de longueur}
le palme fait les trois quarts du pied romain , & le pied romain eft plus petit
dun pouce que nôtre pied de roi. A chaque côté il y avoitdesproména-
?• 17- fit de hiTjufrtiodi molfbus loquitur. Pom
peius fe oppido tenet, nos ad portas cafira h a b. mus :
conamnr opus mighufn & tnidtonim dierurH'propter àl-
titudinem maris . fed tajnen nihil efi ejUod potins facia-
mns. -Ab Htrocjue portus cornu males jacimus, ù t ,
aut ilium quam primum trajicere quod habet Brundijn
. copiarum, cogamus , aut exitu prohibeamus. Hujüf-
roodi moles arque cornua fæpe veteres comttaemo-
Tant : de porruum conditione ita Vitruvius i i . 5.
H i autem naturaliter fi fm pofiri, habeantque ticroteria
five promont oria procurrentia, ex qui but introrfus
curvAtiirA five ^verfura ex locis naturel fuerint cbnformata
3 maxmas utilhates videntur haben. Inter hafee
moles, five inter promontoria catenas tendebant ad
fecuritatem, etiamque palorum atque fudium vallum
adornabant. Qui in portas irrumpere vellent, hæc
propugnacula perrumpere faragebant : idéoque turres
aliquando hinc & inde erigebântur ad oftii defenfiô^
nem. Faces autem in türribus inque prominenrioribus
locis ponebantur, pro iis-navibus quæ nodtu vellent
in portum ingredi. Ut plurimum intra portus
mûri crant circum, & aliquando arcus quo naves in
Tom, 1 K
portiim inpreffæ appellebanŸ.
I I I. Prima quam proïerlmüs imago in tabella fe.’
quenfi eft arcus ante porrum. Anconitanum eredus i
qui totus eft marmoreuSji Trajario ftrudus ur fert
inferiprio , quæ fie legitur : Imperator! Cafari d,vi
Nerva flto , Nerva Trajan0 optimo Auguflb'-, Ger-
mdnico , Dacico, Pomifcv üàximo , Trlbuni/ia pote-
Jtuie Xvi 11 . Imp. x i . Co's, v 1. patri p atria próvi-
dentijfimo principi fendtu's populufque Roman us > quod
aCcefium Italia iooc viiàm add it o ex pecunia fua porrum
tut i or cm naVigant i bhs reddident. Hie arcus marmo-
reus in 'extrÊnia parre möbs feu aggerft eft ad fhgref-
furti in porrum. Adhuc vero ftat intéger cürh ir.fcri-
ptioncquam rc-.ulimus. Inter columnas utrinque hinc
legitur : Plotina Aug. Contugi Aug. inde vero Diva
Martiana Aug. forori Aug. Columnæ ordinis Co-
rinthii funt. Opus eft eximium , inquit Serlius.
IV . Porrus Hexagônus fuppofirus Oftienfis eft -
ab eodem Serlio fie publicarus , qui non fatis habens
ichnographiam dediffe, menfuras etiam exhiber î
latera Hexagonii fingula, inquit 3 mille fexcenros
palmos longitudinis habent > paimus pedis Romani
Pl.
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