
L ' A N T I Q U I T E ' E X P L I C L Ü E'E, &c. Liv. IV.
pour donner un combat fur mer aux Athéniens, qui paifoient alors pour les
plus habiles gens de mer de la Grece.
Les Romains e'toient encore plus foigneux d exercer leurs gens de mer.
„ Polybe nous décrit la maniéré dont ils le faifoient : « Tandis, dit-il, que
» ceux qui avoient la charge de faire conftruire des navires pour faire une
». flote y travailloient ; d’autres cherchoient des matelots &: des rameurs, &
» les accoutumoient à ramer, en les exerçant fur terre en cette façon : les ra-
». meurs «oient alhs fur le bord de la mer, dans le même rang & dans le mê-
.. me ordre qu’ils auraient été affis fur les bancs des navires. Un homme au
». milieu les commandoit, & les drelToit à fe retirer tous en même tems enar-
». riere en ramenant la rame, à fe courber en la pouffant, & a ceffer de ramer
». en un inftant au premier ordre. Amen dit.fur cela, c etoit une choie admira-
», ble d’entendre le bruit des rames ,lorfque dans le même tems & dans le
». même moment un auffi grand nombre de navires plongeaient & relevoient
,. icurs rames à la fois. Les Commandans avec leurs celeufmes, ordonnaient
,. de commencer & puis de ceifer: les rameurs crioient à leur tour en plon-
* géant tous à la fois leurs rames dans le fleuve... Quant a ceux qui le Jeta
ie n t du chant pour regler la manoeuvre des rameurs : voici ce qu en dit
Plutarque dans la vie d’Alcibiade : « Callipede afteur de théâtre en habit cra-
>V. «que, portant le cothurne , & tous les ornemensqui convenaient a ceux
». qui exercent les aéleurs de théâtre, gouvernoit en chantant la manoeuvre
». desrameurs.
Syracàfandrunï refert, quels fe ad oppügnandos Athe-
cienfes, qui tufa in re navali przcctUrent acrcris Grx-
'cis, comparabant.
Romani majorera etiarâ adhibebant curahi exercen-
^dis turn nautis turn dalEariis. Exercitii râodum Polybius
deferibit lib. i . num. ai. Enimuero, iit, dim illi
quitus cwftrtundarum naviiim cura incimibebat, in panada
cUfe octupabantur » aliifocios navales cogéré,
fjy dd remigandum cos hoc modo in terra exercere» Re-
'mises fédéré ad remigia jujfos in littere , eodem female
or Une. utp in navium tranfris confièrent, hortarorein
medium locale , ormes fioul refapinan fefe menus aida-
cendo , & rurfits incumber e eafdem propellendo, prtncipio
& fine motus ad paufarii jujfionem faü o, apte-
faciebam. Hac de re harc Tcribit Arrianus lib. 6. de
exped. Alexandri : ÀiiranAa res erat remorum fonitum
ex au dire, tot navibus uno temporis memento remiganti-
bus, & hortatoribus fuo celeufmate , remigationis ini~
twm wtermijfionemque praferibentibus , tôt remigum
uno impulfu fiumen remis verberantium, clamoribus fub-
latis. De iis vero qui remiges cantando dirigèrent »
Plutarchus in Alcibiade ait, Callipedem hijtrionem
tragico veflitu & cothumis indutum , caterozjue habita
inJtruUumy cjuo uti folent ejui docendis fabulis in théâtre
certant t remigum officia cantando direxijfe•
D I S P O S I T I O N S A U C O M B A T . z7î
C H A P I T R E VI I .
7. Préfâge s fur l ’heureux /accès des expéditions ificrifices. ll.Uifpofitions
au combat. I l 1. Ordre de bataille.
E f ' Es profanes quand ils môntoient dans leurs valffeaux, obfervoienc
V_i certaines chofes qu’ils regardoient comme des prélàges du bon ou
du mauvais lucces de la navigation & des expéditions de mer: fi quelqu’un
eternuoic en le tournant du côté gauche, c’étoit un mauvais prelage ;& au
contraire un bon s il eternuoic du côte droit: c etoic encore un mauvais préiage
, fi des hirondelles venoient à fe repofer fur le vaiifeau. Dès qu’ils écoient
montez dans le vaiifeau, ils faifoient des facrifices à Neptune, aux dieux
marins, aux vents , foit à tous, foit à ceux qu’ils fouhairoient avoir, & à ceux
auffi qu ils prioient de ne pas fouffler : ils iacrifîoient de même à Apollon &
aux tempêtes, comme nous avons déjà dit au premier & au fécond tome. Ils
diraient encore des vidtimes a la Tranquillité ou à la Bonace^ car ils déifioient
toutes chofes. On en offrait auffi àCaftor, àPolhix&aux affres.
II. Quand ils ie diipofoientauncombatnaval,ils avoient premièrement
foin de décharger les vaiilèaux qui dévoient combatcre , de peur que la charge
ne les rendit plus difficiles a tourner & a faire les autres mouvemens ne-
ceflaires. Ils evitoïent de donner des combats près du rivage de là mer. Nous
verrons plus bas une bataille perdue par les Romains, parce qu’ils ne tinrent
|>as allez le large ; cela n empêcha pas que Themiffocle ne donnât bataille
a 1 armee des Perles entre deux rivages , parce que la conjontture le deman-
doit ainfi. Ils obfervoient, comme on fait encore aujourd’hui, les vents contraires.
Ils abbatoient les voiles & n alloient plus qu’à la rame : dans le combat
naval que nous donnons plus bas, toutes les voiles font abatues, & le
mat meme ne parait pas par la raifon que nous dirons au même endroit. Ils
laiffoient pourtant en certaines occafions quelques-unes des plus petites voiles
en abatant les grandes.
III. Apres avoir fait ouoblèrve toutes ces choies, le Commandant met-
toic la flote en état de combatcre. L ordre de bataille né toit pas toujours le
CAPUT Vit.
I . Omina circa feliccm exitum nanticamm
expeditionum : fnCrifîdei. J J , A d pugnam
préparations!. J J J. A c ie i oYdo,
T. F ) Rofanî illi cum in naves confcêndèrent, àu®-
A. dam obfervabant , quæ boni malive ominis
navigantibus eranc : maluni erat omen navigantibus
expeditiones agentibus navales, fi quis ad finiftram fe
converrerrs lire inu tarer •, boni au rem ominis erat fi ad
dextram id ageret. Mali ominis, fi hiru-ndines in navi
conquiefcerenc feque fifter'ént. Ubi primum in navem
confcendcrent, facrificia Neptuno diifquc hlatinis
peragebant, itemque veneis , five omnibus, five ali-
quibus, quos fibi præfto efie, vel quos amoveri per
optarent, Apollini quoque & rempeftati,uti jain primo
fccundoque tomo diximus. Sacrificabant item Tran-
quilliran", nam omnia in deorum nu me ru m refere-
banr. Viôtimrc quoptie madlabantur Caftori, Polluci
& Aftris.
I I . Cumad navafëm fefe pugnam comparabant j
primo exonerabant naves quæ concertaturæ erant, ne
nimio onere atque farcina minus agiles effent, & ad
converfiones , celeres dilturfus atque tranfitus minus
idoneæ. À pugnis iuxta littora committendis, quantum
poterant, declinabant infra videbimus Romanos
, quod non in alto, fed juxta littus prælium ini-
VifTent, a Carthâginenfibuscum ftrà'ge fuperatos. At-
tamen Themiftoaes inter duo littora cum exercitu navali
Perfarutn Confiixit, qùpniam ira rerum conditio
poftulabat-. Ventos fibi contra ri os , ut hodieque f i t ,
diligenter 6c ipfi explpia'banr. Inter puguandum vcla
delnittebant & remigum opéra tantum utebantur. In
püg’ha navali ,.qùam infra proferemus , omnia func
vela demilfàjimo ne quidem mali comparent, qua
vero de callfà ibidem diâuri fumus. In quibufdam
tartien occafionibus, minora vela, demiflis raajori-
bus,expanfa relinquebant.
I I I . His peraetis obfervatifque Dux exercitûs
claffem ad pugnam difponebat : ordo non unus ne-
que idem femper fuit. Ad ducis folertiam pertinebat,