
L’ A N T I Q U I T E 1 E X P L IQ U E E , &c. L iv . III.
voir ci-devanc, s’appèlloit clupius bouclier. Suivant cela le navire que nous
verrons ci-après dans le combat naval, qui a fur la proue un grand centaure
s’appèlloit apparemment le Centaure.
liburna quafdam , ut vidimus fupra , clupeus appclla- gna videbimus, cujufqueprorximmmec maenus cen.
Datur. Sicigitur navis ilia quam infra in claflica pu- taurus, vocabatur, ut credere eft centaurus
C H A P I T R E V.
J, Ce que cétoit que les Eporides des va.ijfea.ux. 11. P a. f tige de Pline fur les
inventeurs des vdjfeaux à plufieurs rangs de rames. 111. Pline ne s’accorde pas
avec les autres auteurs. IV. Depuis Augufle on ne s eft guère fervi de vaift
feaux à plus de trois rangs de rames.
I] /r^ \ Utre l’éperon que l’on mettoit à la proue, on mettoit auffi aux na-
vires de guerre , ce que les Grecs appelloient les épotides : par le
moten des épotides, dit Suidas, on armoit en guerre les vaiffeaux de charge.
On croit que ce font les Corinthiens qui ont inventé ces épotides : les Syra-
cufains les imitèrent enfuite pour donner bataille aux Athéniens ; voici com-
Thucydide en parle. « Les Syraculains mirent leur Ilote en état fie
« tâchèrent de remedier aux défauts de leurs vaiffeaux, qu’ils avoient recon-
” nus dans le combat precedent, elperant de combattre enfuite avec plus
»davantage. Ils accourcirent les proues de leurs vaiffeaux, Scies firent plus
» fortes -, ils ajoutèrent aux proues des épotides, fie les aifurerent en dedans fie
» en dehors avec des folives , qui s’avançoient furies cotez du navire l’efpace
» d environ fix coudées, pour les affermir ainfi davantage ; fie tout cela en la
» même maniéré que les Corinthiens avoient fait, lor/qu'ils voulurent atta-
» quer les VaiiTeaux cjui etoient a Naupadle. » Il paroit par ces paroles de
Thucydide que les epotides etoient des poutres ou de groffes pièces de bois
qui s’avançoient aux deux cotez de la proue, pour empêcher les coups vio-
lens des éperons. L Etymologique s’eft trompé, lorfqu’il a dit que les épotides
étoient fur la pouppe. On ne trouve point chez les Latins de mot qui réponde
à ces épotides des Grecs ; Si je ne fai s’ils en ont jamais eu, à moins q/on ne
veuille prendre pour épotides ces poutres terminées par une tête de belier
que nous remarquons dans le combat naval que nous donnerons plus bas. ’
» 11. « La quadrireme ou le vaiifeau a quatre rangs de rames, dit Pline fut
C A P u T V.
'1. Quid ejfent WarlAe navium. I I . Locus P li.
nii de inventoribus navium , qua plurimis
remorum verfibus injfrucioe erant. I I I . P U _
mus cum aliis Scriftoribus non confentit.
I V .A b A u ff jlï tempore raro plurium quam
trium remorum ordinum naves fuere.
I. T > Rafter roftrum etiam Wr/JV in clafficis navi-
JL bus Iocabantur , quo patfto etiam , ut ait Suidas,
ex onerariis navibus beliicae naves efficicbantur.
Has epotidas Corinthii cxcogitaflh videntur, quos Sy-
raeufani imitati Tune, ut ait Thucydides I. y. Infiru-
xcrunt auttm clajfcm Syrucujani, ita ut exfttptrion vu-
valt pralio didiccramtfcferc mtliori condïtïomtnaviumque
pro ras dccurtantôt, & firmioris reddidertm, & prins
impofurrimt crajfas epotidas , iifquc tigré* junxe-
r*nt.» f tnt us & extra , que ufque ad navium latera
fpatto fere Jettum cubïtomm pertingerent , ad majorem
eorum firmitudinem , quo modo & Corinthii adverfus
naves, qua ad NaupaSlum erant, fimilibus proris tn-
Jlrutti pugttaverant. Ex hifee Thucydidis verbis con-
jedare licet illas epotidas trabes fuiffe aut tigna , qux
ex utroque pi'orx latere prominerent , ut roftrorum
immanes iiftus 11/lerentur. Etymologicon vero cum
dixit epotidas in puppi fuiffe, erraviffe putatur. Nullam
vocem latinam reperimus, qux Græcorum epotidas
exprimât, nefcioque anunquam Romani eporidi-
bus fine ufi , nifi forcalTceporides dicantur crabes illic
arietino capite & fupra roftrum politxquas jam vidimus
8c infra in pugna navali iterum confpicicmus.
II. Quadriremem, inquit Plinius 7. j<r. Ariflotelts
L E S V A I S S E A U X.
inventée par Ariftote : la pentireme oüle vaiffeau à cinq rangs, par Ne- «
fiéchon Salaminien : le vaiffeau à fix rangs, par Xenagore Syracufien : les «
vaiffeaux depuis fix jufqu’à dix rangs de rames, furent trouvez par Mnefige- «
ton. On dit qu’Alexandre le Grand en fit faire à douze rangs de rames. Phi- «
loftephanus raconte que Ptolemée Soter en fit à quinze rangs : Demetrius «
fils d'Antigonus, à trente : Ptolemée Philadelphe, à quarante : fie Ptolemée «
Philopacor, qui fut furnommé Tryphon, à cinquante. Le vaiffeau de charge «
Ait inventé par Hippus Tyrien : le lembe, par les Cyreniens :■ là cymbe, par les «
Phéniciens, la celoce, par les Rhodiens : le cercure, pardes Cypriefl's!Vd’ob- «
fervation des affres pour la navigation, par les Phéniciens : la ramé, par lès «
Copéens : la rame large, par les Platéens : les voiles, par Icare ; le maft fie la <«
vergue, par Dedale : les vaiffeaux à tranfporter des chevaux,' par les SamienS, <«
ou par Periclès Athénien : les navires longs fie pontez, par les Thafiens : «
avant ce temslà on necombattok qu’à la proue fie àlapouppë. Pilee ajouta «
aux proues des éperons ; les Tyrrheniens ou les Tofeans troiîverent l’ancre • ■«
Eupalamus inventa l ’ancre à deux pointes ; Anaçharfis, les harpons ; Periclès «
Athénien, les mains de fer : les foutiens pour le gouvernail furent trouvez «
parTyphis. «
III. Tout ce que Pline dit ici eft fort fujet à caution, ôc répugné à ce que
les autres auteurs rapportent. Diodore de Sicile le contredit pour ce qui regarde
les triremes Ôc les quinqueremes ; c’eft en fon quatorzième livre où il
parle en ces termes, « Denys (le tyran ) aiant appris que les triremes avoient »
été premièrement faites à Corinthe, voulut faire des vaiffeaux encore plus «
grands dans une ville qui étoit colonie des Corinthiens, c’eft-à-dire à Syra- «
eufe : il fit donc conftruire des triremes Si des quinqueremes, fie encore d’au- «
très bâtimens de mer. Ce fut le premier qui inventa ces fortes de vaiffeaux. «
Diodore parle encore plus clairement en un autre endroit. U fit fabriquer , «
dit-il, des triremes Se des quinqueremes ; perfonne n’avoit vu encore cette «
derniere forte de vaiffeaux. » 11 y a bien d’autres chofes dans lepaffage de
Pline qui font contredites par d’autres auteurs ; mais toutes ces origines , 1e
plus fouvent fabuleufos, ne méritent pas d etre refutées.
IV. Les vaiffeaux depuis fix jufqu a douze, quinze Si feize rangs de rames,
hors ceux de Demetrius , étoient regardez même anciennement comme des
bâtimens inutiles, S i qui nuifoient plus qu’ils ne rendoient de fervice. Vegece
dans le paffage rapporté ci-devant ne compte entre les vaiffeaux deraifon-
nable grandeur S i propre pouf la guerre, que les quinqueremes S i les vaif-
Carthaginenßs, ejuincjuertmtm inßituit Ntfichthon Sa-
laminius, Jex ordinum Xenagoras Syt'acußus; ab ea ad
decemremem Mnefigetan* Alexandrurn magnum fentnt
inßituijfe ad duodecim ordines. Philofiephams Ptole-
imtum S oterem ad quindecim, Demetrium Antlgoni ad
trigivta, Ptolemaum Philadelphum ad quadraginta ;
Ptolemaum Philopatorem, qui Tryphon cognorninatus
efi, ad quinquaginta. Qnerar'um Hyppus Tyrius inve-
nit, lembum Cyrenenfes, cymbam Phoemees} celocem Rho•
d ii, cercuron Cyprii, ßderum obfervationem in navi-
gando Phcenjccs t remum Copa, latitudinem ejus Platece,
vela Icarus , malum & antennam Dadalus , hippagum
Samii aut Pericles Athenienfis , teftas longas Thafii :
antea ex prora tantum & puppi pujnabatur. Roßra
addidit Pifeus \ Tyrrheni ancoram , £upalamus eam-
dem bidenum, Anacharßs harpagonas , & manus Pericles
Athen ien f is , adminicula, gubernandi Typ his-
I I I . Hare a Plinio di&a non vacant fufpicione
falfi , iifquc qua: ab aliis referuntur Scriptoribus re-
fragantur in multis; ipfi cerce repugnat Diodorus
Siculus, quantum fpedat ad triremium & quinque-
remium inventum : fic enim habec lib. 14. Diony-
Jius j tyrannus, cum accepijfet triremes primo Corimhi
conflruElas fuiffe , fummo ftudio curavit, ut in ea urbe
qua a Corinthiis arigincm duceret, nempe Syracujis '9
majores etiam compingerentur naves : adificavitque trio,
remes & quinqueremes cum fcaphis3 primus hancjbruElu-
ram comment us i alioque loco clarius ait, fabric at us efi
triremes & quinqueremes , quam navis fpeciem nemo
haSlenus noverat. Alia etiam funt in fupra allato Pli-
nii loco , quæcum aliis Scriptoribus non confonanr.
V erum has omnes ut plurimum fabulofas origines
confutare non eft animus.
IV. Naves etiam fex remorum aliæque majores,
quarum quædam duodecim , quindecim & fexdecim
remorum fuereexceptis tamen, ut diximus , regis
Dcmetrii navibus fexdecim remorum, etiam illis tem-
poribus ceu inutiles moles reputabant veterès. Ve-
getius in loco fupra allato inter idoneas, ur ille vocat,
nayes, quinqueremes folum, ipfifque inferiores naves