
2.16 L’A N T IQ U I T E ' E X P L I Q U E 'E , &c. Liv. II.
diftingue quelquefois par le nombre des chevilles, qu’on appelloit fealmi ,
& qui lervoient à arrêter les rames ; & dans un autre endroit, il appelle actua-
riota, ces vaiffeaux légers à dix finîmes , ce qui s’entend à dix rames. Plutarque
appelle barques à douze fealmesrihoîoy , celle fur laquelle
Cefar s’embarqua à Brindes pour paffer un trajet de mer ; c’étoitla même
que Suetone appelle un fort petit batiment parvulum nawigium. Il y avoir de
ces petites barques à deux rames, l’une de chaque côté, femblables à nos
barques de la Seine ; c’eft ainfi que Caron menoit fa barque, dit Lucien
dans fes Dialogues : Quoique vieux , difoit-il, je navige, & je mene une rame
de chaque main.
Quoique le nom de trireme fe donne ordinairement à un vailTeau long
à trois rangs de rames, il fe prend auffi quelquefois pour un petit bateau
leger a trois finîmes, ou à trois rames. Ces barques avoient donc trois rames ,
deux d’un côté & une de l’autre : on les appelloit auffi feaphoe ; nom qui fe
trouve emploié par Diodore de Sicile pour une barque à quatre rames, azdott»
Titejii&ueiv s & par Polybe pour une barque à cinq rames, trxfer» oeweirà,
qui en avoir trois d’un côté & deux de l’autre : ces petites barques s'appelaient
auffi de ces noms , cymba . acatium , celocium s lembus.
III . Nous avons Vu ci-defTus la diftinciion des vaiffeaux longs, & des
vaiffeaux ronds : il y en avoit d’autres qui tenoient un peu de chacune des
deux eipeces & qui n’étoient ni proprement longs , ni proprement ronds ;
ces bâtimens s'appelaientphafeles. Appien en fait la defcription en ces termes :
O Suivie , dit- i l , donna à fin frere , après en avoir obtenu la permijfion de Marc
Antoine fin mari < dix phafeles a trois rames , cefi- a-dire, des bâtimens qui tenoient
un peu des vaiffeaux de charge, (fer un peu des vaifieaux longs. Ces mêmes
bâtimens qu’Appien appelle phafeles , Plutarque dans la vie de Marc Antoine
les appelle myoparons : lorfqu il dit , rapportant la même hiftoire,
qu’Oétavie obtint de fon mari Marc Antoine la permiffion de donner à
Octavien Cefir Ion frere, vingt myoparons, audelà de ce dont ils étoient
convenus enfemble. Ces myoparons étoient de petits bâtimens, comme
Scheffer le prouve par beaucoup de paflàges de differens Auteurs. Cicéron les
appelle des vaiffeaux de pirates, pyraticos myoparones. L’Hemiole qu’on appelloit
en grec -«imox'm & ipiltur , étoit encore un de ces bâtimens fort
légers dont on fe fervoit dans les Ilotes comme de petites frégates. L’étyicliftingu.
it : erant autem fc-almi in quibus remi diftine-
bantur : 8c in êadem epiftola aôtuariola vocat naves
illas leves decem fcalmorum. Plutarchus duodecim
fcalmorum navrgium vhdioy J'aJ'zy.îtrKd.hy.oy, appellat
illud, quod Cælar Brunduiîi confcendit, ut fretum
trajiceret, quod ipfum Suetonius parvulum navigium
appellat. Ex illis parvis navigiis aliquot erant quæ
duos tantum remos haberent ab eodcm a ôta remige ,
ut funt fcaphæ noftrae in Sequana ; fie Charon ica-
pham fuam agebat, ut ait Lucianus in Dialogo : quam-
•vis fenex , aiebat, navigo at que utraque manu remum
ago.
Etfi vero plerumque triremis intelligatur efte navis
ïonga triplici remorum ondine conftructa ; aliquando
etiam accipimr pro navicula tribus tantum remis ad a,
quæ tres fcalmos habeat : ubi itaque tres aderant rémi
, duo ab alio,unu$ ab altero erant latere. Yocaban-
tur etiam fcaphæ, quod vocabulum Diodorus Siculus
ufurpat pro navicula quatuor inftruda remis, quam
<ry.etçw 7»7finpiKov appellat,& a Polybio 1.8.pro navicula
quinque remis ada , quam ille Cnétyn mvTtifuor vocat,
in qua feilicet tres ab uno , duo ab altero latere
remi erant. Hx naviculx his ctiam nominibus vocita-
bantur, cymba , acatium , celocium, lembus.
II I . Diftindionem fupra vidimus inter naves lon-
gas & naves rotundas:erant alia: naves qux adutram-
que formam nonnihil accedebant , erantque nec
proprie long® , nec proprie rotunda» : hoc porro
navium genus phafelus vocabatur. Appianus lib. y.
cas deferibit hoc pado : OB avia, inquit, impetrata
ab Antonio licentia , decem phafelos triereticos fra-
tri dono mißt , id eß mixt os ex longarum forma , &
onerariarum. Eofdem quos phafelos Appianus vocat,
myoparonas appellat Plutarchus in vita Marei An-
tonii , cum eamdem referens hiftoriam ait : Oftavia
prater ea qua pafta fuerant > amarito impetravit , ut
fratri viginti myoparonas concederet : hi mypparones
parva navigia erant, ut ex multorum audorum locis
probatur. Cicero Verr. y. eos pyraticos myoparones
vocat, 8c fex remorum fuilfe dicit. Hemiolia , qux
grace dicitur in ncutro nyióhiov, in feminine %/joa/os,
erat ctiam leve navigium, quo in claflibus utebantur
L E S V A I S S E A U X . ll?
Biologique dit que les pirates s’en fefvoient : il étoit en effet propre à la pira»
terie, à caufe de fi legereté : il y en avoit à deux & à trois rames ; on croit
que c’étoit la même chofe que ce qu’on appelloit cercurus. Nous trouvons un
grand nombre de noms de ces petits bâtimens qui alloient fur mer, qui lignifient
fouventles mêmes vaiffeaux ; cela fe découvre aifément, quand plufieurs
Auteurs donnent au même, l’un un nom, l’autre un autre : & cela donne lieu
de conjecturer qu’on le peut croire de plufieurs autres, quoique nous ne trouvions
pas leurs noms exprimez différemment dans les Auteurs.
ut parvis fregatis hodie. Ecymologicon ait eo havigii ipfam rem fignificant ; quod certe facile ex eo dégénéré
piratas ufos fui fie: erat fîquideiïi piratis idoneum moïiftratur , quod varii audores eamdem ipfam nu-
ob leviratem celeritatemque : duos autem trefve re- mero naviculam alius alio nomine fignificent. Inde
mos habebat ; idipfum fuiffe putatur, quod cercu- etiam colligitur de multis aliis idipfum credi pofle ,
rus vocabatur. Multa nomina hüjufmodi navicula- etfi earum nomina non varie referantur ab audor;-
rum apud Scriptores reperimus , quæ fæpe eamdem bus.
CHAPITRE V L
J. Vaifëeaax ouverts, td vaiffeaux Câtaphraétes ; itnages des waipaux ouverts.
1 1. Les lembes. III. Les myoparons , vaijfeaux de courfe. I V. Les liburnes
de la plus petite efpece. V. Efquifs attacheaux grands vaiffeaux.
I- ^ ^ Es petits bâtimens s’appeïloieht ordinairement ouverts, parce qu’ils
V i n avoient pas de pont ; cela eft certain de ceux qui s'appelaient cymba ,
feapha, lintres ; Polybe qui appelle les vaiffeaux qui ont des ponts cataphraHes
xatoeipaiera «rAo?a, met entre ceux qui n’en ont point les celoces, qu'il appelle
ksAhtm. Ces petites barques n’avoient' poinL à la proue c c s éperons, qu’on
appelloit roftra, dont on le fervoit dans les combats pour frapper les vaiffeaux
ennemis & les couler à fond. Je crois que les deux petites barques que
nous voions dans la planche qui fuit, étoient de cette efpece : elles font
tirées de la colonne Trajane. La première qui eft chargée defi.es de blé
& que nous rangeons parmi les bateaux de charge , n’a point d'éperon : elle cxxxv.
eft ouverte &finspont, on n’y voit qu’une rame; mais ily aapparenceqüe
l’autre eft cachée au côté oppofé. Il faut dire la même chofe de la barque buvante
, que deux foldats chargent de muids de vin.
II. Ceux d'entre les lembes, qui étoient déplus grande forme, avoient
pourtant des éperons de même que les myoparons & les hemioles. Tite-Live
parle de ces petits bâtimens qu’on envoioit à la découverte, & qui n'avoient
C a p u T V I .
I. Naves apertec & naves cataphraBæ .* aper-
torum navigiorum imagines. I I . Lembi.
11 J. Myoparones celeres. I V. Libum.ee minores.
V . S cap h a ad majores naves reli-
gata.
T T Æc minora navigia apertâut pîurîmurrt vo-
JTX. ‘cabantur » quod nulla tabulata haberent ; id
quidem cercum de iis eft quæ vocabantur cymbæ,fcaphæ
, lincres. Polybius lib. y. quï naves tabulis iti-
ftructas vocat cataph r a ôtas , Kar^ax-i« , inter
eas quæ tabulata non habenc, celoces ponit, qùasipfc
Tom. J y.
Vocat «kx-ntf. Hæc minora navigia iis in proraembo-
lis armata non erant, quæ vocabantur rbftra , queis
utebanrur in pugnis ad hoftiles naves impetendas^. Ex
eorum genere efte puto naviculas duas in fequenti tabula
poficas j ambæ verb ex colümna Trajana funt
eduôtæ. Inpriorc, quæ frumenti faccis eft onufta,
quamque ideo onérariam navim vocandam cenfeo \
nullum cernfmus rofttum : navicula eft aperta, unus
tantum remus comparer, fed, ütvidetuf, in alia quo-
que parte naviculæ alius remus erat, quod ipfum di-
cendum de fequenti navicula,quam duo milices doliis
ligncis oncrant vini, ut videtur, plenis.
I î . Eembi tamen majores roftra habebant, quem-
admodum & myoparones 8c hemiolia. Titus Livius
1. 6% c. 41. hæc navigiola commémorât, quæ ad fpe-
Ee ij