
II. Les habits militaires -des foldats étoient, félon Pollux, les cuirafles, les
boucliers, les cafques & les bottes , à peu près les mêmes que ceux des foldats
de terre. les foldats de la marine fuient armez, de toutes pièces, de cuiraffes ,
de cafques & de bottes , difoit ci-devant Vegece. Nous les voions ainfi armez
dans le combat naval que nous donnerons plus bas. Leurs armes offenfives
étoient aufli pour la plupart les mêmes que celles des foldats de terre, les
épées, les arcs & les fléchés, les frondes', les maflues',les haches à deux tran-
chans. Ils avoienc auflî pour armes particulières des piques fort longues pour,
atteindre de loin les navires des ennemis : ils fe fervoient encore de longues
perches , au bout defquelles étoient des faulx pour couper les cordages ’ des'
vai (féaux ennemis : ces faulx, dit Jules Ce far, furent fort utiles à fes gens ,
ils s’en fervoient pour couper les cordages des ennemis , & les antennes tom-
boient. On appelloit ces piques haft<efalcat<e : les Grecs, & entre autres Dio-
dore, les appellent îSsjLaara
III. Ils avoient encore une elpece de belier, qu’on appelloit ajfer, que Vegece
décrit en cette maniéré. « Ce qu’on appelle ajfer, efl une poutre de
» moienne grolfeur & longue : elle eîl pendue au mât, de même que la
»'vergue, & elle efl ferrée par les deux bouts. Lorfque les vaiffeaux ennemis"
» viennent à l’abordàgè, foit à droite {oit à gauche, on fe fert de cette poutre
» comme d’un belier; cette poutre pouifée avec violence renverfe & écrafe
» les foldats & les matelots, & fait aufli fort fôiivent des trous au navire. » On
avoit encore des machiîies à jetter des pierres. Les mains de fer dont ils fë
fervoient pour accrocher lés navires des ennemis, étoient ce que nous appelions
aujourd’hui grapins, dont on le fert pour accrocher & pour venir aTà-
bordage. Ces mains deTerpâfôiflent avoir été differentes d’une autre elpece
de crocs, qu’on appelloit corbeaux, & dont on le fervoit pour la même fin.
Une autre maniéré de nuire aux vaiffeaux ennemis, étoit d’ÿ lancer ou d’y
jettér des feux , ce qui fé fâifoit en differentes maniérés ; quelques-uns lé fervoient
pour cela de fiphons Scdetuiaux; d’autres y jettoient des pots pleins
de feu.
H . Ve fl: es militâtes feu arma , queis fefe conte-
gebarit milites, erant fecundum Pollucem lorrcar, feu-
ta J galeæ & ocreæ, 'eadem fere quæ militum -in - terra
pugnantium : Pracipua ergo tegminum cura effe debet,
dicebat fupra V egetius, ut cataphraEH vel loricati ,
galeati etiam & ocreis munitifint milites. Sic armatos
confpicimus in pugna navali inferiusproferenda. Arma
etiam queis boites imperebant erant fere eadem
quæ terreftrium copiarum , gladii, arcus & fagitræ,
fundæ., clavæ, bipennes. Armis etiam quæclamariis
pecullaria erant inftruebantur, nempe oblongas haftas
vibrabant, queis ad hoftiles naves pertingere poflent.
Contos etiam geftabant, in quorum fuprema parte
fai ces erant feindendis hoftilium navium chordis arque
rudentibus.Dehis vero falcibus fie loquitur Julius
Cæfar lib. 3. ZJna erat magno ufuï res pr¶ta
a no f r i s ., falces praacutet, in fer ta aff.xa.cfue longuriis :
bis cum fanes, (fui antennas ad malos deflinabant,
xomprehenfi adduElique erant fit avigio remis incitât 0 pra-
rumpebant 3 quibus abfciffs, antenna necefiario concidebant.
H x haft a falcata vocabantur -, Græci, iriter-
que illos Diodorus , J'oçvJ'pimua vocant.
I I I . Arietis etiam genus quodpiam habebant, cui
nomen a f er , ac cujus deferiptionem fie habes apud
Vegetium 4. 46". À jfe r dicitur, cum trabes fubtilis
ac Longa , adfimilitudinem antenna, pendet in malo ■ „
utroejue capite ferrato. H u n e , five a dextra > five a f i ni
f r a parte aiverfariorum fe junxerint naves, pro vice
arietis v i impel’un t , qui bellatores hoflium fiv e nautas
fine dubio proftemit ac perimit -, tpfamque navem fitpius
perforât. Erant etiam petrariæ machinas : manus fer-
reæ quibus hoftiles naves infigebant detiriebantque
hæ hodierno üfu grapins vocantur , quarum opera
in naves fiedètentas irrumperent. Manus vero férreæ
a corvis differre videntur, qui corvi eamdem præfta-
bant operam.
Alio modo adverfarias naves labefa&are ftudebanr,
ignés injiciendo , quæ res diverfîs modis efficiebatur,
alii fiphonibus atque tubis ad id utebantur j alii yafa
ignibus-plena in naves conjlciebant.
ÇHAP.
S IGNES M I L I T A I R E S DES N A V IR E S . 171
XKH KKKKKKKStJSJSSKKKKKSÎSKSiSKKHSïKKKîSKKHKKKKKHÏîKKKIÏttKKKSKKKKKSÎSt« «K
C H A P I T R E VI.
/. Signes militaires des navires. IL Trompettes & cris des Mariniers, III. Maniéré
dont les Grecs gÿ les Romains exerçaient leurs matelots,
leurs rameurs & leurs foldats de marine.
L T L y avoit dans les vaiffeaux des fignes militaires & dès étendards : nous
fl en avons vu ci-delfus aux navires de Trajan. Les Grecs avoient aufli de
femblables fignes, diverfifiez apparemment félon les nations & félon la coutume.
Chez les Romains les Licteurs fe tenoient quelquefois auprès du Prefet
ou du Prince. Appien dit que le chef des Liéteurs de Marc-Antoine fe tenoic
fiir la proue, & qu’il commanda qu’on ôtât les enfeignes. Les Grecs avoient
fouvent le bouclier pour ligne.
IL La trompette & ce qu’on appelloit lituus, étoit encore un figne militaire
furies navires. Un autre figne étoit aufli ce qu’on appelloit celeufma ■
c’étoit un cri pour exhorter les rameurs à redoubler leurs efforts. Ces cris
étoient, félon Àriftophane, Rhippapé&c Oop. On fefervoit, fans doute, d’autres
cris femblables. On emploioit quelquefois au lieu de la voix, des pierres qu’on
frappoit les unes contre les autres , félon Xenophon : mais il y apparence
quecen’efl: qu’un fait particulier. Il y avoit aufli des cris parmi les rameurs,
pour plonger la rame tous en même tems, & pour aller ou plus lentement ou
plus vite ; cela fe faifoit en chantant, & même au fon de la flûte. I l fautfi-voir}
dit Afconius Pedianus, que pour animer les rameurs on emploie la Jymphonie ou la
Voix feule, ou la guitarre.
I I L La maniéré dont les Grecs & les Romains, & particuliérement ces
derniers exerçoient leurs gens de mer, tant matelots & rameurs que foldats,
efl très-remarquable. Ce n’éroit que par un long exercice qu’ils parvenoient
à faire, fans trouble & avec ordre, une manoeuvre fi difficile ; enfbrte qu’étant
affis dans leurs rangs, dit Xenophon, ils ne s’embarrafloient point les
uns les autres : ils manioient leurs rames avec un grand ordre, ils élevoient
& baifloient les épaules tous en même tems. Thucydide marque avec beaucoup
de foin & avec un grand détail l’exercice que faifoient les Syracufains ,
[ C A P U T V I .
I. Signa militaria nautica, JJ. Tuhoe clarfto.
refque nanticù J J J. Quo faflo Græci atque
Romani nautas, remises militefque clajjia-
rios exercèrent.
I . T N navibus figna erant militaria & 'te'xillajqua-
JL Ha jam vidimus in navibus Trajan! Imperatoris.
Græci quoque fimilia figna habebant, eaque, uc
credere, eft diverfa fecundum regionum civiratum-
que diverfîtatem & morem. Apud Romanos proximo
præfeârum aut principem li&ores erant. Jam c /u c e p r o -
p in c fu o a g n o fe e b a n t f e in v i c e m , inquit Appianus 1. 5 .
Ô 1 f e in v ic e m p e te b a n t n a v e s p r a to r t et c o n fp e fîis in fig n i-
b u s , c um p roe fe S lu s l iü o r u m A n t o n ù , wi1 6
îifivuùjjos y f a n s in p r o r a , u t mos e f l , im P e r a v it u t d e -
tr a b e r e n t i n f i g n ia .G t x c i uc plurimum feuta pro pugna:
figno habuere.
II. Tuba quoque & lituus figna claflica étant: aliud
quoque fignum erat ctleufma : clamor erat, quo rémiges
, uc ftrenuc agerenc, bortabantur : hujufmôdi
T ont. IVa
clamores func apud Ariftophanem in Ramis Rhippape
& Oop i erantque fine dubio etiam alii clamores: non-
n'ün'quam etiam pro voce , lapidum concuflione utebantur,
ut ait Xenophon lib. 5. fed illud de re in ali—
qua folum occafione fadta accipiendum. Erant etiam
clamores apud remiges conftituci uc fimul remum immergèrent
y & flu<5tus verberarentj utque vel celerius
vel lenius rebips moverent. Illud vero etiam tibiis
aliqùando atque mufîcis inftrumentis fiebat i nam Af-
conius Pedianus ait : Sciendum efl câni remigibus per
fymphoniacos & per ajfam vocem, id efl ore prolatam,
& per citharam.
I I I . Modus quo Græci Romanique, hi vero po-
ftremi maxime, tam nautas & iremiges, quam milites
clafliarios exercebant, obfervatu dignus •, nam diurno
tantum ufu atque exercitio , eo peritiæ deveniebant ,
ut cum ordine & fine ulla perturbatione t^rn dilEci-
lcm operam præftarent : de Græcis quippe Xenophon
ait in Oeconomico : cur remiges fib i invicem minime
fu n t molefiï ? an quia ordine fedent, ordine remis in°
cnmbunt, ordine fe in humer os at to Hunt & réclinant*
Thucydides quoque accurate minucatimque exercitia
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