
io 4 L’A N T IQ U I T E ' E X P L IQ U E 'E , &c. L i v . II.
des anciens , Lazarus Bayffius , Stewéçhius , Scheffer , Palmerius , M. Fabreti,
M. Porter évêque d’Oxford , 8c plufieurs autres : ils ont éclairci bien des diffo
cultez. Il y en a d’autres dont ils ont, comme ils l’avouent eux-mêmes , bien
de la-peine à fe tirer. Je me fuis principalement fervi de Schefter, de M.
Fabreti 8c de M. Porter , en y ajoutant bien des chofes que j’ai obfervees, foit
dans les anciens Auteurs, loit dans les monumens qui nous relient ; ôc en me
refervant la liberté dejes contredire, lorfque des raifons fortes m ont fait mi-
vre un fentiment oppofé au leur.
III. Dans les plus anciens tems Tare de la navigation n’étoit connu 8c ne
s’exerepit que fort imparfaitement : il a cela de commun avec les autres arts
qui étoient toujours grofliers & imparfaits dans leur, origine. Ces anciens
joignoient des poutres enfemble & les couvroient de planches • c’étoient là
tous leurs navires , dit Ifidore. Quintilien conformément à cela , dit que lî
ceux qui font venus dans des tems pofterieurs n’avoient fait autre choie que
fuivre ceux qui les avoient précédez, nous navigerions encore fur des radeaux.
Tant il eft vrai, qu’il eft treNs rare que ceux qui inventent donnent d’abord
aux chofes inventées la forme la plus convenable ; 8c que ce n’eft qu’en ajoutant
aux chofes que nos anciens ont inventées , que nous arrivons enfin a la
perfection des arts : il eft arrivé aufli allez fouvent que par l’inattention ou la
nonchalance de ceux qui ont fuivi ces premiers inventeurs, nous avons perdu
bien des fecrets qu’ils avoient trouvez 8c perfectionnez. Ces radeaux étoient
appeliez par les Grecs fehedia,, dont quelques-uns attribuent l’invention aux
Lydiens.
IV. Ce qu’on appelloit Monoxylon , eft encore d’une très-ancienne invention
: c’étoit une gondole faite d’un feul tronc d’arbre creule. Xenophon
pa,rle des monoxyiar,8c dit que chacun portoit trois hommes. Polyenus parle
aiifti de ces monoxyla, qui ne pou voient, dit-il, porter qu’un homme. L ulage
de ces petits bateaux qui eft de la plus reculée antiquité , fe trouve encore aujourd’hui
chez les Grecs. Spon dit dans Ion voiage, 1.1. p. 141. que ces MonoxyU
1 for lefquels il eft allé plufieurs fois, font de petits bateaux faits d’un tronc d arbre
, longs de quinze à vingt pieds, for un pied 8c demi de largeur, 8c lurpref
que autant de hauteur. On s’en fert principalement aux endroits ou la mer eft
fort baffey parce qu’ils ne prennent pas plus d’un pied d’eau. Jamais je. ne Jus
plus Jurpris, ajoute- t-il, que de voir au plus étroit du trajet tnwerjer deux chevaux
fcripfere, Lazarus Bayffius, Stewechius, Schefferus,
Palmerius, Raphael Fabretus , doóliffimus Potterus
Epifcopus Qxonienfis, aliique non pauci. Ii certe
mutia difficiiia explanavere ; alia , ut fatentur & ipfi,
diu explorata excuffaque adhuc in dubio manent. His
vero potiflimum ufus fum , Scheffero , Fabreto atque
Pottero : multis additis quaz vel in Scriptoribus , vel
in' monurrientis veterum obfervaveram.' Ab illis ta.
men non infrequenter difcedere cogor , cura vi argu*
mentorum in aliam abducor opinionem.
I I I . Prifcis tempóribus rudi prorfus more ars na-
vigandi exercebatut j id vero illi cum caereris artibus
commune eft , quarum Temper origo imperfeóta, rude
principium. Tignaprimum trabefque jungebant vete-
jes , tabuiifque contegebant. Fat es primum & anti-
ejuijfimum genas navtgti e ruitbus , lignis affcribufque
confenum, inquit Ifidorus 19. 1. Ea de eau la Quinti-
lianus air 19. 2. Si nemo plas effeciffet co , quem feque-
batur- y adhuc r>atibyqs navigaremus- Ufque adeo verum
eft primes artium inventores vix potuiffe res inventas
ad peffe&ionis culmen deducere, acnonnifi poftcrioribus
additamentis inventorum plenum çommodio-*
remquë ufüm nos aflequi pofïe. Accidit tamen pie—
rumque utautincuriâ aut cxercitatfonis defedtu, quæ
primum inventa fuerant, iterum labantur & pereant.
Rates vero Grèci %Uuct ■ vocant, quarum inventum
nonnulli Lydis attribuunt.
IV .Id qu o d (j.ovôfaov vecabant ,prifcorum ctiam
inventum fu it, cÿmbaque erat in uno arboris trunco
excavata. Monoxyla commémorât Xenophon lib.
Hift. Grsc. airque fin gu Iis veâros très viros fuifle.
Polyænus tamen lib. 5. de monoxylis loquitur queis
unus tantum homo vehebatur. Ufus hujufmodi cym-
barum lintriumve hodieque viget in Graz cia, inquit
Sponius in Itinerario fuo gallico vulgari idiomate
feripto , torn. 1. pag. 141. ubiait hæc monoxyla qui-
bus ve&us ipfe fazpe fu it, efle cymbas ex uno exca-
vato arboris trunco confc&as, longas quindecim aut
viginti pedibus, latas fefquipede, altitudine la ri tu di-
nem cxæquante. In vadofis maxime locis iis utuntur,
quia non plus uno pede in aqua immerguntur : admo-
dum obfupui, inquit il le, cum vtdi in angujlofreto equos
L E S M O N O X Y L E S . xoj
damunde ces monoxylons ■ czfpour peu quilsfi fijfént remuentoutfefinit ren-
verfedms leau. Sidonius Apollinaris fait auffi mention dans Tes panegyri.
qnesde ces monoxylons ou Ion paffoit des chevaux accoutumez à alleffur
1 eau dans ces petits efquifs. Ce que Pline rapporte des monoxylons des Germains
de Ion tems eft encore fort furprenant : Les Germains, dit-il, exerccnc
leurs pirateries fur des bateaux faits d'un feul tronc d'arbre , dont quelques
uns portent jufqu a trente hommes. Les Gaulois, félon Tite-Liveien fa^ienï
auffi beaucoup, & ne fe foucioienc point de les faire propres & polis, fe contentant
quils puflent nager fur l’eau & porter des fardeaux. Strabon dit que
les Elpagnols de Cordoue fe fervoient auffi anciennement de ces' manoxyU
pour aller fur le fleuve : il dit ailleurs que les Lufitaniens s'en fervoient auffi.
Ces monoxyles s appelloient auffi alwei, comme qui diroit des auges Tite
Live les appelle ainfi dans un paffage rapporté ci-deffiis : Velieius PaterCulus
ie lert aufli de ce terme dans le même fens. Vn de ces barbares dit-il qui était
un beau vieillard, de belle taille, & qu d fis habits on connoïjfiii être m homme
de la preimere qualité , monta dans un arbre creiife comme une auge . a la maniéré
dupayis, $ conduifant lui-même cette petite barque , i l s’en alla au milieu du fleuve-,
Ovide parlant de la petite nacelle où furent expofez Remus & Romulus '
1 appelle alveus, une auge } plufieurs autres appellent les monoxyles abei.
duos urn monoxylo sseSqs, qHi vel tMtiUo mom & fca-
f ham & faniaam even,fem i„ mureyue pracipitafem.
Sidonius quoque Apollinaris in Panegyricishazc monoxyla
commemorat, aitquc his equos ve<ftos fuifte:
Pars lintre cavata
Jam docilcs exponit equos*
Quod Plinius de monoxylis Germanorum fui tem-
poris refercobfervam certe dignum eft : Germania
pradones , inquit 16. 41. Jingulis arboribus cavatisna-
•uigant, quarum quadam ,& triginta homines vehunt»
Galli etiam tefte Livi° 11 • monoxylis otebantur:
JXoyafque alias, inquit, primum Galli inchoantes ca-
iiabant ex Jingulis arboribus, fimul facilitate operis in.
duty , alveos in formes , nihil, dummodo inn are aqua
capereque on era pojfent, curantes facie bant. Hifpani
quoque Cordubenfes, ut narrat Scrabo lib. 2. mono'-
xylis in flumine navigabant, alibique dicitLuftta-
nos perinde monoxylis ufos fuifle.
H s c monoxyla vocabantur etiam alvei, jam vidimus
a Livio monoxylon alveum appellari. Sic etiam
vocat Velleius Paterculus lib. 2. cap. 107. Vnus e barbaric
, at ate fenior , corpore excellcns, dignitate quantum
ofiendebat cultus» eminens, cavatum, ut illis mos eft,
ex materia confcendit alveum ,folufquc id navigii genus
temper an s ad medium proceftt fiuminis. O vidius
de cymba locjuens in qua expofiti fuerant Remus at-.
que Romulus, alveum appellatf aliique multi alyeos
vocanc monoxyla.