
*68 L’ANTIQUITE' EXPLIQUEE, &c. Lxv. IV.
remplis de Table; on ne Te fervoit de ces fortes d’ancres que quand on n’en
avoitpas d’autres, ou quand le fond étoit fablonneux , où les pointes des
ancres ne pouvoientpas prendre. L’ancre n’avoit anciennement qu’une pointe
: les uns difent que c’eft Eupalamus qui inventa les ancres à deux pointes
oppofe'es ; d’autres attribuent cette invention à Anacharfis.
III. La fonde qu’on appelloit en grec & en latin bolis , étoit un infiniment
avec lequel on fondoit, comme aujourd'hui, le fond de la mer : pour
en découvrir la profondeur & la qualité , s'il étoit de pierre, de fable, de limon
ou de terre. L’inftrument dont on fe fervoit pour tirer l’eau de la fentine
s'appelloit fntUn \ les anciens avoient auffi l’ufage de remorquer les grands
vailTeaux dans la bonaffe, ou quand ils ne pouvoient pas aller : nous en avons
vu ci-devant un exemple, quand nous parlions du grand navire de Hieron
dont il fit prefent à un des Ptolemées, lequel ne pouvant aller à caufe de fa
pefanteur énorme, fut remorqué pour être mené à Alexandrie.
IV. L’ulage de peindre les navires étoit fi ancien, qu’on le trouve
même dans Homere ; qui dit dans l’Odyffée, que les Cyclopes n’avoient
point de vaiffeaux fuA*»Wp»pi , dont les proues biffent peintes de rouge :
il dit ailleurs que les vaiffeaux avoient des proues bleues. Hérodote dit
qu’anciennement tous les vaiffeaux étoient peints de rouge ; on les peignoir
d’une couleur qui pût refifter, & au foleil & à l’eau. Ils peignoient fur les navires
des images de dieux, de tritons, de chevaux marins & d’autres animaux.
Ils ne fe contentoient pas de les peindre, ils les mettoient auffi en ftatues &
en basreliëfs ; on en mettoit fur la proue & auffi furlapouppe, comme on
peutvoir par plufieurs exemples que nous avons donnez. Nous verrons plus
bas la grande liatue d'un centaure fur la proue. La marque qui étoit fur la
proue diftinguoit les navires les uns des autres ; afin que chacun pûtrecon-
noitre fon vaiffeau. On appelloit cette marque en latin infigne, & en grec
parafiemon. Il y a apparence que ce centaure que nous verrons fur la proue
d’un navire lui donnoit fon nom de centaure, & que ces marques de la proue
donnoient fouvent le nom aux vaiffeaux. Le nom du vaiffeau étoit auffi
écrit affez fouvent fur la proue.
On mettoit encore fur les pouppes des bandes oudes flammes pour connoi- *I.IV.
pleni. Quo genere anchorarum tantum utebantur, vcl
cum aliæ anchorac non fuppeterent, vcl cum in areno-
fo limofovc fundo anchorarum acumina fîfti nequL-
rent. Unum tantum acumen anchoraolim habuit, bide
ntium vero anchorarum inventum alii Eupalamo
tribuunt, alii Anacharfi.
I I I . Bolis , quam hodie vocamus la fonde , inftru-
mentum erat , quo fundum altitudinemque maris ex-
plorabant ut hodie, explorabant item an loca petrofa
& arenofa efient. Inftrumentum porro , quo utebantur
ad exbauriendam ex fentina aquam, antlia appel-
labatur. Majores etiam folebant majores naves rcmul-
co trahere , cum vel malaria effet, vel navis ad navi-
gandum mole fixa effet inhabilis. Hujufce rei exem-
plum fupra vidimus cum de navi Hieronis ageremus,
quam dono mi fît uni Ftolemæorum , quæ navis, cum
ob immane pondus pergere alio modo non poflet, ad
ufque Alexandriam remulco traria fuit.
IV. Mos depingendarum coloribufque ornanda-
rum navium ufque adeo vêtus eft, ut apud Homerum
etiam deprehendatur, qui in Odyffeadicit Cyclopas
•non habuifle naves , quas eodem loco hoc epitheto
infîgnit, quarum fcilicet proræ erant vermicular
, quod eft rubro colore depi&at :
J ykf Kvkî iÀ/K7D7ra.^noi.
Erant aliquando etiam prorae colore veneto livae car-
ruleo depiriar , quas Homerus vocat
Herodotus in Thalia dicit *> mhuioy S.irua<u m*
Hatty f , veterum naves omnes erant rubric at <t’r
pi&ura vero talis erat, quae poflet & foli & aquae re-
fifiere. In navibus, in carum videlicet diverfis parti
bus depingebant imagines deorum, tritones, equos
marinos , delphinos aliaque animalia : nec fatis ha-
bebant hujufmodi res depingere, earum etiam ftatuas
atque anaglypha apponebant. In prora depingeban-
tur vulgo , atque etiam in puppi, utplurimis videre
eft intabulis fupra pofitis & infra ponendis. Centauri
ingenrem ftatuam in prora fiantem infra videbimus,
qua nota feu teffera naves alias ab aliis diftinguebat,
in prora erat, utquifque poflet navem fuam agnof-
cere : qua: nota lative irfgne, grarcc arafda»^ voca-
batur. Verifimile eft centaurum ilium, quem in prora
ftantem infra confpiciemus,nomen centauri ipfi navi
indidiffe, illafque in prora pofitas notas fimiliter
nomina indidiffe navibus. Nomen quoque , ut pluri-
mum falcem , in prora navis defcrlptum erat.
T zn ix etiam feu fafeise apponebantur ad ventos di-
L E S MA T E L O T S ET LES R AME U R S . 169
tre les vents. Dans l’apluflre, dit Pollux, e(l fiché un bois tout droit, qu’on appelle
Steltde, au milieu duquel efl une bande d'étoffe. Euftathe dit que cette bande
ou flamme étoit la marqué du navire : il y a bien plus d’apparence que c etoit
pour indiquer les vents comme aujourd’hui.
fHnguendps. In apludri, inquit Pollux, reclim in- illara tæniam Fui fié: navium nota 8c infigne -, fed
Sfixitm efl tigman, cjuad vacant ftelida , c cujui mtdïa longe vcrifîirtiîius cü foi [Te venromm notam & in-
aingulum féu fafeia dependens. Ait potro Eüftathius dirium.
ststaææaæsma æsaasææææænæaæaaæaæaæaææKæææa-ææaæaaæææææsBaasæBæiæsæææaæsæ
C H A P I T R E V.
I. Si le f matelots & lès rameurs étoient nus en faifant leurs manoeuvres.
II. Habits militaires & armes des foldats. III. Belier & autres
inflrumens de guerre des vaijféaux.
I. q p Out ce que nous venons de dire regarde les1 vaiffeaux & les navires.
I Parlons maintenant dés matelots & des foldats. Scheffer dit & prouvé
parle témoignage de quelques auteurs que les matelots étoient nus, & qu’ils
fe couvroient rarement. Il fe fert pour cela du témoignage dé Vi£tor,qui
parlant de Fauftine, femme de Marc Aurele , l'impudicité de laquelle eft décrite
par plufieurs Hiftoffens , dit qu’affife fur le bord de la mer elle régat-
d.oitles matelots, qui étoient ordinairement nus; en faifant leur manoeuvre,
pourchoifir ceux qu’ellejugeroit plus propres pour fàtisfaire fa lubricité.
Scheffer ajoute un paffage de Virgile , qui dit que'les jeunes matelots avoient
les épaules nues, & ointes d huile. Quand ils fc couvroient} c etoit d habits
faits de.poil de cbevre, félon Varron ; parce qu’ils rcfilloient mieux aux flots
&aux vents ; Scheffer dit que cela s’entend feulement des matelots & non des
rameurs, qui étoient prefque toujours nus. Cela m’oblige de rappeller ce que
j’ai fouvent die, qui eft, qu’il fautprendre garde dene pas prendrepour réglé
ce que nous trouvons dans differents Auteurs, parce qu’ils difent quelquefois
ce qui fe paffe en un payis feulement, & qu'ils rapportent quelque ufage
particulier auqüél le tems a apporté bien du changement ; & parce qu auffi
quelquefois ils fe trompent.-Cette coutume des matelots & des rameurs
d’aller cour nus, eft fi peu gerterâle, que dans tous les vaiffeaux que nous avons
vus ci-devant, les matelots & les rameurs font toujours Vêtus.
C A P U T V.'
1. An n aut st remirefque in exercitio nudi effent
an veftiti. II. Heftes miliiares &
elaffiarioram. I I I . Aries & alia inßrumen-
ta bellica nautica,
I. haAenusAlximas adnaves ipfas pertineht:
V_Jjam de nautis 8c de milltibus lbqutndum.
Nautas, offifcio fungentes fuö , nudos fere fuifie probat
Schefferus multis fetiptotum locis, cx Viftore
nempe, qui de uxorc M. Antonini Philofopbi lo-
quens a i t : In Campaniaftdtns , inquit,amarna litto-
rum obfidebat ad legendos ex naitticis , quin pterumque
nudi agunt, flaoitiis aptiores : buc ctiara relpicit ,
iuquic ,h ic Virgilii locus r
Cetera populea velatur fronde jnventus
■ Audaufque humeros also perfuf i nitefeit.
Si qiiarido autefn obtegerentur , veftinientis utebaü-a
tut e pilis capririfs , ut âpud V artonem de re ruffica
lib. i. legiinus ; ut fruchm avise taiia ad vtfiimn-
tum ,fic capra pHoIrnirfiJlrat ad ufliiri nauticam. V e--
ruta idde nautis tantiuri intc'liger.dunl clTe cenfiit
S'chefferus ; fecus veto de rémigibüs, quos putai
fere femper nüdös fuiffe. Hlccögör ea reperere quat
jam fupra dixi, nempe cavendum elfe ne êa qux ct'iatti
apud varios auiSbbres occutrünt, quafl rriores corifüed
tos 8 c affiduos accipiamus , quia nempe illa fiepe di-
cunt quæ aiieubi tàntura geruntür, vel ca quæ fubfë-
quenti tempore mutata fuere, vel etiam quia nonnun-
tjuam hallucinantur. Mos certe ille quonauta: &rc-
miges nudi officio fungebàhtür , ufque adeo parunt
conftans ftabilifque fu it, ut in omnibus quas hafte-
nus protulimus navibus , nautæ 8 c rémiges öfficiq
fungentes femper veftiti compareanç.