
„ s'attachent les parties du navire. On l’appelle chenifque ou petite oie ; parce
„ que ceux qui fabriquent les navires mettent au plus haut lieu la tête d'une
„ oie, enforte que le navire reffemble à une oie : ils font peutêtre cela comme
.» pour tirer un bon augure, de peur que le navire ne coule à fond ; fic afin
» qu’il aille comme les oies, quinagent fur les flots fans aucun péril. » Ce que
dit ici l’Etymologique, que la petite oie e'toit fur la proue, peut avoir été fait
quelquefois ; car quoique nous la volions toujours fur la pouppe dans les
navires que l’antiquité nous a tranfmis, il peut fe faire que d’autres que nous
n’avons pas vus , l’avoient fur la proue. Apulée dit dans fon navire d'ifis: La
pouppe qui faifoit un grand tour avec fon chenifque, étoit revêtue de feuilles
d’or ef toute brillante : ce qu’il dit ici de ce grand contour que faifoit le chenifque
de la pouppe, fe verra plus bas dans une bataille navale.
II. U eft à remarquer que dans l’Etymologique , à l’endroit où nous avons
tourné la caréné, il y a dans le grec •teéirié'oi la Tropide ; ce qui veut dire
cette poutre qui eft au fond du vaiffeau & qui fend les flots ; c’elf ainfi que
l’interprete le Scholiafte d’Homere : ce bois ne fe mettoit que dans les vaif-
feaux longs, & il étoit taillé d une maniéré à fendre les flots : les vailfeaux
plats n’en avoient point.
III. Les triremes étoient fort en ufage dans l’antiquité, c’étoient des vaif-
féaux de guerre fi communs , qu’on trouve fouvent, comme nous dirons plus
bas, le nom de triremes pris en general pour des vailfeaux de guerre, fans en
déterminer la grandeur ni le nombre des rangs de rames. On prenoit auffi
quelquefois, quoique rarement, le nom de triremes pour des petits bateaux
à trois rames : tel étoit celui dont parle Plutarque dans la vie de Thefée. Il
fut ordonné par le commun confentement des Grecs, qu on ne pourroit na-
viger avec des triremes qui pulfent contenir plus de cinq hommes chacune
c eft cette efpece de triremes , que Plutarque appelle dans la vie de Paulus
Æmilius , n\oTov rpia^sAftop, un petit batiment ou il ny avoit que trois rames
, deux d’un côté ôc une de 1 autre. Scalmus eft la cheville ou 1 on arrête la
rame fur le bord.
La trireme qui étoit un grand vaiffeau à trois rangs de rames, fut inventée,>
félon Hérodote, par Aminoclès Corinthien. Thucydide en parle plus au
long : C'efl à Corinthe , di t-U , qu’ont été fabriquées les premières triremes qu on
ait vues dans la Crece. On raconte qu Aminoclès Corinthien fabricateur de navires ,
navis firmantur. Dicitur autem chenifcus vel anfereulus,
quia f ab ri n avium caput anfertnum déformant ÖT in
ejus furnmitate collocare f oient , atque ita navim anferi
quddammodo aßifnilant, ominis fortaffe öaufa , tie navis
fubmergatur j queraad.mod.urn anferes, qui per fluElus
nullo Vericulo navigant. Quod Mc aitetyraologtcum,
videlicet chenifeum five anferculum in prora fui fie ,
aliquando fieri potuit : licet enim in navibus , quas
nobis tranfmifit antiquitas, chenifeum. Temper n puppt
videamus , fieri potuit, ut in aids quas non. con-
fpeximus , in prora haberetur. Apuleius de navigio
Ifidis j Puppis, inquit, intorta chenifco brafleis aureis
vefbita fulgurabat. Quod ait autem de puppi chenifco
intorta , infra in navibus proferendis obfer-
vabitur.
II. Obfcrvandum eft in loco etymologici vocem ,
quam nos gallice la carene vertimus , o< efle,
quæ vox qrpégnf trabem illam fignificat, quæ in navis
nindo locatur , quæque fluifcus fulcat & findit, ut
interpretatur Scholiaftes Homeri Hæc trabes in ma-
joribus tantum navibus apponebatur > & fic confor-
mata erat, ut fludus fulcare poflet. Naves in ima
parte plans rropidas non habebant,
II I. Triremibus frequentiflime utebantur yeteres ,
haecque triremium frequentia in caufa fuit cur cum
de clafiicis navibus agitur , triremes omnes cujufcum-
que generis & maguitudinis naves bellicæ vocentur.
Aliquando etiam, etfi rarius , per triremes intellige-?
bantur perquam minima navigià tribus inftruda remis
: hu jufrnodi erat illud de quo Plutarclitrs in vita
Thefei. Communi Graecorum confilio atque decreto’
cautum fu it , ne quis in trirémi navigaret quæ plures
quam quinque homines cqpere poflet •, quod , triremium
genus Plutarchus in Pauli Æmilii vitâ vKoïw
rft0x.a.f.f/ot navigium trium fealmorum vocat -, erat fei-
licet parvum navigium in quo très tantum remi eranr,
duo ex una , unus cx altera parte, Scaimus eft clavus
quifpiatn quo remi detinentur.
Triremis magna navis triplici verfuum ordine
inftru&a, fecundum Herodorum ab Aminocle Corinth
io'invenra fuit : idipfum clarius eflert Thucydides
lib. i . pag- io. Corinthi , inquit, conftrutt&funt
prima triremes qua in Gracia vifa fuerint. Narrant
ydminoclem Corintbium naupegum Samis quatuor tri•
en fit quatre pour lesSamiens. Il die enfuite que depuis ce tems-la jufqu au. tems
où il écrivent, il y avoit trois cens ans : le plus ancien combat naval, pour-
fuit-il, que nous connoiffions , eft celui des Corinthiens contre ceux de Corfou
qui fut donné, il y avoit alors deux cens foixante ans. Diodore de Sicile die
auffi que ce fut Aminoclès qui fit les premières triremes : il l’a pris apparemment
de Thucydide. Pline dit de même que ce fut Aminoclès, fie cite
Thucydide comme fon auteur. Cependant Clement Alexandrin en attribue
l’invention aux Sidoniens.
IV. Comme entre les vaiffeaux de guerre les triremes étoient les plus communes
, on appelloit généralement triremes cous les vaiffeaux de guerre de
quelque grandeur qu’ils fuffent : ainfi Zonare parlant de la paix des Romains
avec le roi Philippe, dit que les conditions furent, que Philippe livrerait aux
Romains fes élephans fie fes triremes, hors cinq, & que la principale qui étoit
à feize rangs, de rames ferait auffi rendue. Hefychius définit Amplement la
trireme un vaifleau de guerre, & le Scholiafte d Ariftophane appelle les navires
de guerre pris en general, des triremes ; c eft peutêtre ainfi quil faut
entendre Cicéron , lorfqu’il dit ; il fic faire un très grand navire qui reffem-
bloit à une trireme. _
V. Dans la planche fuivante , nous volons l’empereur Trajan monté fur p L-
une trirème accompagnée de deux biremes ; cette trireme eft beaucoup plus ç y jy y
longue fie plus grande que les deux autres vaiffeaux, C’eftiei que nous voions
clairement les trois rangs de ram.es difpofez comme en echiquier. Les Thranites
qui font, comme nous avons fouvent dit, les rameurs du premier rang,
ne font qu’un à chaque rame ; & comme il paroit par leur attitude, ils plongent
la rame fi près du vaiffeau, qu’ils ne peuvent pas être davantage fur chacune.
Si les Thranites ne font qu’un à chaque rame, à plus forte.raifon les
rangs de deffous qui ont moins de peine à ramer, feront-ils de meme feuls fur
chacune. Acôcédè l’éperon du navire on voir un cheval marin reprefénte la
pour l'ornement : il paroit qu’il y a ici un pont fur lequel va 1 empereur Trajan.
Plufieurs navires de guerre de ceux qu’on appelloic vaiffeaux longs, avoient
des ponts ; ceux-ci s'appelaient en grec cataphraEles, & en latin conférât* * naves:
les ponts étoient ce qu’on nommoit catafiroma ou confiratum norois. D autres
vaiffeaux qui fervoient à la guerre n’avoient point de pont ; on les appelloit,
comme nous avons déjà dit, aphroHes : de ceux-ci il y en avoit de fort grands.
remis conftruxijfe. Pergit poftea diciçque ab ijlo ad
fuum ufque tempus quo hiftoriam fciiberec} trecencos
effluxifleannos.Pugna navalis omnium,quas novimus,
inquit Thucydides, antiquifïima , Corinthiotum eft
contra Corcyræos, quæ ante annos ducent«s fexagin-
ta commifla ruerat. Diodorusquoque Slcuius Amino-
clem triremium inventorem fuifle dicit, idque fortafle
ex Thucydide hauferic. Plinius quoque|P1 | Amino-
clcm dicit primum effeciflc triremem, & auÆtorem af-
fert Thucydidem : attamen Clemens Alexandrinus
Strom. 1. a Sidoniis inventam triremem dicit.
*IV. Cum itaque inter clafîïcas naves triremes omnium
frequentifiiraæ eflent , triremes appcllabantur
naves elafiieæ, quantævis magnitudinis atque formæ :
fic Zonaras de pace loquens inter Romanos &C Philippine
regem, ait illas fuifle conditiones, ut Philip,
pus Romanis traderet elephantos & triremes exceptis
quinque, quarum triremium præcipua, quæ erat fcx-
decim remotum ordinibus inftruita , tradenda quoque
erat. Hefychius triremem claflicam navem fim-
pliciter dicit > Scholiaftes autem Ariftophanis claflî-
cas naves in gençre triremes appcllat- Hoc etiam fortafle
modo intelligendus Cicero eft, cum ait Verr. y.
navim max imam triremis inflar adificavit.
V . In tabula fequenti Imperatorem Trajanum
cernimus'in trireme ftantem : triremis autem in qua
ftat, Trajanus , duabus aliis comitantibus biremibus
major longiorque eft. Hîc très remorum verfus clare
videmus in quincuncem ordinatos : thraniræ, qui, uti
fæpe diximus, fuperiorem ordinem occupant, finguli
fingulos tenent remos, atque , ut. ex modo quo re-
mum traitant atguitur, non videntur pofle plures
eumdem movere remum, Si vero thranitx finguli fingulos
moveant remos, multo magis inferiores rémiges
finguli etiam remos fuos traitabunt, quippe-
qui minus in agendo remo laborent. A latere roftri
equus marinus vifitur, ad ornatum, ut alias, appofitus.
H îc tabulatum efle videtur , in quo confiftit Trajanus.
Multæ claflicæ naves tabulatis erant inftruitæ :
hæ autem vocabantur græce (csfwpptfXT"/ , latine vero
conftratæ naves : tabulata autem appellabantur
çpâpiccra aut confrata navis. Erant etiam naves cata-
ftromate carentes , quæ ad bellum ufurpabantur : hac
autem , ut jam monuimus 3 *<p$*invt nominabantur.