
» fait des vaiffeaux qui font d’un très-bon ufàge ; parceque les vers ne s’y met-
» tent jamais. ■= Quand il dit qu’à peine un homme peut les embraffer, il ne les
fait pas a fiez groffes pour que la moitié d’une puiffe faire une barque : il entend
apparemment, qu’on en joignoit plufieurs enfemble pour en faire une.
En effet, félon le même Diodore, on en faifoit des barques , dont les parties
fe pouvoient féparer ; & cela s’accorde fort bien, comme a remarqué SchefFer,
avec ce que dit Quinte-Curce : « Il commanda, dit-il, qu’on avançât .juf-
« qu’au fleuve d’indus , & qu’on fît des barques pour paffer l’armée à l’au-
•>tre bord. Ceux à qui il en donna la charge, voiant qu’il y avoit plufieurs fleu-
« ves à pafTer, firent ces barques de maniéré qu’on les pouvoit.défaire après,
>>& les rejoindre quand il feroit neceflaire. » Les Romains avoient trouvé une
maniéré plus courte & plus commode de faire promtement des ponts de bateaux
, en mettant ces bateaux tous entiers fur des charetes, comme nous
avons vû ci-deflus : invention qui n’a peutêtre pas toujours été continuée depuis
, mais qui a été renouvellée de nos jours.
VI. Il y a encore une autre efpece de barquesqu’on appelloit pliables-.
Les Ethiopiens , dit Pline , qui navigent fur le Nil, étant arrivez avec des
barques à l’ifle de l’Elephant ; quand ils font près des cataractes plient leurs
barques , les mettent fur leurs épaulés , &,les portent au has de ces énormes
chûtes d’eau, pour les remettre dans le fleuve & s’embarquer deffus. SchefFer
croit que ces Ethiopiens mettoient dans ces barques de certains ais circulaires,
qu’ils ôtoientlorfqu’ils'avoient tiré ces barques hors de l’eau -, mais cela
aie fe trouve pas dans le texte de Pline, quoique le fentiment de SchefFer ;foit
aflèz vraifèmblable. Hérodote 1. i, parlant das Arméniens , dit qu’ils fe fer-
voient de barques d’une efpece à peu-près femblable. » Toutes leurs bar-
=> ques, dit i l , font de cuir & de forme circulaire. Après qu’ils ont préparé du
» bois de faule de cette même forme, ils mettent pardeffus des peaux, fur lef-
w quelles ils marchent, & qui font le fond du bateau. Ils n’ont ni pouppe, ni
» proue ; leurs barquerolles font rondes comme un bouclier ; ils les bourent
" enfuite de paille, les c h a r g e n t de difFerentes choies, & les mettent dans le
=> fleuve. Ils portent dans ces bateaux des ânes, & quand ils font arrivez à Ba-
=> bylone, ils vendent le bois & tout ce qui étoit dans le bateau , & mettent les
» cuirs fur les ânes qu’ils ramènent en Arménie. » Pline parle aufîl des barques
du Nil faites de jonc : on croit que la petite barque dans laquelle l’enfant
Moyfè fut expofé étoit de même matière.
feßantur. Quando dicit vix eas ab homine ulnis poffe
xomprehendi, non fat amplas effeTubindicat, utunius
pars di.rn.idia navigium efficere poflit \ intelligere au-
lem videtur , multas arundines fimul jundras cymbam
efficere. Et fane , ut ait idem Diodorus, navi cube ex
■ Ölis conficiebantur , quarum partes poffent feparari,
caquein re conTentir, ut optime obTervavit Schefferus,
cum his Qulmi Curtii verbis 8. io. Jujfit ad fiumen
Jnaum procedere & navigia facere 3 quels in ultcriora
tranfportari poffet exercitus. Illi quia plura fLumina
fuperanda erant, fic junxere naves, ut foLut a plaußris
7vehi poffent, rurfufyue conjungi. Romani breviorem
commodioremque parandorum pontium rationem re-
pererant cum naviculas integras plauftris impone-
i»ant, ut fupra vidimus: quod inventum non fortaffe
ad pofteripra ufque Tsecula Temper continuatum fu it,
Ted a?tate noftra renpvatum vidimus.
V I . Aliud erat genusnavicularum, quasplicatiles
appellabant. Pjinius lib. 5. c. 9. ait: ELephanüs infula
iU t/Ethiopica convenient naves*. . tiamjue eas plicatiles
humeris transférant, ejuoties ad cataraElas ventmt
eft* Putat Schefferus Æthiopas naves illas fecifle ex
ellibus, lignis quibufdam circularibus adhibitis, qui-
us expandi pelles, exemtlfque rurfum complicari pof-
fen t, quod ramen in Plinii textu expreffutei non eft ,
licet a verifimili non abhorreat. Herodotus de Arme-
nis loquens lib. 1. 195. eos narrat navigiis ufos abhis
non abfimilibus. Navigia funt illis omnia circulars
forma, ea/jue ex aluta vel çorio : ubi enim ligna circular
i a e falice coaptarunt, obtendunt extrorfus tegument a
ex pellibus, cjuibus fo li vice utantur, carinaque loco.
Nu lla neejue puppis neejue prora forma difereta, verum
[cuti injlar in orbem compofita , deinde Jlipula refer-
ciunt one raque imponunt, illudque navigium flumini permit
tant- Singula ex his vivos int us habent afinos , &
po/lquam Babylonem pervenernnt, lignis navigii atcjue
omnibus ftramentis venumdatis, pelles afinis imponunt,
eoftjue in Armeniam agunt. Pliniusy. 56. ait in Nilo
naviculas ex feirpo fieri, qualem fuiffe puranc earn, ia
qua Moyfcs infans expofitus fuit.
fiSSSSSKStStSStSSKStSSOSSStStSCSSSSÄKSSKKSKSSSSSSSS KKKÏtîCtK&KSÏK&HX&StSîKKïtïî Hït&iï
C H A P I T R E III.
I. EJpvces de bois dont o n fifin o it pôuflâ ConftruElion des navires. 1 1. Maniéré
de joindre les poutres les fo lieues. I ï I. L, etoupe rnife entré les
jointures :• matières pour calfeutrer.
L E que nous venons de dire regarde les petits- bâtiment , dont où lâ
matière ou la forme, ou quelquefois 1 une & l’aùtrè étoient extraordinaires.
Quant a la maniéré ordinaire de conftruire les vaiffeaux dont fe fer-
voient les Grecs & les Romains, ils avoient premièrement foin de les faire
de bois fec: ils cherchoient une efpece de bois qui ne fut ni trop pefant, ni
trop l e g e r le pin & le fapin y étoient ordinairement emploiez. Lucain met
quatre fortes de bois propres pour la conflruélion des vaiffeaux de mer :
Procumbunt orni, nodof'a impellitur ilex }
Silvaque Dodones, & fludibus aptior alnus.
Vornus eft une efpece de frêne fauvage : l'ik x , le chêne verd, bois fort
pefant & fort dur, ne paroit guere propre à la conflruélion des vaiffeaux ;
finon pour faire des chevilles , ou peutetre des rames. Le hêtre que Lucaiù
exprime par la foret de Vodone, neft ni trop pefant , ni trop leger. D’autres
croient que la forêt de Dodone lignifie le chêne: Faune eft ici mis pour le
plus propre de tous a bâtir des navires, Stace 1 appelle alnus arnica fe tis : 8c
Claudien prend quelquefois alnus pour une nacelle. Virgile parle auifi dé
Faune comme d’un bois leger propre à la navigation. Les Rois d’Egypte &
de Syrie, dit Pline, faute de fapins, faifoient des flotfcs de bois de cedre.
Il paroit que les Romains emploioient plus volontiers le fapjn que les autres
bois : ils avoienc des forêts qu’ils faifoient abattre j quelquefois leurs alliez leur
en fourniffoient. Nous voions aufîl qu’en Grece les Rois en fourniffoient à
leurs alliez. Dans Polybe, Etolemée promer-aioe Rhodiens de leur fournir
du bois pour fabriquer dix quinqueremes ou dix vaiffeaux à cinq rangs de ta-
mes, & autant de triremes , & des poutres de la longueur de quarante coudées.
Perfe'e leur donna aufli une grande quantité de matériaux pour faire une
flote.
C A P U t I I I .
I . Q iiib u s lignorum ffn c r ib n s iderenttif •uetens
a d conflruBionem n a v ium . J I . Trabiurrt
afferumque jungendorummodus. I l l , S tuppd
in r imas im m if fa ; q u a m a te r ia n a v e s o bline
rentur,
l - T T quardiximus fpe&ant ad tiaVicuias lilas
n cymbafque,quarum vel mareria vel forma,vel
nonnunquam utraque , non vulgares erant : quantum
veroad modum conftruendarum navium^queisureban-
tur GrjEci Romanive, hjec obfervamus ; id primo cu-
rabant ut ex lignis aridis eas fabricarent : genera lignorum
in opus admovebant, qua: nec graviora, nec
leviora effenc : pinnus & abies in earn rem vulgo ad-
hibebantur. Lucanus lib. 3. v. 440. hare quatuor lignorum
genera ftruendis navibus memorac:
Procumbunt orni, nodofa impellitur ilex,
Silvaejue Dodones , Ct. fluBibus aptior alnus.
Ornus eft fpecies fraxini filveftris 5 ilex lignum grave
Tom* IV*
durumque, non videtur ftruendis navibus aptum nifi
Forte ad fealmos remofque adhibeatur. Fagus quam
Lucànus per filvam Dodones exhiber, nec levior neC
gravior eft \ alii volunr per filvam Dodones quercura
indicari. Alnus hîc quail cæteris aptior wg« v*vo»yUi
indicatur $ illam Statius fi.c commémorât, alnus arnica
fre t is ", Claudianus veto alnum aliquando pro naViculà
âccipit. Virgilius Georg.. 2. v. 451. alnum praedicac
levem âc naVigationi âptam :
Nicnon & torrentern undam lev is innatat alnus,
Plinius üSï 41. air , in *Ægypio & Syria reges inopia
abietis cedro ad daffes feruntur ufi, Videntur Romani
libenrius abiete ufi ad navium conftru&ionem : ipfis
filva: erant qua: ligna hujufmodi Tuppeditarent j aut
aliquando ab amicis atque fociis ligna accipiebant. In
Graicia etiam reges Tociis atque amicis materiam ad
claffes parandas Tuppeditabant. Apud Pölybium 1. 5.
89* Ptolemæus Rhodiis pollicetur navalem materiam
ftruendis quinqüeremibus decern roridemque trirèmi-
bus , trabefque löngitudine quadraginta cubitorum.
PerTeus quoque rex ingenrem materiæ copiant Rhodiis
dedic ad claffera ftruendam.
Dd ij