
gnoient :1e principal étoit un Cenure, qui pouvoir porter la charge de trois
mille talens; le talent pefe foixante mines , & la mine cent drachmes : ce
cercure n alloit qu’à la rame i il y avoit outre cela plufieurs autres batimensg
&.des barques de pefcheurs , qui pouvoient porter cinq cens talens : il y avoïc
dans ces vaiffeaux une troupe de gens I non moindre que celle dont nous,
avons parle' ci-devant ; car fix cens hommes fe tenoient aux proues , attentifs
aux ordres qu’on leur donneroit. Les débats '& les querelles qui s’elevoient
dans ces vaiffeaux, étoient portez devant le patron, le pilote , & le commandant
de la proue, qui vuidoientles différends félon les loix de Syracufe On
mit dans ces vaiffeaux foixante mille muids de bled , dix mille grands vales de
terre à la mode de Sicile , pleins de poiffon falé B vingt mille talens pefant de
chair falée, &; vingt autres mille grands fardeaux de differentes hardes, fans y
comprendre les vi&uailles de tout l’équipage. Hieron aiant appris qu’il n y
avoir point de port en Sicile qui pût contenir ce vaiffeau, hors quelques-uns
où il ne pouvoir être fans péril, refolut d'en faire prefent au roiPtolemee,
& de l'envoier à Alexandrie : il y avoit alors difette de bled dans toute 1 Egypte
Il le fît donc partir, on le remorqua pour l’y conduire. Hieron aiant
reçu une épigramme d’Archimele poète Athénien, faite en l’honneur de ce fu-
perbe navire qu’il venoit de conftruire , lui envoia en recompenfe mille me-
dimnes de bled, & les fit conduire jufqu’au porc de Pirée. Le medimne eft une
mefiire de fix fetiers.
Cercurus, qui tria millia talentorum pondo geftarc
poflet , totufque remis agebatur, ac cum eo fcaphæ
& pifcatoriæ naves, quæ quingenta talenta geftarc
poffent. Turba erat non minor quam fupradióta,nam
ad proras fexccnti viri quæ mandabantur obfervabant.
Si quid vero injuriæ in navibus inferretur, ejus judicium
ad nauclerum , ad gubernatorem & ad prore-
tam deferebatur , qui fecundum leges Syracuuorum
de omnibus judicabant. Frumenti modios fexagefies
mille navibus impofuerunt, falfamentorum Siculo-
rum vafa tcftacea decies mille , carnium vigefies mille
, aliarum farcinarum tantumdem, & præter hæc
navigantium commeatum. Cum intelligeret Hieron
omnium Sicilian portuum alios navem hanc capere
non pofle, alios etiam periculoefle obnoxios j confti-
tuit dono mietendam earn efle Alexandriam ad Ptole-
mamm regem ; tunc enim in iEgypto univerfa frumenti
penuria erat: navisautem Alexandriamremul-
co deduda eft. Hieron Archimelum epigrammatum
Poetam 3 ob epigramma de ilia nave fcriptum, dona-
vit honoris ergo, mille tritici medimnis, quos Athe-
nas in Pirseeum portum fumtu fuo perferendos cu-
ravir : erat autem medimnus menfura fextariorum
fex.
L’E' P E R O N DE L A P R O U E . 261
W W W W W W W W W W W
L I V R E I VLes
vaiffeaux de guerre,leur équipage, & leurs ornemens.
Batailles navales. Les ports.
C H A P I T R E P R E M I E R .
I. L’éperon de h proue , lu principale arme offenfive des navires. 11. Remparts
faits aux bords des vaiJSeaux. I l I. Les rameurs à couvert
pendant le tems du combat naval.
I \ T Ous avons fuffifamment parlé de l’éperon des.vaifléaux, & nous avons
expliqué ci-deffus tout ce qui regardoitfa figure ; c étoit, pour ainfi
dire, la principale arme du vaiffeau, de laquelle on fe fervoit pour percer les
vaiffeaux des ennemis , & pour les choquer violemment, jufqu’à les couler
à fond ; cet éperon étoit à. fleur d’eau: voila pourquoi Virgile dit au V. de
l’Eneide, que la mer étoit fendue par les rames & par les éperons, qui faifoienc
une efpece de bruiflement en fillonnant la mer : Lucain en parle de même. Il
étoic ainfi placé pour frapper le vaiffeau en un endroit oùTeaupût. d’abord
entrer à grands flots par le trou, & fubmerger le navire percé. C’efl: ainfi ,
félon Polybe, qu Attalus monté far un vaiffeau à huit rangs de rames, perça
un vaiffeaü ennemi dans la partie qui étoit dans l’eau, & le coula d’abord
à fond : voilà pourquoi, félon le même, on tâchoit de tourner la proue du
côté des ennemis,parce qu’on recevoic ainfi le coup audeffus de l’eau;au
lieu que quand on le recevoit dans l’eau, le mal étoit fans remede; c’efl: ce
que j’avoue que je ne comprenspas bien : car fi l’éperon du navire quifrap-
poit, étoit ou dans l’eau ou à fleur d’eau , il falloit neceffairement qu’il
L I B E R I VJSlaves
clafßca earumque apparatus & ornamenta.
Pugna navales. Portus.
C A P U T P R I M U M .
/ . Inter navalia tormenta cipuum. 11. Propuçnacurloaß irnu mn apvroiurma porroeis-. 121. Remises teBi tempore pugnoe. I.
I. T*X E embolo feu de roftro navis fuperiusabun-
1 J de diximus, deque ejus forma difleruimus..
Hæc erant præcipua navium arma queis hoftium naves
impetebant vulnerabantque un fubmergerent,ideo-
que in ima prora juxta aquam, imo in ipfa plerumque
aqua locabatur roftrum,quapropter VirgiliusÆneid. 5.
Conv—u—lfu..m.. re■m is ro»■ fitoritfuqmuqe fuler iddeeihniifbeiuts aquor.
Et Lucanus lib. 3. v. 700.
------ . ..... nam murmure vafio
Impulfum rofiris fonuit mare.
Nempes inquic Schefferus pag. 125. ut fic gravius
hoftiles naves vulnerarcnc, aqua fuccedente per ri-
mam : quemadmodum ab Actalo fa<ftum eft apud Po-
lybiumlib. 16. cap. 2. Attalus cum oft ere congrejfus
prime fiat'rn impetu cum exitiali iSlu infra earn partem 3
qua exfiabat ex aqua , navim vulnerajfet, tandem earn
demerfit. Et capite fequenti: Quo ties afronte concur-
re bant, non id facie bant fine arte, qui fuarum na~
vium proras hoftibus continenter obvertentes , vulnera
femper extra aquam accipiebant, cum contra hofies fub
aqua fauciantest eos ipfis infiigerent ittus, quibus nullum
adhiberi poterat remedium. Illud vero me non capere
fateor j nam ft navis roftrum quod feriebat, aut in
aqua erat totura, aut aqua? hserebata neeeflario ejidem