
igj L’ANTIQUITE' EXPLIQUEE, &c. Liv.II.
» laire dans l’eau, & delà relever promtement, comme on fait encoreaujour-
»> d’hui dans les galeres , lorfqu’il faut reculer & aller du côté de la pouppe.
»Car quoique ce mouvement ne paroiffe pas propre à faire bien aller le na-
» vire, la quantité des rames qui étoient, comme nous dirons plus bas, au
» nombre de deux cens quarante de chaque côté , & la répétition plus fre-
» quente des coups compenfoient un plus grand cercle que la rame aurait pu
» faire en entrant plus profondément dans l’eau : il faut ajouter à cela , que
» moins on écartoit les rames, moins on e'toit fujet à s’entrechoquer; ce qui
» auroit pu arriver facilement dans une fi grande quantité de rames.
» Je dirai encore par avance , que le mouv ement de ces navires de grandeur
*> énorme dépendoit principalement des voiles , comme nous l’apprennent les
•> vers deSilius Italicus , que nous ferons encore obligez de répéter ci-après ;
» où il d it, décrivant un navire de grandeur extraordinaire, qu’il alloit fuper-
*> bernent au milieu delafiote, quand le vent enfloit fes voiles, mais lente-
» ment quand il n’alloit qu’à la rame. De forte que ce grand nombre de rames
» ne fervoit prefque qu’à la pompe , &. à faire mieux remarquer la grandeur du
» navire. Il y a apparence auffi que de peur que la mer n'entrât par les trous
» où pafloient les rames, on les fermoit d'abord après qu’on avoir ceffé de ra-
» mer ; & comme il eft fort vraifemblable que le tems n'étoit pas toujours fa-
»> vorablepour faire aller ces feize rangs de rames, & que même il arrivoit fort
» rarement qu’on les pût emploier tous à la fois ; il y a apparence qu’on n’en
» faifoit aller fouvent que la moitié , foit en les prenant alternativement, foit
» en faifant repofer la moitié des rangs inferieurs, c’eft à dire les huit rangs
» d’en bas, en fermant les trous ; tant pour empêcher la confufion, que pour
•> empêcher que les flots agitez n’entraflent par ces trous : de forte qu’on ne fai-
» foit aller tous les rangs , que lorfque la bonace exigeoit ce grand nombre de
» rames , & permettoit d’ouvrirtous les trous , & que les ondes irritées ne fai-
» foient point choquer les rames les unes contre les autres.
Lu figure efi a la. planchefurv ante.
» Nous donnons ici une figure , où les fieges des rameurs en droite ligne font
» penchez & inclinez , comme ils le doivent, & où ils occupent une diftance
» convenable à notre fyfteme , fuivant lequel dans une moindre longueur que
« n’ont les galeffes Vénitiennes , auiquelles le P. Fournier attribue cinquante
» rangs de rames , &les compare aux anciens navires à dix rangs de rames ;
»dans une moindre longueur , dis je, quinze rames peuvent être mifes en un
» même rang dans F G H &c. en forte que fous chaque quatrième banc un
vi reducer e , ut mo io in galets faciunt , cum ver fus
p up pim contrario motu ( vulgo alla fia ) retroccâend■ m
eft. Nam quamvis ita agendo debilior videatur navis
impulfus, pluralitas nihilominus remomm CCX ■ [cilice
t quolibet latere, ut mox die emus , frequentioruc recipe
cat to validiorem per ma.oris circuit peripheriam
remorum metum abunde compenfabat : & ita etiam quo
min''rerat remorutn divaricatio , eo minus mutua concuf-
Jionis in tanta tamque denfa remomm fegete periculum
imminebat.
Prafabor etiam, motum hujufmodi immenfa molis
navigiorum pmcipue ex velis dependiffe, quoi & Si-
liui docet iis carminibus paulo infra repetendis :
Veloque fuperba capaci
Cum rapidum hauriret Boream,& cornibusomnes
Colligcrcr flatus, lento fe corpore agebat,
Intraret Audios folis fi pulla lacertis.
JH-ne que tanto magis , ut tôt ordinei remotum mere ad
pomp am y [lu ad vaftitartm navis indicandam mmputa-
rentur. Infuper ne per tôt fcalmos f feu foriculas remorum
, phtfertim inferiorum ordinum , fluSlus maris in-
gredi pojfent, eas uis feneftellis ce ([ante remigio occludi
debuiffe j ut uno verbo poffibilitas quidem fexdecim or-
dines remomm explicandi inejfet, fed rariffme id ufu
venire t , plerumque alternis ordinibus, five fuperioribus
a medio ah eo ad cataftroma adhibit i s , tam ad con-
fkfionem evitandam , quam ad ingruentem a fea/mis
aquam turbato mari arcendam , tune tantum jugis remi-
gtbufque omnibus exercitis , cum malacia vim remorum
exi^ebat, & foriculas omnes patulas ejfe permittebat ,
nec inaqualcs und* remos nimium inter fe proximos
concutiebant.
Schema eft In fequenti tabula.
Sub je flam itaque o eu lis Jpeciem débita jugorum inclinai
tionis , at que inter fcalmos diftantia proponimus , per
quam in longirudine etiam minori quam galcafta , ut vo-
cant , Venetorum, ( quibus quinquaginta juga tribuit.
eas antiq"is deceribus aquiparans in mo’e Furncrius lib.
i - de re navali (ua vernaculâ lingua conferipto ) uno
verfu quindeitm remi in E U JH &c- confijlerc pojfunt ,
L E S R A M E U R ^
rameur fe trouve deflus perpendiculairement^ qu’il peut avoir ainfi aüdeflus“
de lui un efpace fuffifànt, qui fera de trois coudées & d’un demi pied ; c’eft, te
dit Palmerius , autant qu il en faut pour un bomme affis. Par ce moien on «
pourra expliquer un paffage de Vitruve, qui fans cela eft très difficile à en- •<
tendre : ex interfealmio inveniturfÿmmetnx. netms ratiocinatio ; que parl’efpace «
qui eft entre les rameurs , on peut cônnoiftre les dimenfions du navire. Car <*
comme f efpace que nous mettons ici pour les rameurs, F G H , &c. qui eft »
de dix pieds & huit pouces, marque'que le navire eft à feize rangs de ra- «
mes ; fi on le diminue, & que les fieges faflent un angle moins aigu, nous «
conclurons qu il y a un moindre nombre de rames , & que par confequent «
le navire eft plus petit. «
I I I . Ce fyfteme de M. Fabreti parait obfcur, fur tout vers la fin : fà figure
eff moins aifée à comprendre que celle de Palmerius qu’il réfuté folidement.1
On ne manquera pas de trouver auffi des difficultez dans la fienne. Bien des
gens croiront qu’il eft impoffible de faire aller une rame de cinquante pieds
dans un auffi petit efpace qu’il en laiffe aux rameurs : chaque rang , félon lui,
occupe deux pieds huit pouces ; il n y a que cet efpace entre le rang de devant
& celui de derrière : la partie de la rame , qui eft dans le vaiffeaü eft, félon lui,
de huit pieds & demi ; comment donner à cette rame le mouvement qu’il faut
dans un fi petit efpace ; Car quoique les rangs des rameurs ne foient pas fur la
même ligne droite, ils ne font élevez les uns fur les autres que d’un pied Sc
quatre pouces ; ce qui n’empêche pas qu’ils ne foient referrez tout de même
que s’ils étoient fur le même plan. Je crois qu’on aura bien de la peine à comprendre
cela ; je fuis perfuade que nos gens de mer y trouveront bien d autres
difficultez, & qu’ils regarderont même la chofe comme impoffible.
Je crois donc qu’il vaut mieux s’en tenir à ce que nous difions ci-devant ,
que ces vaiflfeaux de Démetrius à quinze & à feize rangs de rames, qui éton-
noient encore moins par leur grandeur extraordinaire, que par leur agilité,
leurviteffe & leur adreffe à tourner; que ces vaiffeaux, dis je , âiàht paru
comme une merveille à ceux qui les voioient, & qui en confideroient toutes
les parties , ce ferait peine perdue que d’en vouloir aujourd’hui donner l’ordre
, la difpofition, & même toutes les mefures en détail.
eo paSlo ut fub quarto quoque fedili alius inferior re-
mex ad’perpendiculum locetur, ut debitamhabeat fupra
fe altitudinem, qua erit dimidiato a ihuc pede ultra très
cubitos y quod nempe homini fedenti fuffteere Palmerius
computat. Et hitte forta/fe ( quod alias eXplicatu non
eß facile ) ex intérfcalmo , fecundum Vitruvium lib i.
cap. i . invenitur fymmetriæ navis ratiocination.^?» ut
ampluni hoc noftrum interfcalmum F G H &c. pedum
den um & unci arum oElo , dénotât nav’im ejfe fedec ire-
mem , ita eo imminuto , & confequenler ad minus acutum
Unguium elatis fedilibus , arguemus ad minorem nu-
merum ordinum, & proinde minorem ipßus navi git
mag-iit udinem.
I I I . Hoc Raphaelis Fabretti fyftema obfeurum
videtur , maxime veirfus finem: ejus fchema diffici-
lius intelligitur , quam Palmerii fchema , quod Fa-
brectus tarnen optime confutat. Contra illius etiam
fyftema aliquot haud dubie difficultates occurrent.
Multi , ut puto, in»x«iov e(Te putaburtt tam parvo
interpofito fpatio, quod ille fingulis remorum verfi-
busaflignat, remum longitudinc pedum quinqiiaginta
agere : finguli remorum verfus » ut ille ftatuit, duos
tantum Italicos pedes & odo poilices occupant 3 ife
ludque fpàtii tantum habent inter præcedentem fe»
quentemque verfum ; pars ilia remi qifie in navi re-
manet o&o pedutfi atque dimidii eft : qua vero rà-
tionc in tam modico fpâtio morus idoneus impriMi
poflit, nbn video j licet enim remigum verfus non.
eadem linea, nec eodem fitu lotati fiût j alii aliis
non plus uno pede quatuorque pollicibus fuperémi-*
rent: neque plus ad remigandum fpatii^abent, quairi
fi éadem linea pofiti eftent. Ab his certe diÉcultatibus
fefe extricate non ita facile vidètür : arbitrer autèfrt
nauticæ rei perltos novas contrà taie fyftema dirÉeul-
tates allattiros, neque rem fieri pbfle arbitraturos efTe*
Qiiaproprer iis quæ.ante dicebamus ftandûm elfe
puto; nimirum naves illas Demetrii quindeeim fexde-
citnve verfilum , quæ rtlajorem ex agilitate atqüë ve-
locitate , quam ex mole ftuporem pariebant j cum ab
iis etiam qui ipfas fingulafque ipfarum partes expib-
tabant, miraculi fpedaculiquè lo’co habitæ fuerint
ne hariolando quideib poffe hodie defcrlbi, ludofqud
dare videti eos , qui earum menfuras minutadm de-
feribere velint.
Tom. Ifc G s ÿ