
i f S L’ A N T IQ U I T E ' E X P L IQ U E 'E , &c. L i v . III.
falles à manger ; dans la derniere defquelles I qui ecoit à la pouppe , on railoit
la cuifine. Tous les pavez de ces appartenons étoienc comptez de petites
pierres rapportées de differentes couleurs , où étoit reprefentec toute 1 Iliade
d’Homere. Les planchers, les fenêtres, & tout le refte y brilloit en orne-
mens h bien entendus, qu’ils caufoient de l’admiration. Au plus haut condor
il y avoir un gymnale ,& des promenades proportionnées a la grandeur
du navire : on voioit là dés jardins & des plantes de toute efpece , d’un aran-
gement merveilleux ; des tuiaux les uns de terre cuite, les autres de plomb ,
portoient l'eau tout autour pour les arrofer. On y voioit outre cela des berceaux
de lierre blanc & de vigne, dont les racines étoient dans de grands tonneaux
pleins de terre : ces tonneaux étoient arrofez de la meme maniéré que
les jardins ; les berceaux faifoient ombre aux promenades.' Enfuite on trou-
voie l’appartement de Venus à trois lits , dont le pavé étoit compole d aga-
thes & d’autres pierres précieufes , les plus belles qu’on avoit pu trouver
dans fille. Les murailles & le toit étoient de bois de cyprès. Les fenêtres
étoient ornées d'ivoire, de peintures , & de petites ftatues. Ce lieu etoit encore
orné d’un grand nombre devafes de differente maniéré. Apres cela on
trouvoit un appartement appellé /chokfünon , ou il y avoit cinq lit? ; les murailles
& les fenêtres en étoient de buis : làfe voioit une bibliothèque ; le
lambris reprefentoit le pôle en la maniéré qu’on le voioit dans 1 Achradine ,
qui étoit un quartier de Sy racufe. Il y avoit auffi un appartement a trois lits
pour le bain, où fe voioient trois grandes chaudières de bronze, & une baignoire
faite d’une feule pierre tauromenite de differentes couleurs; la baignoire
contenoit cinq grandes mefures de cent livres pelant chacune : on y ht
auffi des appartemens pour les mariniers , & pour ceux qui avoient loin du.
fond de cale. Il y avoit outre cela dix écuries placées aux deux cotez des
bords j là le crouvoient la paille & l’avoine pour nourrir les chevaux, & le ba-
gage des cavaliers & de leurs valets. ,
A la proue étoit un grand refervoir d’eau qu’on tenoit ferme, & qui contenoit
deux mille mefures : ce refervoir étoit compofé de planches & de toiles
bien poiffées. Proche de ce refervoir on avoit pratiqué une pifeine a mettre
du poiffon compofée de planches & de lames de plomb: elle etoit toujours
pleine d'eau de mer , & les poifTons s’y nourriffoient fort bien. 11 y avoit encore
fur les bords de chaque côté des avances au etoient les bûchers, les
fours, les cuifines, les moulins, & plufieurs autres chofes pour les ulages
rura poftremo ad puppim pofito culina. Horum om*
nium pavimentum ex lapillis conftruétum erat, quels
tota Iliadis fabula repræfentabatur , miro in omnibus
artificio te£ti, feneftrarum arque januarum. In aditu
fupremo gymnafium & ambulationes erant ea confti-
tufione, quæ navis magnitudini congrueret : m his
horti omnibus plantis ad miraculum ufque confiri :
can ales alii lateritii, alii plumbei, aquam undique
fubmir.iftrabant : vifebantur etiam ceu tentoria ex
hedera alba exque vite > quarum 'ftirpium radices in
doliis terra plenis alebantur hortorum modo rigatæ >
hx arcuatæ foliifque concinnatæ camerationes um-
bram fuppeditabant. Poftea Aphrodifium feu Veneris
habitaculum occurrebat tribus le&is inftruétum ,
pavimento ex achate 8c aliis pulcherrimis lapillis,
qui in Sicilia reperiuntur, compofito : laterum 8c
teéti materia cuprefli Rgnum erat, feneftræ ebore or-
natæ, neenon piâuris pufillifque fipnis. Erat quoque
locus decoratus vafis diverfae fpeciei : hinc conclave
occurrebat fcholaflerium didtum > quinque leétis inftrudum
-, mu rus 8c feneftræ buxeæ erant : illic etiam
bibliotheca : lacunar polum repræfentabat, eo modo
quo in Achradina, quæ Syracufarum pars erat, vife-
batur. Erat quoque balneum tribus inftru&um 1-eâi
ibi tria magna caldaria ænea 8c labrum ex uno Taur
menite lapide varii coloris, quod labrum quinque n .
tretas, centum librarum fmgulas capiebat : cellæ quo
que exædificatæ fucre vedtoribus 8c fentinæ euftodi
bus : præterea autem equilia ad utrumque latus de
cem, & in his pabulum equis repofitum, cum equi
tum 8c puerorum farcinis.
Ad ptoram magnum rcceptaculum aquarum erat,
quod metretas bis mille capiebat j illud reccptaculum
ex lignis exqüe relispice oblitis confe&um erat. Juxra
reccptaculum pifeina erat ex plumbeis laminis , 8c
aflerum tabulis, quæ obferari 8c referari poflcnt,con-
ftrufta -, marina aqua plena, in qua pifees multi nu-
triebantur. Ex mûris utrinque ligna promincbant in-
tervallo mediocri diftantia , fuper quibus crane Itrues
lignorum , clibani, culinæ , molæ 8c alix miniftcrio-
GRAND NA V I R E E A IT P A R H IE R O N . zS9
de là vie. Tout autour du navire on voioit elt dehors des Atlas de hx
coudées de haut qui foutenoient les hauts bords,& des triglyphes: ces
Atlas étoient à une égale diflance les uns des autres. Le navire etoit orné
tout autour de peintures ; on y voioit huit tours proportionnées à fa grof-
feur, deux à la pouppe, deux d’égale grandeur à la proue, & quatre au milieu
du vaiffeau : fur ces tours étoient des parapets , par lefquels on pouvoit
jetter des pierres fur les vaiffeaux ennemis qui auroient trop approché. Chaque
tour etoit gardee par quatre jeunes hommes armez de pied en cap, 8c
par deux archers : tout le dedans des tours étoit plein de pierres & de traits.
Sur fe bord du Vaiffeau bien plancheié étoit une efpece de rempart, fur lequel
étoit une machine à jetter des pierres , & faite par Àrchimede : elle jet-
toit une pierre du poids de trois cens livres, 8c une fléché de douze coudées
à la diflance d’un flade ; c’efl-à-dire , à cent vingt-cinq pas delà. Il y avoir
outre cela d’autres défenfes faites de bois, & fufpendues à des chaînes de
cuivre. Le havire avoir trois mâts, à chacun defquels étoient deux machines
chargées de pierres ; la etoient aufli des crocs & des maflfes de plomb pour
jetter fur ceux qui approchoient. Tout le navire étoit environné d’un rempart
de fer, pour empecher ceux qui voudroient venir à l’abordage : tout autour
du navire etoient difpofez des corbeaux de fer ; qui étant lancez pat
des machines, accrochoient les vaiffeaux des ennemis & les approchoient
du navire , d’où on les pouvoit accabler facilement. Sur chacun des bords fe
tenoient foixante jeunes hommes armez de pied en cap : il y en avoit tout
autant autour des mâts& des machines à jetter des pierres: on voioit auffi
des foldats aux hünes des mâts , ces hunes étoient de cuivre ; fur la première
il y en avoit trois, fur la féconde deux, & fur la troihéme un: de petits
garçons leur fournilfoient des pierres & des traits , qu’ils faifoient monter
dans des paniers avec des poulies. Le navire avoit quatre ancres de bois &
huit de fer ; on trouva facilement des arbres pour faire le fécond & le troihéme
mat ; mais on eut bien de la peine à en trouver pour le premier. Ce fut
un porcher qui en indiqua un fur les montagnes des Bruttiens : Phileas Tau-
fomenitain mâchinifte , le mena jufqu’à la mer. Quoique la fentine fut extrêmement
profonde, un feul homme la vuidoit avec une machine à vis, inventée
par Archimede. Ce navire fut au commencement appellé le Syracu-
hen ; mais depuis , lorfqu’Hieron l’envoia à Ptolemée , il l’appella l’Alexandrin
: pluheurs autres vaiffeaux déchargé de moindre grandeur l’accomparum
officinæ. Extrinfecus navem circumdabant. À-
tlantes cubitorum fex , moiem fummi tabuiati 8c
triglyphorum fùftinentes, æquali intercapëdine locati
omnes. Totavero navis circum convenientibus piétu-
ris fpe&anciutn oculos in fe convertebat. Erat navis
turribus ofto munita, quæ magnitudine fua ad navis
moiem quadrarent, duabus nempe in püppi pofitis,
totidem in prora , cæreris in medio : liiper fingulis
turribus erant pinnæ machinæque petrarix , quibus'
lapides in fubeuntes adverfarias 'naves immitteren-
tur, In unamquamque rurrim afcendebanc juvenes
quatuor armati fagittariique duo : turrium pars interior
tota faxis atque fagittis opplera erat. In navis'
oris atque parietibus, tabulato firmiffimo, erat propu-
gnaculum in quo machina Archimede ftru&ore , quæ
trecentarum librarum faxum, 8c duodecim cubitorum
telum vibraret, & utrumque ad unius ftadii lon-
gitudinem emitreret. Alix quoque machinæ ad defen-
iioncm ftnuStæ , ligneæ , & jtneis catenis fufpenfæ
erant. In navi mali très fuere , in quorum fingulis duæ
machinæ pétris onuftæ , neenon und maffæque plumbeæ
in oppuguatites hoftes conjiciendæ. Ferreum quoque
vallurii navi circumje&um fuit, quod afeendere
conantes arceret:per totum navîs ambitum corvi ferrei
erant, qui inftrumencis projeifti naves hoftium cor-
reptas prope admoverent, ut facilius læderentur ac
ferirentur. Âd utrümque murum fexaginta juvenes
confîftebant toto corpore arrtiati, toddemquë circa
mâlos 6c circa machinas illas petrarias. In malorum
carchefiisæneis milites etiam erant: in primo tres viri,
in fecundo duo , in tertio unus : his pueri faxa in ca-
niftris textilibus fubminiftrabant trochleaque admove-
bant: quatuor navis anchoras habuit ligneas , ferreas
octo. Ex malis navis fecundus & tertius facile reperti
funt î primus difficulter in montibus Bruttiæ ab ho-
mine quôdàm fubulco inventus eft : Phileas Tauro-
menites machinarius eum in mare deduxit. Sentina
porro quamvis profirndilfima , ab uno tantum homine
exhauriebatur cochlio , quod Archimedis inventum
tuit. Navis ilia principio Syracufia vocata eft , deinde
cum ad ProlemXum Hieron earn mifir, Alexandria.
Minores earn naves onerariæ çomitabantur } primo