
i8o L’ A N T IQ U I T E ' E X E L IQ U E 'E , &c. L i v . I.
C H A P I T R E II.
1. La forme (@f la flruclure des grands chemins hors de ïItalie. 11. Ce qu'on
appelloit maniions fÿ mutations; 111. La grote de Fourni, chemin pratiqué
au tra vers dune montagne. 1 K Chemin femblable fous le mont du Capitole ,
à Rome.
I. T Es autres grands chemins hors de l’Italie, n’étoient pas faits de même:
| yil en relie encore des traces en plufieurs endroits, & même une bonne
partie dans la Gaule, qu’on appelloit Belgique : ils font plus larges que ceux
de l’Italie, & n’étoient pas conllruits de même. On failoit des chemins, dit
Bergier, en tirant deux filions parallèles , ■ & entre ces filions une foffe qu’on
rempliffoit enfuite ,:ou de fable ou de quelqu’aurre terre plus propre à affermir
que la terre ordinaire deschamps. On durcilfoit enluite cette bafe avec
des pilons ou d’autres inftrumens ; de peur que là elle n’eût pas été bien folide,
toute la maffe & les diverfes couches qu’on vouloit conllruire delTus ne fuf.
lent pas affurées. Dans les lieux bas & humides on relevoit les chemins, en-
forte que les eaux & les bourbiers ne pulfent jamais gagner le delfus ; quand
le terrain le demandait, ces levées étoient hautes de cinq, de dix , & jufqu a
vinv-t pieds , pour éviter que les eaux croupilfantes dans les lieux bas & dans
les vallons ne débordaffent fur les chemins. On faifoit ces chemins à plufieurs 0
differentes couches de petites pierres plates, & de petits caillous ronds, avec un
cîment lï dur & li ferme qu’il failoit des hecles pour les ébranler. La conftru-
étion de ces chemins & la difpolttion des couches étoient differentes en divers
payis. Il y avoit certaines contrées d’un terrain plus feç, où le chemin
public n’avoit point de pavé.
11. Ces grands chemins avoient differens gites, qu’on appelloit manfions ■
ce n’étoient ordinairement que des demi-journées. Saint Athanale compte
trente- fix manfons au chemin d’Alexandrie à Antioche ; on en trouve en effet
tout autant dans l’idneraire d’Antonin ; le même en compte quatre-vingts de
Seleucie d’lfaurie julqu’à Milan. Ces gites qui s’appelloient en latin manfiones
fe nommoient en grec nota.)-, outre les gites ou maniions , il y avoit des
C A P U T i l .
J . Forma (fruBuraque viarum publicarum extra
Jtaliam. I / . Quid, manfiones , quid. muta-
tiones. I I I . Crypta Puteoluna fieu v ia mon-
tem trajiciens. IF". V ia fimilis fiub Capj-
tolio.
I . \ Liæ extra Italiam viæ non eodem ftruéturæ
jfX ° e n e r e funt : harum pars adhuc fupereft in
ea maxime Galliæ parte, quæ Belgica appcllabatur ; hx viæ funt Italia's latiores ex aliaque materia con-
fectæ. Duo fulci, inquit Bergerius, mepMuhot aratro
aperiebantur interque fulcos foffa , quæ vel arena yel
alia terra firmiore implebatur , quæ pofTet fiftucis
aliifve inftrumentis addenfarf, ne fi minus folida hu-
jufmodi bafis fui ffét , ftrudtura rota quateretur & la-
befadaretur. In demiflioribus humidifque folis agge-
res ftruebantur, quôs aqua eoenumque nunquam inun-
dare poffent î ita poftulance fieu aggeres nonnunquar»
in locis demiffioribus in vallibufque , altitudine quin-
que pedum étant, aliquando decem, imo & viginti pedum,
ne refides aqur viæ altitudinem fuperarent.
Plurima ftrata aliud alîi fuperponebantur, fternebatur
primo glarea, huic imponebantur plana Taxa j fupérius
vero ftratum parvis filicibus calculifque rotundis con-
ftabat cæmento ita firmatis, ut per tnulcas æ ta tes tota
ft rues folida integraque maneret. Neque tamen ubi-
que fimilia ftrata ilia fuere, fed in diverfisregionibus
matetiæ diverfitas obfervabatur. Ubi aridum omnino
folum état, quod ne imbribus quidem emolliri poftet,
nullum apponebatur pavimentum.
1 1. In hifee viis publicis identidem diverforia
erant, proprio nomine manfiones di&a, quæ dimidia
ut plurimum diurni itineris pane inter fe diftabanr.
S. Athanafius triginta fex manfiones ab Alexandria ad
Antiochiam numeratj cotidemque révéra in Antonini
Itinerario reperiuntur : idemque fandus Dodor odo-
ginta manfionibus Mediolanum a Seleucia in Ifau-
ria diftare dicit. Manfiones au tem græce /uovai vo-
cabantur : præter manfiones illas erant etiam muta-
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lieux pour les relais, qu’on appelloit mutationes ; où les gens qui Coüroient la
polie qu’on nommoit •vendant, changeoient de chevaux:
III. Nous avons dit ci-deffus que Tes Romains le faifoient de grands che^
mins a travers les montagnes, nous en avons un exemple permanent en la grote
de Ppuzzol, où la montagne efçarpée. qui eff entre cette ville & Naples ,
cil percée d’un bout à l’autre, enforte qu’on y va de plain pied. Aux deux
extrémitez louverture fort haute & relevée va toujours en baiffant , &
cela pour donner du jour au paffage le plus loin que l’on a pu : & comme cela
n empeçhoit pas que la route ne fût extrêmement oblcure lorlqu’on avançok
un peu en dedans, on a fait vers le milieu des ouvertures qui percent la montagne
, & portent le jour du haut en bas. Malgré toutes ces précautions , l’ob-
feurité régné toujours fur le milieu : enforte que les Voitures roulantes , qui
viennent à la rencontre les unes des autres , s’y entrechoqueroient h les voituriers
& les cochers, n’avoxent foin de s’avertir les uns les autres, qu’ils prennent
ou du côté de la mer ou du côté de la montagne.
1 V. Il y avoit encore un chemin à Rome qui perçoit la montagne du Capitole
, comme nous l’apprend Flaminius Vacca, qui dit que fon maitre Vincent
de Rolïis delcendit par un trou qui étoit dans la place du Capitole, & vit ce
chemin dont les mafures tombées des bâtimens de l’ancien Capitole avoient
bouché l’entrée & la fortie. Ce chemin efl encore aujourd’hui accablé lous
les ruines. U ne faut pas s’étonner que les Romains qui avaient percé de bien
plus grandes montagnes, aient encore percé celle-là, qui n’étoit proprement
qu une colline, pour pouvoir aller de plain pied du grand marché Romain à
la région du cirque de Flaminius, qui étoit à l’autre côté du Capitole.
tiones, ubi curfores ilii publicl, quos veredariôs ap-
pellabant, equos mutabant.
I I I . SupradiximusRomanosnonnunquam excifis
montibus vias aperuifte, cujus rei exemplum exftat in
Puteolana, ut vocant, crypta, ubi mons ille prærup-
tus inter Puteolos ôc Neapolin finis perforatus eft, ut
poffït plana via irer agi : in duabus extremis partibus
foramen altius excavatum fenfim demittitur, ut inde
lux in meatum, quo longius fieri poftet, ingrederetur,
cumque nihilominus verfus medium fpecûs obfcuro
tramite incederetur,duo alia foramina a monte in medium
meatum dedu&a funt, ut inde etiam lucis quid-
piam daretur. Attamen magnæ funt femper in medio
tenebræ, ira ut trap feuntibus adverfis curribus clament
rhedarii , fe-vel verfus montem vel verfus marc
iter agerc , ne mutuo impingant.
IV . Similis etiam fubterrancus Romæ trames crar,
quo a foro Romano ad circurn Flamlnii, hoc regioni*
cujufpiam Romanænomen erat, piano itinerc perge-
batur, qua de re fie loquitur Flaminius Vacca nobilis
fculptor Romanus in Diario noftro îtalico pag. 176*
Confa b ul at ns aüquando cum praceptore meo Vincentio
de Rhbeis, eo narrante didici, ipfum} cum fefe in vora-
ginem intromijïflet, vidiffe inmarmoreo anaglypho hifid-
riam J 0 vis & Europe, ad alterum vici Ut us rrmro affi~
xam , qui viens a Septimiano areu ad imum fcaU E c -
clefi. A r t - c f i , p d f if» monte , plana via tende bat*
Quod f i ho dit 0 brut us vie us e[t,nihU mirum, animadvert
fa in gémi ruderum copia exCapitolinis etdificiis delapfa*
Nihil mirum certe Romanos, qui longe altiores montes
parandis viis excideranc & per foraveranf, fub colle
viam aperuifte, qua a foro ad circurn Flaminii perge,
retur.