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perçât le vaifTeau ennemi à la même hauteur. Il fembleroit plus a propos
de dire qu'ils tâchoient de préfenterla proue ; afin que l'ennemi venant frapper
de l’éperon, fe fit percer lui-même en choquant contre 1 eperon oppolè.
Quoiqu’il en foit, voila ce que Polybe rapporte.
Au combat naval de la planche fuivante, prefque tous les éperons des
proues font hors de l’eau, & plufieurs navires ont deux éperons de même forme
, l’un fur l’autre, mais à quelque diftance. Ce fut Arifton Corinthien, félon
Diodore de Sicile , qui perfuada aux Syracufains , dont la ville était alors
affiegée par les Athéniens, de faire leurs proues plus baffes & plus courtes : ils
fuivirent fon confeil, & cela leur procura la viétoire ; car les Athéniens
avoient des proues fort elevees ôt faibles j enforte que leurs eperons elevez
pardelfus l’eau ne frappaient que les parties les plus élevées , & faifoient peu
de dommage aux vaiffeaux ennemis : au lieu que ceux^ des Syracufains, qui
avoient des proues fortes & baffes, couloientlouvent a fond dunieul coup
les triremes des ennemis.
II. On faifoit tout autour des vaiffeaux des remparts qui mettoient les fol-
dats à couvert du moins en partie, & jufqu a une certaine hauteur. Vous
irez , dit Horace, entre’ les hauts remparts des navires : & fon Scholiafle d it,
que c’étoient comme des murs derrière lefquels les foldats le defendoient, &
iiroiènt fur les vaiffeaux ennemis.
I II. Il paroit du moins , que durant le tems du combat les rameurs etoient
à couvert des traits, & qu’on faifoit des ponts aux vaiffeaux qui n’en avoient
pas ; afin que toute la manoeuvre des rameurs fût en fureté, & ne fût pas troublée
par les coups des ennemis. Les Marfeillois, dit 'Cefar au fécond livre de
la guerre civile, avoient ajouté à kurflote des barques de pefcheurs, (tj les avoient
pontées , afin que les rameurs ffùjfent a couvert des coups. Et au troifieme livre:
Il artna, dit-il, en guerre foixante efquifs de grands vaiffeaux , les couvrit de
claies & de planches & les remplit de foldats tous gens d’élite. Dans le combat
naval füivant, tousles vaiffeaux font couverts, & ont des ponts : les bords font
fortifiez comme une ville de guerre ; quelques-uns ont des créneaux d efpace
en efpace, comme les fortereffes & les tours. Il ne paroit pourtant pas que
dans les combats de mer tous les vaiffeaux qui combattoient, aient toujours
été pontez. La maniéré même dont Cefar parle ci-deffus , femble marquer
que cela ne fe faifoit pas toûjours.
jpfa altitudine.eadon ipfa linea hoftilem navem vulne-
rabat. Melius fortafle diceretur ipfos proram obver-
tille , ut irrumpenxe hoftium nave & roftro feriente,
ab oppofiae navis roftro pariter feriretur ac vulnerare-
tur. Ut ur eft, locum Polybii & verba ipfa referimus.
In pugna navali, quae tabula fequenti repraefenta-
tur, omnia feee prorarum roftra extra aquam funt,
plurefque navesioftrum duplex habent alterum altcro
fuperius, aliqua interpofita imercapedine. Ut narrat
Diodorus Siculus lib. 13. cum Athcnienfes Syracufas
.obfiderent, Ariflone gubernatore navis Corinthio fiua-
dente ,ut proras n avium breviores facerent & depnjfio
res , Symcufani confiLio obtemperaverunt, quod magno
in confliüibus deinde ad viSloriam ip/is emolumento fitst.
Attica enim triremes infirmionbus erant proris & ela■
tis ; quo fiebat, utroftris fiuis nihil.nifi eminentes fuper
mare navi urn panes vulnerarent, nec magno hofies detriment
ajficerentat naves Syracufiorum flrmis inftru-
tta proris ac dcprejfis , uno jape ittu hoftium triremes
fnpprimeba.m >
I I. Circum naves etiam propugnacula conftrue-
•bantur, queis milites partim faitem obtcgcrcntur ,
neque hoftium ictibus toti paterent.
Jbis Liburnis inter alta »avium,
Amice propugnacula
InquitHoratiusÈpod.Od. 1.cujusScholiafteshoc loco*
propugnacula in navibus die uni ur loca altiora.cjuafi muri,
unde milites fuos hofles provugnant aut manu aut telis.
III. Pugnæ faitem tempore videntur remiges tuti
fuifte a telis hoftium , cataftromataque ex tempore
parata & appofita fuifte, ut fecuri poftent remos tra-
&are, neque telis hoftium patere. Cæfar lib. 1. de
bello civili hxc habet : A*ajfilienjes pifcator'tas nav.es
adjccerant & contexerant, ut ejjent ab ittu telonm remiges
tuti. Et libro tertio ,fcaphas navium magnarum
circiter fexaginta cratibus pluteifique contexit, eoque
milites delettos impofuir. In pugna navali fequenti na-
' vcs omnes cataphradtee funt & caraftromatibus inftru-
Gtx, otx circumquaque propugnaculis obeedtæ , vc-
lur urbs munira 3 in quibufdam etiam pinnte eminent,
ficut in oppidis atquein rurribus.Neque tarnen puto in
quibuflibet pugnis navalibus naves omnes conftraras
fuifte. Imoex iis quæ Cæfar fupra fignificavit, fubin-
dicari videtur id non femper eodem modo fatftum die.
CH A P .
T Q. U R S- D E S N A: V I R £ f ; - /
' C IF A ,P I T R É II.
I. Lés . tours qu’on mettait aux navires :fe.ffa.ge de fegece.. ' ÏI. Én quel lieu du
vaijfeau méttoïtfon les tours.. III. Çes tours ne fémèttojent ordinairement
1 quiau. tems du combat,‘ félon Servies'.,'
I .T TNéaütrepfÔfte de'fortification quon mettoitàqx'havires, c’étoient
' lés-tourr, Végèce n’a pas mânquéd’én faire fnéhtiSn, lorfqu’il fait la
defcflptio'n du combat naval; comme cette.défcriptiôn inïlru'it fur bien des
choies", nous1Talions, mettre ici. « Il faut differentes fortès d'armes p’our un «
cdriiBàt do’nné fur térrél ïnaisié' tonabar qavâT detriàhdrè'qû’6n foit hiùhi «
non fèùlemeht dé’blufjêurs fô|féés a àfmes^mais'aùffi détrlaçhines dé toute a
éfjjèce, comme fl roh'cbmbâttôit für'dësmiurâilléS Sifd.f dés t’ours.lCâr qu’y «
à-t- il de plus criiel qu’une batàillé iiâvalé, dû lés hommes periflent par l’eau «
& pàr lç feu î i l fàuf avoir doïyfe Qoèil à' ce q\fe!Pés!T6ldâtfJfôi:erit à couvert «
des traits, qu’ils fôieht armez de'tdtiteqjÂëcé.s"^ munis:de cuiraffes-; cài le «
foldat qui fe tient debout en: Combattant fù’r le vaifTeau, fans être obligé de «
marcher , ne'fe petit pas plaindre du trop grand poids dés armes. On fe fert «
aufli des boucliers Teà' plüè forts & les plus!Jgfands qui puiflènr refîfter aux «
coups de pierres, aux faulx, aux liarpons, 'aux autres armés qu’on eriiploie «
dans les vaiffeaux. On le feît de fléchés , de traits , dë frôndés', dé leviers, «
de globes de plomb , avec deymachines àppeüéës onagres , des baliftes & «
des feorpiofls ;; o:n'’jê>tté de part Scfllautre des tiiaïrs & .déSpierrés.JCe qui eft «
encore plus dahgeréüx, les plufhàrdis app'rqchêht leurslïburnes, &jectant «
des pontsviennent à T abordage, & paffenrdans les vaiffeaux ennemis j.c’eft «
là qu’oit èn viérit aux mains d'e’prês'", &qu on fe bat à coups d’épées. Dans «
les plus grandes'liournes qn fàit des remparts & des tours, afin que comme «
de deffus les müràillés‘d’une .Ville On puiffe plus facilement bieffer & tuer les «
ennemis. Avec dés baliftes on jette dans lés navires des ennemis des fléchés «
ardentes , enduites d’huile préparée pour mettre le feu, & enveloppées d’é- «
toupe & de fouffre ; cela prend d’abord dans ces planches qui compofent les «
ponts , & qui font enduites dé Cire, de poix & de refine, matières combu- «
ftihles. Les uns.periffent parle fer & par les coups de pierre, les autres font et
brûlez dans les flots rjiêmes ; & ce qu’il y a de plus dur' & de plus cruel, les «
corps privez de fepulture, font dévorez par les. poiffons, «
C A P U I 11. .
J, T u n e s navibus imp 0f it re :. F'eqetii locus•
I I . In quo navis loco tunes flonebantur.
I I I . i l i a tunes tempore p iqtue tantum eri-
qebantur fiecundum Servium.
I . A Liud genus propugnaculorum in navibus
jL jl. turres erant : Vegecius 4. 44. illasubi nava-
lem pugnam deferibit commemorare non neglexic.
Cum ejus deferiprio mulra ad pricfens inftitutum per-
tinentia docear, earn hie afïerre vifum eft;,: Adult a ejut-
dem armorum genera pralium terreflre defiderat j fed
navale certamen non folum plures armorum fpecies , verum
etiam machinas df tormenta flagitattamjuam
in marls dtmicetur dr turribus_. Quid enim crndelius con-
greffione navali , ubi & aejuis homines perimuntur &
flammt s'! Pracipua ergo ejfe debet tegminum cur a, ut ca-
taphra&i yeitorkati9 galeati etiam & ocnis mttwtifint
Tom. IV.
milites. De onere namejue armorum nemo poteß conqueriy
quiJ}ans pugnat in navibus. Scuta quoque validiora
propter ithus lapidum & ampliora fiumuniur propter faU.
çes. & harpagones, aliaque navalia genera telonm. Sagt
t tis , mtjfiäibus, fundis )fuftibaits , plumbatis J ona-
gris, balißisi feorpionibus j acuta invicem diriguntur dr
fiaxa 3 & quod efl gravius, qui de virtute prafiumunts
admotis lib urn is , injeSlis pontibus, in adverjariorum
tranfeunt naves > ibique gladiis'mqnu ad man um 3 ut di-
citur y cominus dimicanu In majoribus etiam lib urn is
propugnacula turrefique conflituunt, ut tamquam de mura
, it a de excelßoribus tabulât is facilius lulnerent, dr
périmant inimicos. Ùleo ineendiaria , ftuppa 3fidphures
bitumine obvoluta dr ardentes fiagitia , per haftas in
hoflicarum n avium alveos infig un tur , inunSlafque cera
& pice & re fin a tabulas tot foment is ignium repente
fuccendunt. Alii ferro interimuntur dr faxe, alii arder-e
coguntur in fluSlibus. In tanta tarnen mortium genera,
qut acerbijfimus cafus eft, abfumenda pifeibns infepulta
funt corpora.
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