
X 3>
184 L’A N T IQ U IT E ' E X P L IQ U E E , &c. L iv . I.
" répréfcnté comme tous les autres bâtimens que les Romains firent en ce payis
là : il n’y paroit que deux petites arches de pierre à une des extrémitez j tout le
relie efl une grande & belle charpente, appuiée fur des piles de pierre. Ce
pont convient en cela feulement avec la defcription de Dion , que les piles
•font de grandes pierres quarrées. Pour faire mieux remarquer la ftruélure -,
tant des piles que de la charpente , je fais graver ici premièrement le pont,
tel qu’il eft repreTenté dans la colonne Trajane imprimée, & enlhite deux
piles en grand avec les arcades de bois , que le R. P. Dom Philippe Raffier,
alors Procureur general de nôtre Congrégation en cour de Rome, me fit défi
finer fort exactement. Non content de cela je fis demander au Comte
Marfigli, qui a occupé des charges confidérables dans l’armée de l’Empereur
en Hongrie, des remarques que je favois qu’il avoit faites fur les lieux : &
voici ce qu’il me fit l’honneur de m’écrire. Les piles de ce pont relient encore
, & ne peuvent jamais avoir été alfez fortes pour foutenir ces grandes
arcades de p ie r re . Cela paroit aulli dans la colonne Trajane, où ces piles
ne femblent pas faites pour cela. D’ailleurs, les Romains auroient-ils négligé
de mettre fur la colonne ce pont fi magnifique, tel qu’il avoit été confirait ;
L’auroient-ilSjpour ainfi dire,dégradé en le repréfentant avec cette charpente
fur des piles, & moins confidérable que les ponts les plus ordinaires ? Le Danube
a en cet endroit, dit-il, un mille d’Italie de largeur : il eft fi peu profond
en ellé qu’il aura été fort aisé d’y bâtir des piles de pierre, fur tout dans
un lieu où les matériaux fe trouvent en grande abondance. M. le Comte
Marfigli aftùre fur la fin de fa lettre que le pont du làint Elprit fiir le Rhône
eft un ouvrage incomparablement plus merveilleux que n’étoit ce pont fur
le Danube,
III. De ce pont du Danube palfons au pont de bois fait fur le Rhin par Jules
Cefàr,dont il fait la defcription dans fes Commentaires : la voici félon la tradu-
«étion d’Ablancourt. « On vint à bout de faire ce poiit en cette façon. On jofi
«gnoit enfemble une couple de pieux à deux pieds l’un de l’autre,de la grolfeur
» d’un pied & demi chacun, & d’une longueur proportionnée à la hauteur de
«la riviere ; & après les avoir aiguilèz un peu par le bout d’en bas, on les défi
«eendoit dans l’eau avec une machine, puis on les enfonçoit à coups de hie,
«non pas de droit fil, mais un peu courbez à l’oppofite des deux autres qu’on
Pons ibi repræfentatur quemadmodum &' alia ômnia
idificia iis in parti bus a Romanis ftruâra : ibi duo
folum arcus lapidei minores comparent in extremo
âltero pontis latere : caeteri omnes arcus lignei funt,
fed eleganter ftru&i pilifque illis lapideis tulti. Hac
in re autem folum huj us pontis imago cum defcri-
ptione Diônis confcntit, quûd pilæ ex magnis qua-
dratis lapidibus fine ædificatæ. Ut autem & pilarum
& lignei operis forma oculis percipi poffit, primo
pontem , qualis in columna Trajana Romæ typis data
comparer, hîc repræfentari curavimus,infuperque duas
majori forma pilas cum ligneis arcubus, ut R. P. D.
Raffier non ira pridem Procurator Generalis Congrégations
noftræ Romæ delinêari mihicuravit. Ad hæc
Vero D. Comitem Marfilium , qui olim in excrcitU
Cæfàreo inter præcipuos Duces numerabatur , diuque
in Hungariaverfatus eft, per amicos fogàvi,më hac- de
re certiorem faceret : noverarnënîrriéurn multacirCà
hunç pontem obfervaviffe : refpondit autem ille hujuf-
rmodi pontis pilas adhuc fupérefte, ac non ea eîTe fpif-
fitudinéSé'fîrmitate, quæ potüerit unquam arcusilîos
lapideosfuftinere : quodipfumin columna etiamTra-
•jana arumâdvéftiEur, ubi pilæ apcubus lapideis fuftentandis
non faébe fuifte vide-ntur. Præterea an creden-
dum Romanos pontem adeo magnificum in columna
uti conftru&us erat repræfentare negle&uros fuifte >
An deformaflent, & ejus forma, ut ita dicam, detra-
xiftent, ligneum pontem pilis fponte imponendo, ut
ne vulgaribus quidem lapideis pontibus comparari
poftet. Danubius hoc loco , inquit Cornes Marnlius ,
uno Italico milliari lams eft , atque reflate non profundus
5 ita ut facile fuerit illic pilas ftruerc lapideas.
cum maxime ipfo’ in foco lapidés affatim habeantur.
Adjicit idem illuftriffimus Cornes j pontem S. Spiritus
ad Rhodânum opus longe mirabilius efte quam
ille pons Danubii fuerit.
I I I . Ex ponte illo ad Danubium ftrudto, ad pontem
ligneum, quem Julius Cæfar ad Rhcnum con--
ftruxit, tranfeamus, cujus ille deferiptionem in Corn-
mentariis fuis his verbis fecit : Rationem igitur pontiff
banc inßituit : Tigna bina fefejuipedalia paulum ab into
prit acut a , dimenfa ad altitudinem fluminis, intervallo
pedum âuorUrn 'interfe jungebat : bac cum machination
nibus demi f a in flumen defixerat fifiucifque adegerat ,
non fublica modo dire El a ad perpendiculum, fed prona
ac fajligiata , ut fe'cundttm naturajn fluminis procumbe