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campagne les plus belles années de leur vie ! C’eft
le témoin de nos premières jouiffances, c’eft notre
ancien ami. Comment pourrions-nous l’oublier ,
lui qui nous a fourni fi libéralement ces fruits
champêtres, premier hommage offert par la ten-
dreffe à un fexe que déjà notre coeur commençoit
à diftinguer ! Premières émotions d’ un coeur fen-
fible , vous fer.z toujours chères à l’homme que
les pallions tumultueufes n’ont point maîtrifé, &
les objets qui les lui rappellent ne lui feront jamais
indifférens.
Ce fentiment eft d’autant plus vif, que l’homme
qui l’éprouve eft plus rapproché de la nature.
Suivons l’Otaïtien Potaveri, amené enFrancé par
M. Bougainville. Nos jardins ornés des plus belles
fleurs, nos bofquets compofés d’arbres qu’il ne
connoît point, fixent à peine fon attention 3 mais il
aperçoit parmi eux un arbre de fon pays, le mûrier
à papier {papyrus japonica> Encycl.). Auflitôt fon
coeur fe gonfle de plaifîr, il n’tft plus maître de
fes tranfports > il croit avoir retrouvé fa patrie3 il
la voit, c’eft elle-même : fon imagination s’eft
élancée au-delà des mers & l’a ramené à fes premières
fenfations : une feule exprelfion fort de fa
bouche, c’eft le nom de fon île fortunée, celui
d'O tahiti.
Telle eft la force puiffante des objets extérieurs
fur l’imagination, difons mieux, fur le coeur de
l’homme fenfible ! Telle eft la caufe de ce charme
fecret attaché aux plantes que nos anciens plaifirs
ont mifes en rapport avec nous. De-là vient que la
poéfie paftorale eft pleine de ces images charmantes
qui ne nous plaifent que parce qu’elles font dans
la nature, & que nous y retrouvons le tableau de
nos propres fenfations. Il en eft peu où le coudrier
n’entre comme une des plus belles décorations de
la fcène champêtre : c’eft fous fon ombrage que,
dans Virgile, les bergers Ménalque & Mopfus
s’invitent réciproquement à chanter les vertus &
la perte de Daphnis :
Hic corylis mixtas inter confidimus ulmos.
Ailleurs, le coudrier eft l’arbre que chérit de,
préférence la bergère Phyllis , & le coudrier, tant
qu’ellecontinuera à l’aimer, l’emportera toujours,
aux yeux de Corydon fon amant, fur le myrte &
le laurier.
Phyllis amat corylos j illas dùm Phyllis amabit,
Nec myrtus vincet cûrylos, nec laurea Phoebi.
Si l ’homme s’en étoit tenu à ces peintures riantes,
à ces tableaux animés de la fimple nature,:
on n’auroit point à lui reprocher d’avoir* cherché;
à mêler des erreurs ridicules à l’aimable vérité 5 ;
mais guidé par l’amour du merveilleux, il lui a
fallu prêter au coudrier des propriétés chimériques.
Long-temps on a cru que fes rameaux fou-
pies & fourchus avoient la faculté de s’incliner
vers la partie de la terre qui renfermoit des four- ;
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ces d*eau & des métaux : de- là l’invention de cette
fameufe baguette devinatoire, long-temps employée
avec profit par les charlatans & les empiriques,
taut qu’fis ont trouvé des ignorans & des fots. A
combien d’autres plantes ne pourroit-on pas appliquer
la même réflexion ! mais trop de gens font
intéreffés à perpétuer les préjugés, & la plupart
des hommes trop peu difpofés à les fecouer, pour
qu’on puiffe de long temps efpérer de les voir
difparoître de la fociété humaine.
NOIX D’ACAJOU. ( Voyei Acajou, eajfu-
vium. )
NOIX DE BANCOUL. {Voye\ AlÉVRITE,
Suppl., & Cr o to n , n°. iy. )
NOIX DE BEN : nom vulgaire du guilandina
moringha. Linn. ( Voye[ Ben, Di£t., & AnomE,
Suppl. )
NOIX MUSCADE. ( Voye£ Muscadier. )
NOIX VOMIQUE. C ’eft le fruit de la plante
que Linné a nommée ftrychnos nux vomica.
On a encore donné le nom de Noix aux fruits
de plufieurs autres plantes.
NOLANA. ( Voÿe^ Nolane.)
NOLANE. Nolana. Illuftr. Gen. Xab.yj ,nolana
profirata3 n°. I.
Obfervations. i° .Ce genre, d’après M. de Juftieu,
doit, malgré fes cinq capfules, entrer dans la famille
des folanées, dont il a le port& le feuillage,
& auxquelles il reffemble de plus par fon embryon
courbé en hameçon, félon Gærtner, & placé dans
un périfperme charnu.
2°. Les nouvelles efpèces découvertes au Pérou
par MM. Ruiz & Pavon, confirment les obfervations
de M. de Juftieu. Leur corolle eft d’une
grandeur remarquable ; les feuilles très-ordinairement
géminées , furtout les fupérieures 3 les
fleurs latérales & axillaires 5 les tiges la plupart
couchées & rameufes à leur bafe.
Le cara&ère de la première efpèce eft ainfî indiqué.
Nolana (proftrata) foliis ovato-oblongis, cali-
-cibus pyramidalibus , laciniis triangulari-fagittatis.
Flor. per. 2. pag. 7.
Cette plante eft un aliment très-agréable aux
poules : on les en nourrit au Pérou.
Sui te des e s p è c e s .
2. Nolane couronnée. Nolana coronata. Flor.
peruv.
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Nolana caule proftrato, calicis laciniis fibeordatis,
corollâ fauce villofâ. Ruiz & Pav. Flor. peruv. 2.
pag. 6. tab. m . fig. b.
Ses racines font fufiformes, un peu fibreufes 3
fes tiges couchées, cylindriques,, très-rameufes,
un peu velues j les feuilles alternes, longuement
pétiolées, ovales, en coeur, un peu obliques,
luifantes à leurs deux faces, un peu velues, très-
entières , longues d’environ un pouce & demi 3
les pétioles plus longs que les feuilles j les pédoncules
axillaires , folitaires , uniflores, fouvent
plus longs que les feuilles j le calice à cinq angles,
à cinq découpures prefqu’en coeur» la corolle
trois fois plus grande que le calice, blanche à
fa bafe, bleuâtre à fa partie fupérieure ; l’orifice
élégamment velu 3 les capfules alongées, rénifor-
mes, obfeurément trigones, charnues extérieurement.
Cette plante croît au Pérou, fur les collines
arides & fablonneufes. Q {Flor.per.)
3. Nolane fpatulée. Nolana fpathulata. Flor.
peruv.
Nolana caule ereHo, foliis cordato-triangularibus,
calicis laciniis fpathulatis. Flor. per. 2. pag. 7.
tab. 113. fig. a.
Toute cette plante eft pubefeente , haute d’un
pied; fes racines rameufes & fibreufes; fes tiges
droites, cylindriques, ramifiées, les rameaux anguleux
vers leur fommet 3 les feuilles pétiolées,
alternes , géminées, charnues, obliques, en coeur,
obtufes, un peu finuéeS, longues de trois pouces,
larges de deux 5 les pétioles pileux3 les pédoncules
folitaires, axillaires, uniflores5 les calices
pentagones , hérifles, perfiftans & fe partageant
en deux fur les fruits5 la corolle grande, d’un
blanc teint de pourpre 5 le tube velu en dedans 3
les anthères bleuâtres 5, leftyle pentagone à fa bafe5
le ftigmate en tête, prefque pentagone 5 les fruits
compofés de quatre capfules.
Cette plante croît fur les collines, au Pérou. G
( Flor. per. )
4. Nolane enflée. Nolana inftata. Flor. per.
Nolana caule proftrato ; foliis rqdicàlibus petiolatis3
ovato-lanceolatis ; calicibus infiatis. Flor. per. 3.
pag. 7. tab. 112. fig. a.
Ses tiges font couchées, longues d’un pied,
purpurines, anguleufes, ramifiées à leur partie inférieures
les feuilles pubefeentes, finuées y les radicales
longuement pétiolées, ovales , très-entières,
rarement dentéeslongues de quatre à
cinq pouces, larges de trois 5 les inférieures alternes
, médiocrement pétiolées, plus petites,
inégales & un peu obliques à leur bafe 5 les fupé-
xieures g ém in é e s à peine pétiolées, ovales, en
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coeur, très-entières 3 une panicule terminale &
feuillée 5 les pédoncules uniflores , plus longs que
les feuilles3 le calice ovale, ventru, ftrié, à cinq
découpures} la corolle d’un blanc-violet, trois
fois plus longue que le calice 3 les anthères bleues ;
les fruits à quatre capfules.
Cette plante croît fur les collines fablonneufes,
au Pérou. 0 ( Flor. per. )
y. Nolane roulée. Nolana revoluta. Flor. per.
Nolana caule procumbente; foliis confertis , linea-
rib(is, mqrgine revolutis; calicibus veiftricojis. Flor.
per. i . pag. 8. tab. 113. fig. b.
Ses racines font fibreufes & ramifiées 5 fes tiges
couchées, longues de fix pouces, rameufes, blanchâtres
, anguleufes 5 les feuilles fefliles, géminées,
l’une plus grande que l’autre, linéaires, alongées,
un peu épaifies, blanchâtres en deffous T
roulées à leurs bords, longues de fix à dix lignes y
larges de trois, obtufes à leur fommet, aigues à
leur bafe 3 les pédoncules très-courts, axillaires ,
folitaires, uniflores5 le calice ovale, ventru, à
cinq découpures lancéolées 3 la corolle d’un bleu-
violet, trois fois plus longue que le calice.
Cette plante croît au Pérou, dans les lieux fa-
blonneux. O ( Flor. peruv. )
NOLINA. ( Voyei Noline, Suppl. )
NOLINE de Géorgie. Nolina georgiana. Mich,
Nolina foliis anguftis, linearibus , margine fea-
bris y feapo racemifiora. (N. ) — Mich. Flor. bor.
Amer. 1. pag. 207.
Nolina georgiana. Perf. Synopf. 1. pag. 399.
Genre de plantes monocotylédones, à fleurs
incomplètes, de la famille des Joncs (Jujf.), qui a
des rapports avec les pkalangium & les helonias ,
& qui comprend des herbes exotiques à l’Europe^
dont les feuilles font difpofées en tout fens. Les
fleurs font petites, en grappes.
Le cara&ère effentiel de ce genre eft d’avoir :
Une corolle étalée, a f x divifions profondes %
point de calice) fix étamines j un ftyle très-court /
trois fiigmatesy une cap fuie trigone , membraneufe, à
trois loges ; les femences folitaires.
Plante de deux pieds & plus, pourvue d’une
bulbe tuniquée , qui produit des feuilles dirigées
en tout fens, très-étroites,, coriaces, linéaires,,
graminiformes, fèches, ftriées, longues de cinq
à neuf pouces, larges d’une ligne, très-glabres,,
rudes à leurs bords 3 les tiges droites, rameufes,.
munies à leur partie inférieure de feuilles éparfes,
fubulées 5 les rameaux lâches, diftans, foutenant
des grappes de fleurs agrégées,, pédicellées.