
la lumière & de recevoir fans obftacle les vapeurs
terreftres.
Ces rallies obfervations fuffifent pour faire
fentir que le mouvement de direction des rameaux
eft fournis aux fonctions des feuilles : celles-ci ont
une direton qui varie félon les efpèces ; elles font
tantôt horizontales, formant un angle droit avec
la branche qui les foutunt, tantôt obliques ou pref-
que verticales, plus ou moins rapprochées des
branches, quelquefois ren ver fées ou tout-à-fait
rabattues. Ces diverles polirions, confiantes tant
que les feuilles font frappées par les rayons du fo-
le il, font fouvent foumiles auxjnfluences météoriques,
comme je le dirai plus b is.
• J'ai attribué en général à une attraction particulière
le mouvement de direction des racines & des
tiges, attraÇiion par laquelle ces organes redirigent
vers les fubftances nutritives qui leur conviennent;
mais les feuilles fixées fur leurs rameaux, d’ailleurs
d’une grandeur déterminée, ne peuvent fuivre que
foiblement cette attradion ; elles l’exécutent en
fens contraire, c’elt-à-dire, qu’elles attirent à elles,
l’humidité de l’atmofphère à l’aide des organes particuliers
qui les caraélérilènt.
Peut-être même, en portant nos regards fur les
grands phénomènes de la nature, trouverons-nous,
dans cette force particulière d’attraCtion des feuilles
pour l’humidité, la caufe d’après laquelle les nuages
fe réunifient de préférence fur les grandes forêts,
tandis qu’ils paroifîent fuir les plaines arides. Quelques
phyficiens ont prétendu que l’agitation des
arbres déterminoit la direction des nuages fur les
forêts. Il paroît bien plus naturel de croire que Jes
milliers de pores abforbans que ces grands végétaux
tiennent toujours ouverts, forcent les nuages
à s’arrêter au-deflusd’eux, &, par leur eptaffement,
à fe réfoudre en pluies fécondantes.
3°. Les mouyemens que j’appelle météoriques font
variables & journaliers, en quoi ils different du
mouvement de direction, qui eft confiant & habitue!.
Ils font occafionnés par l’influence du froid
ou de la chaleur, de l’humidité ou de la fécherefte,
de la lumière ou des ténèbres, & très-probablement
par )'aCtion de plusieurs autres fluides particuliers
qui échappent à nos obfervations. L’attraction
qui détermine la direction des plantes, ne me
paroît point agir ou n’agit que très-foiblement dans
les mouyemens météoriques : ils confiftent dans le
changement momentané de fituation des feuilles
des fleurs, très-rarement des tiges & des rameaux.
Ces mouyemens font bien plus fenfibles que ceux
qui nous ont occupés jufqii’à préfent : ils paroif-
fent être purement mécaniques, & dépendre uniquement
de l’état de l’armofphère. Il feroit très-
difficile d’afligner le degré d’influence qu’exerce
fur la fituation des feuilles & des fleurs la préfence
ou l’abfence de la lumière, ainfi que la fécherefte,
ou l’humidité de l’air, & jufqu’à quel point .ils
agiffent, foit enfemble, foit ifolémenc, fur l’état des
plantes : au refte, l’on fait que toutes.n’ en font pas
également affeCtées, & que la pluptrt de celles qui
en éprouvent l’aClion ne prennent pas tontes la
même pofition.
Quoi qu’il en foit, l’explication la plus naturelle
de ce phénomène me paroît confifter dans
l’aClion immédiate des fluides de l ’atmofphère fur
la partie fibreufe des plantes, qui s’alongent ou
fe raccourcifieot plus ou moins, félon Timpref-
fion qu’elles reçoivent des agens extérieurs , d’autres
ont cru en trouver la caule foit dans l’accélération
ou dans le ralentiflement de la circulation
de la fève,, foit dans la fuppreffion de la tranfpira-
tion aqueufe, dans l’abfcnçe de la lumière plutôt
que dans celle de la chaletrr, foit enfin dans les alternatives
de fécherefle & d’humidité. Chacune de
ces opinions fe trouve appuyée fur des faits contredits
par d’autres faits. N’eft-i! pas bien plus probable
que chacune de ces caufes y contribue plus
ou moins, félon la nature des plantes, fans qu’on
piiiffe affigner le degré de leur influence? Pour avoir.
une idée de ce beau phénomène, que Linné a ob-
fervé le premier, on peut confulter ce que ce célèbre
naturalifte en a dit dans fa curieùfe diflerta-
tion fur le Sommeil des plantes (voyeç SOMMEIL
des plantes). On y reconnoîtra avec furprife
que la plupart des feuilles & des fleurs, foumifes à
cet étonnant phénomène, affeélent une pofition différente,
8c, pour me fervir de l’idée ingénieufe de
Linné, qu’elles ne dorment pas toutes de la même
manière. Ce feroit fans doute une recherche aufli
curieufeque difficile que des’ afiurer,parune fuite
d’obfervations, des caufes qui donnent lieu à cette
variété de pofitions : au défaut de détails particuliers,
je crois qu’on peut foupçonner, avec quelque
fondement, que la differente fituation des
feuilles & des fleurs, foit pendant le jour ou dans
l‘obfcurité de la nuit, eft relative à leurs fonctions,
foit pour l’abforption des fluides, foit pour leurs
fecrétions, foit enfin pour la confervation de ces
organes précieux, deftinésà la reproduélion. L’action
trop puiflante de la lumière & de la chaleur eft
nuifîble aux unes, favorable aux autres-; celles-ci
veulent plus d’humidité que de fécherefle ; celles-là
plus de fécherefle que d’humidité : d’où vient que
certaines fleurs ne s’ouvrent qu’aux approches de la
nuit, & fe ferrent au retour du foleil fur notre
horizon. L ’air chargé d’éleétricité ou de trop d’humidité
influe également fur les feuilles ou les fleurs
de certaines plantes ; d’autres deviennent tellement
hygrométriques, telles que des fougères &
des moufles, qu’elles confervent, même après leur
mort, cette propriété remarquable : je poffède dans
mon herbier plufieurs efpèces de trichomanes que
je ne peux foumettre qu’avec peine dès que le
temps eft un peu humide. Il eft impoffible dé nier
l’ influence de l’atmofphère fur de telles plantes.
Si l’on recherche la caufe de ces phénomènes dans
l’organifation des plantes, on fera peu fatisfait dq
réfultat des obfervations : il eft cependant à remarquer
que les feuilles foumifes au fommeil font
pouryues
pourvues d’un pétiole ou pédicelle articulé, très-
rétréci en un point fur lequel Ce fait fentir plus
particulièrement l’impreffion des fluides atmof-
phériques.
Il eft cependant quelques plantes qui offrent des
particularités auxquelles on a effayé de donner une
explication différente : telle eft la /enfiche ( mimofa
pudica Linn.) , de laquelle il fuffit d’approcher la
main pour faire contrarier Tes folioles &c Ces pédi-
celles, phénomène qui rentre naturellement dans
l’influence des fluides atmofphériquesfur les plantes
( voyei Acacie) ; telle eft Y attrape-mouche (dion&a
mufcipula), dont les deux lobes des feuilles fe fer-
mentavec rapidité dès qu’un infeéte vient aies toucher.
( Voyeç Dionée.) Ce fait paroît appartenir
plus particulièrement aux mouvemens d’irritabilité,
dont il feraqueftion plus bas: tel eft enfin Ykedy-
far\im gyrans, plus étonnant encore par le mouvement
d'ofcillation de deux de fes folioles, tandis
que la troifième refte immobile. Quoique l’on ne
puifie rendre raifon du mode de ce mouvement,
il paroît très-probable qu’il eft dû à l’état dé l’at
mofphère, quoique dans les individus vigoureux il
exifte également le jour 8c la nuit, ainfi qu’il a été
obfervé par M. Desfontaines : il paroît donc que
ce qu’avoient avancé plufieurs obfervateurs n’efi
point confiant, favoir, qu’il cefloit pendant la nuit
& qu’il n’avoit lieu particulièrement pendant le
jour que lorfque le temps étoit chaud & humide , ‘
bu lorfqu’il pîeuvoit; qu’il n’exiftoitque très-foiblement,
& même point du tout, quand la chaleur
étoit trop forte & 1’aîr trop fec. (Voyei Sainfoin
ofcillant. )
D’après ces exemples & beaucoup d’autres,
il s’ enfuit, comme je l’ai déjà dit, que l’influence
des fluides atmofphériques excite des
mouvemens différens dans les feuilles des plantes,
mouvemens relatifs à leur organiiation particulière
& aux fondions vitales qu’elles ont à remplir.
Quelquefois aufli on eft porté a croire que la puif-
fance de l'attraélion fe trouve réunie à l’aélion de
l’atmofphère, par exemple dans les fleurs, furtout
dans celles qui fuivent la marche du foleil, ayant
leur corolle tournée vers cet aftre comme pour en
abforber plus facilement la lumière & la chaleur.
4°. Mouvement et irritabilité & d'élafticité. Ces
mouvemens, qui femblent prefque fpontanés, fur-
tout dans les parties fexuelles des plantes, ont dû
frapper d’étonnement les regards des premiers obfervateurs
, & il n’eft point furprenant que quelques
imaginations vivement exaltées aient été
portées à les regarder comme tenant à une forte de
fenfibilité. Il exiftoit déjà tant de rapprochemens
entre les animaux, furtout entre ceux du dernier
ordre & les végétaux, qu’on étoit embarafle pour
déterminer avec quelque certitude le point de fé-
paration entre deux claffes d’êtres qui ont fi fou-
vent jeté dans l’erreur plufieurs bons efprits. N’a-
t-on pas pris long-temps les madrépores.Sc les co-
Botanique. Supplément,. Tome IV .
taux pour de véritables plantes, 8c les animaux
qui les habitent pour autant de fleurs? & l’on eft
tenté aujourd’hui de placer les conferves dans le
règne végétal. Quoi qu’il en foit, le mouvement
d’irritabilité & d ’élafticiré eft très-différent de ceux
qui nous ont occupés jufqu’ à préfent : les beaux
phénomènes qu’il nous offre ont été fi favamment
expofés par M, Desfontaines, que je renvoie mes
leéleurs à l’article Irr itab ilité . Je ferai cependant
remarquer ici que la caufe qui excite ces fortes
de mouvemens, furtout entre les étamines & les pif-
tils, n’eft pas tout-à-fai: la même que celle à laquelle
j’ai àttriDuéles mouvemens de direction; ce n’eft pas
non plus le même but. J’ai dit que les plantes, par
une forte d’attraélion, allouent en quelque forte fe
plonger, par leur direction, dans les milieux les plus
abondans en fluides alimentaires. Les mouvemens
des organes fexuels, au contraire, s'exécutent par
une forte d’attraélion qui affure la fécondation des
femences : attirés par le ftigmate, c’eft vers lui
que fe dirigent ces nuages pulvérulent de pollen,
échappés des capfules de l’anthère; 5c lorfque les
filaméns des étamines font fufceptibies d’élafticité,
comme il arrive pour un grand nombre de plantes,
ils appliquent fur le ftigmate leurs anthères fouvent
mobiles : celles-ci tournent comme fur un pivot,
Sc prennent alors la pofition qui leur convient pour
que l’orifice des capfules foit en face du ftigmate.
Il fuffit de fuivre les mouvemens admirables qui
s’exécutent entre les étamines & les piftils, pour
fe convaincre de Tattraélion qui exifte entre ces
organes fécondateurs. Les effets de cette attraélion
fe trouvent fenfiblement établis dans ce qui fe pafTe
au moment de la fécondation entre les fleurs mâles
& femelles du valUfneria. On fait qu’à cette époque
les fleurs mâles fe dérachent de leur füpport,
flottent en liberté à la furface des eaux & fe rangent
autour des fleurs femelles, qui, à la même'
époque, quittent le fond des eaux & s’ élèvent à
leur furface par le moyen de leur hampe roulée en
fpirale. Auflîtôt après la fécondation, la fpirale fe
replie fur elle-même, la fleur rentre dans le fein
des eaux & va y mûrir fes femences fécondées*
( Voye\[ V allïsnere. )
MOZINNA. Orteg. (Voy. Loureir A , £/#>/>/.)
MUCOR. {Voy. Moisissure, Dici. 8cSuppl.)
MUCUNA. Adanf. Fam. des Fiant, pag. 325’.
X e nom fe trouve dans Mârcgrave, Brafil. 19.
Linné a réuni cette plante aux dolichos, fous le
nom de dolichos urens. Adanfon en a fait un genre
particulier, établi fur fes goufles hériflées de poils
piquans. ( Voye% D o u e , Diâl. 8c Suppl.)
MUEL-SCHAVI. Rheed, Hort. Malab. 10,
pag. 133. tab. 68. Cette plante fe rapporte au ca-
calia fonchifolia. Linn.
MUFLE DE VEAU. ( Voye% Muflier. Antir* 1 rhinum. Linn.)
C