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culées ou tuberculées. Cette correfpondanee entre
les nervures des feuilles & les fibres des racines
fe retrouve également dans quelques plantes
dicotylédones : les feuilles des plantains ont leurs
principales nervures longitudinales j les fibres de
leurs racines font (impies, garnies feulement de
quelques chevelus rares & courts. Cet aperçu général
eft fuffifant pour laiffer entrevoir combien
d’obfervations importantes il y auroit à faire fur
les rapports qui exiftent entre l'organifation des
racines & celle des tiges & des feuilles.
Mais je ne dois pas oublier une autre propriété
commune aux racines & aux branches, je veux
parler des boutons. On Voit fur les branches & les
rameaux des arbres, de petits corps ronds ou ovales
, offrant à l'extérieur quelques écailles imbriquées;
ce font les boutons. Ils renferment en petit
une plante fémblable à celle qui les produit; de
leur développement réfulre en effet une nouvelle
branche qui fe charge par la fuite de feuilles &
de. fleurs, ainfi que de nouveaux boutons. Séparée
de la plante-mère, cette branche devient un nouvel
individu ifolé, doué des mêmes propriétés
que celui auquel il doit fa naiffanee ; c’eft un fur-
croît de précaution employé par la nature pour
affurer la reproduction des êtres. Les racines ont
également leurs boutons , quoique fous des noms
différens./Un grand nombre d’entr’elles font pourvues
de noeuds , de bulbes, de tubérofités, defti-
nés, comme les boutons, à produire de nouvelles
plantes ; les bulbes fe retrouvent aufïi fur les tiges,
dans l’aiffelle des feuilles de plufieurs plantes enfin,
les racines fortent de toutes les parties des
plantes, foit naturellement, comme dans le lierre,
l e nopal, & c ., foit aidées par l'art du cultivateur
ou par des circonftances particulières. Il eft donc
évident que la différence qui exifte entre les racines
chargées de chevelus & les branches garnies
de leurs feuilles, n'eft due en partie qu'à la
différence des milieux dans lefqu&ls ils exiftent.
Au refte, je ne peux terminer cet article fans
expofer quelques réflexions fur cette variété .de
formes que préfentent les diverfes fortes de racines
j elle n'eft ni arbitraire, ni l'effet du ha-
fard ; elle tient au but général de la nature de
couvrir de végétaux toutes les parties du Globe
terreftre , dont l'enveloppe diffère félon les localités:
ic i, dure ou pierreufe, légère ou fablon-
neufe; là, humide ou fèche; ailleurs, expoféeaux
ardeurs du foleil, ou frappée fur les hauteurs par
la violence.des vents, par les tourbillons & les
tempêtes, ou enfin à l'abri de ces accidens dans
le fond des vallées , autant de circonftances particulières
qui influent tellement fur la végétation,
que celle-ci ne pourroit s y établir fans une orga-
nifation particulière, relative aux lieux qu'elle
doit habiter. Ainfi les plantes deftinées à croître
fur les rochers, parmi les pierres, dans les lieux
élevés, auront des racines dures » ligneufes * divi-
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fées de manière à ce que leurs ramifications puïf-
fenc pénétrer à travers les fentes même les plus 1
étroites des rochers, s’y cramponner avec une I
force capable de réftfter aux ouragans & aux tem- I
pètes; dans les terres fortes &: profondes, les ra- I
cines droites, pivotantes, peu ratneufes, con- I
viennent davantage aux végétaux qui s'y établif-
fent ; cette f>rte de racine feroit rvuifible aux plan- [
tes des terres ferrées, gazonneufes, peu profon- I
des; alors elles font traçantes, peu enfoncées, [
étalées à la fui face du terrain : dans les terres mai- |
grès, fablo-meufes, elles font épaiffes & char- [
nues, touffues, abondantes en chevelus dans les t
fols humides. Ces confidératibns font très-impor- [
tantes pour l'agriculteur qui veut propager avec I
fuccès des plantes de nature différente , ou choifir I
celles qui conviennent le mieux à la nature du fol K
qu’il cultive.
Après avoir expofé les points de contaél les p’us [
faillans entre les racines Çouterraines & les racines I
aériennes? il n'eft pas moins effentiel d'en fignaler I
les principales différences. Dans les unes & les au- I
très, le but eft le même, favoir, la nourriture & le I
développement du végétal ; mais les moyens pour le' I
remplir font un peu différens : d'ailleurs, les racines !
ont encore une autre deftination, celle de fixer la I
plante au fol où elle croît, & de la tenir affez
ferme pour qu'elle puifferéfifter à l'impétuofité des
vents, à la tourmente des ouragans. Il exifte donc
des différences effentieHes entre les'racines & les
tiges; les principales confident : i°. dans un canal
médullaire central qui fe trouve dans les tiges des
plantes dicotylédones, qui s'arrête au collet de la
racine & n’exifte point dans celle-ci ; i°. les racines
ne prennent jamais la couleur verte des tiges &
des feuilles, même lorfqu’elles font à l'air, expo-
féês à la lumière; $°. le fuc propre des racines eft
très-fouvent différent de celui des tiges; lorfqu'il
paffe dans la partie aérienne du végétal, il prend
un autre caractère par fa combinaifon avec les
principes élémentaires afpirés par les feuilles; 40.
dans les racines y le tijfu cellulaire forme ordinairement
autour de leurs ramifications une couche
éparfie, ferrée, médullaire; dans les feuilles, il eft
étendu encre leurs nervuies & leurs veines, où il
prend le nom deparenchyme. On deyine aifément
la caufe de cette diftribution dans ces deux organes
placés dans des milieux différens; il falloir,
dans l’air » multiplier les furfaces, dans la terre,
les fuçoirs;ce qui eft chevelu dans les racines eft
nervures dans les feuillesle tiffu cellulaire, en ex-
panfion dans ces dernières, forme autour des premières
, furtour autour des ramifications , une
couche plus ou moins épaiffe. Quant aux organes
internes, M. Mirbel obferve qu’il n'exifte point de
véritables trachées dans les racines, tandis qu'elles
fe trouvent toujours au centre des tiges, dans
l'anneau qui entoure la moelle; les racines ne contiennent
que des tubes poreux & de faufles trachées,
qui partent tous de fon collet, commuai-
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quent avec d’autres par leur bafe, & marchent en
fens contraire, les uns defcendant dans les racines,
les autres montant dans les tiges, & vont toujours
en diminuant vers leur fommet. Le même obferva-
teur a encore découvert dans les racines de longues
cellules placées bout à bout,xpartagées par
des diaphragmes, criblées de pores, & paroiffant
tenir le milieu entre le tiffu cellulaire & les vaif-
feaux; il a retrouvé les mêmes tubes, les mêmes
cellules à la bafe des branches & des feuilles,
ainfi que dans les bourrelets & lés boutons, ce
qui explique pourquoi, félon les circonftances, il
fort des racines de ces différentes parties. Tant
que les boutons relient dans l'air, il ne s’y développe
que les organes ou les tubes deftiriés à former
des branches ; ceux réfervés pour les racines
reftent fans développement, faute d’un autre milieu
convenable : le contraire a lieu Iorfque ces boutons
font en terre, & alors ils pouffent en même
temps des racines & des tiges, lorfqu’ils ne font
pas trop enfoncés; de même, les racines placées
au milieu de l’air, comme dans les arbres retournés
, font la plupart également chargées de boutons
deftinés à produire de nouvelles tiges : ces boutons,
qui auroienc en mêmetemps pouffédes racines, n'en
donneront pas, faute de milieu convenable ; mais
ils fourniront des branches, tandis que le corps
ancien des racines refte avec fes principales ramifications;
mais les chevelus périffent. Les branches
& les feuilles qui forment alors la. nouvelle
cime font donc le produit des boutons radicaux,
& les nouvelles racines celui des boutons aériens.
Des faules ainfi retournés, que j'ai vus dans un/
jardin aux environs de Marfeille, a voient confervé
les ramifications tortueufes & inégales de leurs
anciennes racines , chargées alors de branches nouvelles
qui avôient pris la forme élancée qu’elles
doivent avoir.
R a c i n e a l i m e n t a i r e . On donne ce nom,
tant aux racines qu’aux bulbes & oignons comef*
tibles, tels que les carottesles navets, les betteraves,
les falfifis, les panais, Rail, le poireau, le
raifort, la pomme de terre , le topinambour un
grand nombre d'autres.
• R a c i n e d ' A m é r i q u e . Ce nom eft part culiè-
rement employé pour la racine de M a b O u i e r
(morifonia americana), qui eft groffe,dure,noueufe,
& fert de æaffue aux fauvages.
R a c i n e d ’ A r m é n i e . Il p â r o i t q u e c e n o m s ’ a p p
l i q u e aux r a c i n e s d e la G a r a n c e . ( Rubiâ L i n n . )
R a c i n e d u B r é s i l . On défigne p a r ce n om
C e l le du pfychotria emetic,a.
R a c i n e d e C h a r c î s , d e D r a c k o u d e s P h i l
i p p i n e s . C ’eû celle du do rfie ni a contrayerva.
R A C f î #
' R a c i n e d'E C h i n e . C ’elt c e l l e d u'fmilax china.
(V o y e i S a l s e p a r e i l l e . )
R a c i n e d e C o l o m b o . (Radix Colombo.) Cette
racine , de la groffeur du pouce , eft d’un jaune-
brnn à d'extérieur, d’un jaune-citron en dedans,
tirant un peu fur le vert; fa fubftance tendre,
fongueufe , d'une odeur légèrement aromatique »
d’une faveur amère ,: elle eft employée comme un
fpécifique puiffantdansle flux de ventre opiniâtre.
La plante à laquelle elle appartient, eft reftée inconnue
jufqu’à préfent. M. Decandolle.m a affuré
que, d’après fes obfervations, il avoit la certitude
qu’elle devoir être rapportée au menifpermum pcitât
um. ( V o y e i M É N I S P E R M E , D if t. )<*
R a c i n e * d u d i c t a m e b l a n c . C ’eft celle du
dlüamnus albus, vulgairement F r a x i n e l l e , employée
dans les médicamèns cordiaux & fudorifi?
ques ; quelquefois elle agit comme purgative &r
même comme émétique. On la dit auflî très-utile
contre les poifons & les bleffures faites avec des
flèches empoifonnées.
R a c i n e d e d i s e t t e , q u e l ’o n n o m m e e n c o r e
B e t t e r a v e c h a m p ê t r e , R a c i n e d ’ a b o n d
a n c e , T ü r l i p s . C ’tft u n e f im p l e v a r i é t é d e 4a
b e t t e r a v e c u l t i v é e . ( Voye^ B e t t e . )
R a c i n e d e M ê c h o a c a n . Marcgrave la rapporte
à une plante qu’ il nomme convolvulus ame-
ricanusy mechoanna diclus. Cette racine eft blanchâtre,
d'une fubftance un peu molle , légèrement
fibreufe, d’une faveur douceâtre, un peu âcre;
elle a une vertu purgative qui fe perd par i'ébui-
, iition. On lui a fubllitué le jalap.
R A c i n e d ’ o r o u R a c i n e j a u n e . On foup-
çonne qu’ elle appartient à un tkaliëlrum de la
Chine ; c’èft l e hokang-lièa (les Chinois. Sa faveur
eft amère. Elle paffe pour un. puiffant fébrifuge,
ftomachique, diurétique , &c. Il s en fait un grand
commerce dans toute l’Afie. On lu i attribue de£
propriétés fans nombre.
R a c i n e d u S a i n t - E s p r i t . C e l l e d e Yanpelrca
archangelica e f t f o u v e n t i n d i q u é e f o u s c e t t e d é n o m
i n a t i o n d a n s l e s b o u t i q u e s .
R a c i n e d e S a i n t e - H é l è n e : n o m q u e l'or»
donne aux racines de Yacorus calamus Linn.
R a c i n e i n d i e n n e o u d e S a i n t - C h a r l e s .
Radix Carlo Santo. On ignore jufqu’à préfent la
plante à laquelle appartient cette racine.. On l’apporté
, dît Val-mont de Bomare, de la province
de Mêchoacan en Amérique , où elle croît dans
les lieux tempérés. Elle a une groffetête ,de l a q u é ü è
forcent plufieurs autres racines de c o u l e u r h l a a -