taines parties du Brésil, sans avoir le monotone
aspect de nos plaines de France, font naître des
sensations douces et paisibles, reposent agréablement
la vue par les ondulations légères du
sol, où se mêlent de gras pâturages, des gazons
frais et d’un vert gai, et des bouquets touffus de
bois que domine l’araucaria au feuillage sombre.
Des vallées, des nappes d’eau, des cabanes
agrestes, des troupeaux errans, animent, vivifient
ce paysage ; et c’est là que semble exclusivement
vivre, au milieu d’une nature riante, le
petit oiseau-mouche dont nous allons tracer la
description.
Le prince Maximilien de Wied - Neuwied,
que son goût pour l’histoire naturelle a porte a
entreprendre un long voyage dans le Brésil, a
décrit avec soin cet oiseau-mouche, en lui donnant
Tépithète de cornu1; il en envoya un individu
à M. Temminck, qui le figura sous le nom
$ oiseau - mouche à double huppe*. Le maie que
nous décrirons fait partie de la riche collection
d’oiseaux - mouches de M. Dupont, ou depuis
long-temps la femelle existait, sans quon ait su
à quelle espèce elle devait appartenir.
L ’o i s e a u -mouche aux huppes d’or a près de
i Trochilus cornutus, prince de Wied, Voyage au Brésil, tract
franc., t. III, p. 118.
? Trochilus kilophus, Temm., pl. col., n° 18, fig. 3,
DES OISEAUX-MOUCHES.
quatre pouces de longueur totale, et la queue à
elle seule entre au moins pour moitié dans ces
dimensions. Le bec et les pieds sont d’une grande
faiblesse, et de couleur obscure. Le premier, recourbé
d’une manière presque imperceptible, est
mince et peu renflé; mais les deux mandibules
se terminent en pointes très déliées et d’une extrême
finesse. Ce qui caractérise cette . espèce
d’une manière aussi gracieuse que peu commune,
sont deux huppes aplaties, composées de six petites
plumes rangées en éventail, et qui partent
du devant de la tête au nivéau des yeux, pour
se diriger horizontalement , et imiter un deltoïde.
Ces deux huppes jouissent de l’éclat le plus
extraordinaire ; elles étincellent avec le brillant de
l’or et celui du cuivre rouge : les reflets du rubis
et ceux de l’émeraude, le rouge de feu, le vert le
plus pur, le jaune le plus éclatant, chatoient de
manière à éblouir les yeux, et surpasser la description
qu’on chercherait à faire de ces teintes
si fugitives et si belles, Les plumes écailleuses
du front s’étendent entre les deux huppes, et
brillent d’un vert métallique uniforme, tirant
sur le bleu de l’acier. Un camail d’un noir violâtre,
peut-être nuancé de ponceau sombre, s’étend
depuis la gorge jusque derrière les yeux,
s’arrête, descend sur les côtés du cou pour se terminer
devant la poitrine par des plumes longues,,