poumons pour entretenir la flamme de la vie, ou ^
en d’autres termes, les phénomènes de l’hématose.
Une longue expérience a appris que les êtres
les plus petits, dans les familles les mieux organisées
du règne animal, ou ceux chez lesquels les
fluides nerveux et sanguin ont moins de distance
à parcourir, étaient beaucoup plus versatiles et
plus inconstans dans leurs désirs que les autres
animaux; brusques dans leurs mouvemens et colériques
avec violence à la plus petite contrariété;
en un mot, qu’ils étaient livrés aux influences des
passions les plus rapides et les plus instantanées.
Telle est à peu près toute l’histoire morale des
oiseaux-mouches : courageux, on les voit se battre
avec acharnement, crier avec fureur, se dépiter
contre ce qui peut mettre obstacle à leurs désirs.
On va même jusqu’à citer que ces petits êtres ont
mis en pièces par colère les fleurs déjà fanées où
ils espéraient trouver des sucs miellés, et que par
vengeance ils en effeuillaient les petales et les lan-,
çaient au loin : on dit aussi qu ils ne craignent
point de se mesurer avec des oiseaux plus forts
qu’eux, et que leur courage, suppléant souvent
à la force, parvient à les faire triompher.
Mais ce qu’on a toujours plus admire dans les
oiseaux-mouches, après leur petite taille, c est la
splendeur et la riche élégance de leur plumage,
dont rien ne peut égaler la magnificence. Beaucoup
doiseaux, en effet, sont remarquables par
les couleurs qui les embellissent et par l’heureuse
allianee des teintes ; mais le plus souvent ces couleurs
, quelle que soit leur vivacité, sont mates,
tandis que les plumes des oiseaux-mouches jouissent
de l éclat extraordinaire des métaux et des
pierres les plus précieuses. Leur corps est assez
communément d’un vert doré, mêlé de reflets divers
de cuivre de rosette ou de fer spéculaire; et
ce riche vêtement, qui chatoie sous le soleil, revêt
encore quelques autres espèces, telles que les ja-
camars, les couroucous, etc. Il n’en est pas de
même des ornemens qu’on remarque sur la tête
ou sur la gorge des oiseaux-mouches et des colibris:
ils semblent caractéristiques d’un très petit
nombre de familles; nulle description ne peut
rendre le luxe et la richesse des teintes qui affectent
le brillant des gemmes les plus rares.
Certes, quelle que soit la pompe avec laquelle on
veuille exprimer minutieusement les jeux de
la lumière sur ces parties, on sera toujours au
dessous de la vérité. Ce n’est point par métaphore
qu’on a dit que certaines espèces étincelaient des
feux du rubis , que d’autres avaient leurs habits
brodés de pourpre et d’or, enrichis de saphir;
que l’émeraude, la topaze, l’améthyste, les couvraient
de splendeur, et les faisaient plutôt ressembler
à des bijoux sortis des mains du lapi