ce magnifique et rare oiseau-mouche. Sa taille est
un peu plus petite que celle du mâle; elle est
aussi privée de ee plastron d’émeraude qui le décore.
Sa livrée est en entier d’un vert-doré uniforme
, auquel se joint le gris qui occupe la partie
inférieure de chaque plume, et qui apparaît çà et
là. Le bas-ventre est également du même gris enfumé.
La queue est aussi étagée, mais les couleurs qui
teignent les rectrices se bornent à deux nuances
pour les deux plus longues d’entre elles; l’une,
du côté étroit et externe de la tige, est d’un blanc
jaunâtre; tandis que l’autre côté, sur les barbes
plus longues, est d’un pourpre sombre ou violâtre,
pourpre qui colore toutes les autres rectrices sans
partage.
Aucun renseignement positif n’accompagnant
la dépouille de cet oiseau-mouche Sapho, que
nous présumons appartenir au sexe féminin, il se
pourrait que ce fût un jeune mâle dans sa deuxième
année, et n’étant point encore parvenu à cette
époque de la vie où il doit jouir de tout le luxe
attaché à sa condition d’existence.
Nos descriptions du mâle et de la femelle ont
été faites sur les deux beaux individus récemment
placés sur les tablettes du muséum, et qui
provenaient de l’intérieur du Brésil. On en est
redevable aux démarches réitérées d’un jeune naturaliste
très distingué, M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire, car jusqu’à ce jour cette espèce, qui paraît
être d’une grande rareté, n’avait point été
vue en France.
Il est fâcheux et pénible d’ignorer quelles peuvent
être les moeurs de l’oiseau-mouche Sapho.
Certes, combien est somptueuse, combien est
riche et variée cette nature que nous connaissons
si peu! cette nature, si bonne et si sublime, qui
. jette à pleines mains sur ce globe les germes de
la vie, féconde les abîmes, anime les glaces hyper-
borées, couvre de pourpre, d’or, de rubis ou
d’opale les êtres les plus disparates, place les oiseaux
de paradis dans de profondes forêts habitées
par des nègres cruels, et relègue loin des regards
de l’homme civilisé ce qu’elle a créé de plus riche,
ce qu’elle a doté des dons les plus merveilleux !
Quel magique tableau doivent offrir ces lianes
festonnées où l’oiseau-mouche Sapho , étincelant
sous le sombre feuillage | suspend son nid ouaté,
berceau de ses amours, et n’étale que pour les
yeux de sa douce compagne une parure qui semble
exclusivement faite pour la séduction !